Le 23 janvier 2020, la Syrie et l’Iran signaient un protocole d’accord relatif à l’éducation mentionnant, entre autres, l’engagement iranien à rénover 250 écoles en Syrie, à aider à la formation du personnel éducatif, à évaluer les programmes scolaires syriens et à soutenir la formation professionnelle dans le pays. [1]

Suite à sa signature, le journaliste syrien Abd Al-Razzaq Diab avertissait, dans un article mis en ligne sur un site web de l’opposition, que ce protocole permettrait aux Iraniens d’injecter leurs « drogues communautaires » dans les esprits des Syriens et de propager la philosophie iranienne, qui prône « le meurtre, la mort et les armes ».

Selon lui, les Syriens ne devraient pas être surpris si les cours de mécanique et d’électricité se trouvaient remplacés par des cours de fabrication d’explosifs, et les cours de tissage et de broderie pour femmes par des cours de fabrication de gilets explosifs.

Notons que, tout au long de la guerre en Syrie, les opposants ont alerté sur la propagation de l’idéologie iranienne et chiite dans le pays [2].  Extraits : [3]

Le ministère de l’Education du gouvernement du régime [syrien] a signé il y a quelques jours un protocole avec son homologue iranien, autorisant ce dernier à superviser la révision des programmes scolaires [syriens], à imprimer [les manuels syriens] en Iran et à rénover 250 écoles, [protocole qui mentionne] en outre la participation iranienne à la formation et à l’instruction [des enseignants], à [la gestion] et à la correction des examens, ainsi qu’au soutien à l’enseignement professionnel.

Cela signifie que le régime [syrien] remet aux Iraniens, non seulement les clés de l’économie syrienne, mais aussi les clés des cerveaux des Syriens, afin de les endommager, leur injecter leurs ridicules drogues communautaires et créer de nouvelles générations qui croient au Gouvernement du docte [chiite] et au Corps des Gardiens de la Révolution islamique qui prône la résistance et la loyauté envers la Sainte République islamique [d’Iran].

Sous le patronage iranien, nos enfants apprendront à scander « Mort à l’Amérique et à Israël » et à fréquenter les Husseiniyyas [centres religieux chiites] pour pleurer les délaissés et les tués de la bataille de Karbala. Ils prépareront la vengeance contre les descendants des criminels qui ont porté la tête de [ibn Ali] Hussein à Yazid ibn Muawiyah [5] et chaque matin, ils chanteront le sempiternel hymne khomeyniste de la révolution [iranienne], au lieu de l’hymne national [syrien]…

Que peut offrir aux Syriens le ministère de l’Education iranien, produit d’un régime qui ne croit pas au rôle de l’art, de la musique, du cinéma et du théâtre, ni même au droit d’une femme à assister à un match de football ou de choisir ses vêtements ou son style ? C’est un régime qui ne déclare [son engagement qu’envers] l’industrie des milices portant les noms des opprimés et des piétinés et des porte-drapeaux de la vengeance et du meurtre.

Le protocole [signé par la Syrie et l’Iran] évoque en outre l’implication de l’Iran dans l’enseignement professionnel. Il est donc tout à fait possible que nous ayons bientôt des cours de formation à la fabrication de bombes et d’explosifs au lieu de cours de mécanique et d’électricité, ainsi que [des cours de] fabrication de gilets explosifs au lieu de cours de tissage et de broderie pour filles et femmes… Et le chiisme fera partie du programme d’études, inscrit dans les contrats officiels, sans que [les Syriens ne reçoivent] quoi que ce soit en retour.

[Certes,] les Français ont [aussi] occupé la Syrie, mais ils ont établi le plan de l’infrastructure de Damas, construit des écoles progressistes et établi l’État syrien moderne. Les dirigeants nationaux et les intellectuels de cette époque ont reçu [des Français] l’expérience du gouvernement et du parlement, et [les Français] ont également contribué à la création des banques syriennes et de leur administration. Mon intention ici n’est pas d’honorer le colonialisme, comme certains aiment croire, mais plutôt de comparer un colonialisme doté d’un héritage culturel et humaniste à un occupant qui ne possède rien d’autre qu’une philosophie de meurtre, de mort et d’armes.

Les dirigeants tyranniques nous ont apporté non seulement des occupants, mais leurs modes de pensée et leurs méthodes opératoires, si bien que la catastrophe sera totale et insurmontable… Maintenant que les ressources du pays – phosphate, gaz naturel et bases militaires – ont été livrées [aux occupants], ils fabriquent des humains qui défendront cette spoliation en utilisant le pouvoir de la pensée, et produisent une nouvelle génération qui  considérera ces occupants comme des partenaires…

Lire le rapport en anglais

Notes :

[1] Al-Watan (Syrie), 23 janvier 2020.

[2] Voir MEMRI en français, Progression chiite en Syrie : A Damas, ampleur sans précédent des célébrations de l’Achoura, 19 novembre 2014 ; Opposition syrienne : L’Iran assied sa présence en Syrie pour créer une continuité géographique de l’Iran à la Méditerranée, en passant par l’Irak, 5 décembre 2018.

[3] Syria.tv, 5 février 2020.

[4] En 680 de notre ère, Hussein ibn Ali, considéré comme le fondateur des chiites, a été tué dans la ville de Karbala, dans l’Irak actuel. Les chiites commémorent sa mort chaque année par un jeûne et des cérémonies du souvenir.

[5] Le deuxième calife omeyyade, dont l’armée a vaincu et tué Hussein ibn Ali et ses partisans lors de la bataille de Karabala.

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