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Le général Mazloum Kobani Abdi, commandant en chef des forces démocratiques syriennes, a déclaré dans une interview diffusée le 12 janvier 2020 sur la chaîne Ten (Egypte) que la Turquie avait travaillé de pair avec l’Etat islamique (EI) jusqu’en 2014 et qu’elle avait empêché l’armée de l’air américaine et les forces aériennes de la coalition d’utiliser les bases de l’OTAN en Turquie pour aider les Kurdes à combattre l’Etat islamique. Il a également déclaré que la Turquie permettait aux combattants étrangers de l’EI d’atterrir dans les aéroports turcs pour passer en territoire syrien.

Abdi a ajouté que la Turquie avait décidé de ne rejoindre la coalition anti-EI qu’en 2016 et qu’elle avait utilisé ce prétexte pour occuper les territoires syriens. Il a affirmé que la Turquie avait orchestré les attentats suicides de l’EI dans les territoires kurdes, lui apportant un soutien financier, ainsi qu’aux familles de ses membres. Extraits :

Mazloum Abdi : Jusqu’à la bataille de Kobani [en 2014], la Turquie oeuvrait en coordination avec l’Etat islamique. La Turquie a refusé que les bases de l’OTAN situées sur son territoire soient utilisées pour combattre l’EI. Les avions américains et ceux de la coalition qui aidaient nos forces venaient du Koweït parce que la Turquie refusait d’autoriser l’utilisation de ses bases. […] En outre, ils nous ont officiellement dit… À l’époque, nous avons rencontré des responsables turcs à Kobani, et même en Turquie…

Journaliste : Il y avait donc coordination ?

Mazloum Abdi : Nous étions en contact avec eux. Ils nous ont officiellement dit qu’ils ne voulaient pas affronter l’EI. [Ils ont dit :] « Nous ne voulons pas que vous soyez la raison d’un conflit entre l’EI et nous. » Ils l’ont dit aux représentants des Unités de protection du peuple [YPG] à Kobani et lors d’autres réunions. […]

Leur principal objectif était de détruire les YPG. C’est [la Turquie] qui a encouragé l’EI à attaquer Kobani. Pour être plus précis, [la Turquie] a décidé que l’EI devait occuper Kobani et la région de Jazira dans son ensemble si il souhaitait conserver ces relations et le soutien [des Turcs].

Journaliste : Ils voulaient que [l’EI] se débarrasse des YPG.

Mazloum Abdi : [La Turquie] a également promis que l’EI] pourrait continuer d’utiliser la frontière turque et de laisser les combattants [étrangers] arriver par la Turquie [pour aller en Syrie]. Tous les combattants étrangers de l’EI, sans exception, sont passés par l’aéroport d’Istanbul et les autres aéroports turcs et [de là] ont franchi la frontière syrienne. […]

Durant l’été 2016, la Turquie a décidé de rejoindre les forces de la coalition anti-EI… Quand ils ont vu que la balance penchait vers la défaite de l’EI… Elle a alors permis à la coalition d’utiliser [la base aérienne d’] Incirlik et d’autres bases pour combattre l’EI, et elle a occupé le territoire syrien sous prétexte de combattre l’EI. […]

La Turquie demandait à l’EI de perpétrer des attentats suicides majeurs dans la région, et en retour, elle autorisait l’EI à utiliser ses frontières et facilitait les affaires [de l’EI] en Turquie. L’EI a demandé à la Turquie un soutien financier, et d’aider les familles de ses membres qui se trouvaient sur place… L’EI a demandé à la Turquie de permettre aux familles ayant fui Baghouz et d’autres régions de passer la frontière pour entrer en Turquie. L’EI a également posé des conditions…

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