Dans le sillage des vastes mouvements de protestation sociale et politique de décembre 2017 et janvier 2018 contre le régime iranien, notamment de celle des femmes contre le code vestimentaire islamique obligatoire – le hijab – des ayatollahs haut-placés du régime ont souligné l’importance cruciale du respect de la loi sur le hijab. Dans un discours prononcé lors de la Journée internationale de la femme (8 mars 2018), qui coïncidait avec la Fête des mères iranienne, le Guide suprême iranien Ali Khamenei a affirmé que le hijab confère une supériorité morale aux femmes musulmanes par rapport à leurs sœurs en Occident, particulièrement à la lumière des plaintes pour harcèlement sexuel de ces dernières, reflétées dans la campagne #MeToo.

Il a souligné le fait que le hijab protège les femmes au lieu de les brider. Khamenei rejette la conception occidentale selon laquelle les femmes sont égales aux hommes et s’oppose à les autoriser à choisir de porter le hijab ou non, précisant qu’il est obligatoire. Pour le chef de la magistrature iranien, l’ayatollah Amoli Larijani, le fait de ne pas porter le hijab entraîne la propagation de la prostitution et les responsables de la police et de la sécurité à Téhéran ont ordonné l’application du code vestimentaire islamique pour les femmes. Le présent rapport examine les principales déclarations faites par les ayatollahs du régime iranien en faveur de la loi sur le hijab.

Le Guide suprême Khamenei : Le hijab islamique protège les femmes au lieu de les brider

Dans un discours prononcé le 8 mars 2018, le Guide suprême Khamenei a comparé le statut des femmes en Occident à celui des femmes en islam :

A l’opposé du modèle islamique, se situe le modèle déviant de la femme occidentale. A la place de toutes les caractéristiques exceptionnelles et excellentes de la femme musulmane, [la femme occidentale] est caractérisée par la nudité et l’attraction de l’attention et du désir des hommes. Aujourd’hui, la femme occidentale représente l’utilisation des produits cosmétiques et l’attraction des hommes ; elle est un outil de plaisir sexuel. Des notions telles que la respectabilité sexuelle dans la rhétorique occidentale ne sont destinées qu’aux apparences et ne contiennent pas un lambeau de vérité. Ces derniers mois, de nombreuses femmes occidentales se sont plaintes d’être victimes d’exploitation [sexuelle] et de violences sur leur lieu de travail. Avec le hijab, l’islam ferme la porte à cette perversion. Aussi, le hijab islamique est un moyen de protéger la femme, et non de la brider.

Les femmes iraniennes projettent leur indépendance essentielle et culturelle dans le monde en défendant le hijab, et proclament ainsi une nouvelle position : les femmes peuvent défendre le hijab et la décence, empêcher l’exploitation de la part d’hommes étrangers aux demandes excessives, et peuvent ainsi jouer un rôle actif et efficace dans l’arène sociale.

Je condamne ceux qui humilient le pilier de la famille [les femmes] en prétendant que la respectabilité sexuelle signifie que les femmes doivent être présentes dans toutes les sphères où se trouvent les hommes. Cela est une trahison des femmes, de leur honneur et de leur identité. La femme est honorée, et nul ne s’oppose à sa présence dans la société ni à son [acquisition] d’une éducation et d’un statut. C’est la beauté de la révolution islamique : le fait que parmi les femmes en Iran se trouvent aujourd’hui des scientifiques et des personnalités culturelles de premier plan. Avant la révolution, la situation était différente et le nombre de femmes détenant des postes élevés dans les domaines de la science et de la culture était très réduit…

[Les ennemis] ont créé une vaste propagande et investi des sommes considérables pour influer négativement sur [l’image du] hijab. Ils ont investi beaucoup d’argent, de réflexions et de propagande [uniquement] pour que quelques jeunes filles finissent par être trompées et se découvrent la tête dans toutes sortes de lieux. Tous leurs efforts ont produits des résultats négligeables, ce qui n’est nullement un problème. Ce qui me contrarie est que certains officiels font des déclarations telles que « le hijab est une coercition »… Ces gens prétendent que la directive de l’imam Khomeiny concernant le hijab ne s’applique pas à toutes les femmes. Je rejette cet argument, car il est erroné. J’étais [avec Khomeiny] et je sais que l’éminent imam était solide comme une montagne et disait que le hijab était une nécessité…

Le régime islamique n’a aucun problème avec une femme qui ne porte pas le hijab chez elle, ou lorsqu’elle [y] rencontre un étranger. Toutefois, ce qui est fait en public influe sur le public. Le régime qui a émergé conformément à l’islam doit se pencher sur cette question. Si quelque chose est interdit, il importe peu de savoir si c’est une question mineure ou importante. Ce qui est interdit par la loi religieuse ne doit pas être fait en public, car la loi islamique et le régime ont déterminé qu’il faut éviter [de commettre] les actes interdits en public.

Je rejette l’argument avancé par certains, selon lequel les gens doivent être autorisés à choisir seuls [s’ils veulent obéir] à la [loi] sur le hijab. Faut-il appliquer la même règle à tous les délits sociaux, et dire par exemple que nous autoriserons la vente de boissons alcoolisées, et que tous ceux qui veulent en consommer le feront, et que ceux qui ne veulent pas n’en consommeront pas ?

Nous sommes fiers du hijab des femmes d’Iran. La femme iranienne, avec le hijab islamique et le tchador iranien, est parvenue à rester une femme d’intérieur qui prend soin de son mari, tout en atteignant les plus hauts niveaux dans la science et la culture et jouissant d’une forte présence sociale. La volonté de certains de contourner la loi afin de créer une aspiration erronée et déviante, fondée sur la culture occidentale, est une grande faute.

Chaque transgression de la politique islamique [du régime] doit être évitée, et les responsables doivent traiter ces questions et ces lois d’une manière conforme aux intérêts de l’islam et non aux objectifs de l’ennemi…

Quel genre de décence sexuelle existe-t-il en Occident lorsque, selon les données [fournies par l’Occident lui-même], la plupart des cas de viol et d’usage de la force et de la violence en Europe et en Amérique, y compris la violence des hommes contre les femmes, se déroulent au sein de la famille ? Dans l’islam, la respectabilité sexuelle signifie respecter la femme, et non la violer, et empêcher la violence envers les femmes au sein de la famille. Pour comprendre si un acte particulier relève ou non de la violence, il faut appliquer la logique et la pensée islamique, et non la science occidentale.[1]

Le chef de la magistrature, l’ayatollah Amoli Larijani : ne pas porter le hijab « propage la prostitution »

Lors d’une conférence réunissant de hauts-membres de la magistrature, le 12 mars 2018, le chef de la magistrature iranienne, l’ayatollah Amoli Larijani, a déclaré :

Il est très regrettable que certains au sein de notre régime et de notre société islamique doutent de la nécessité de se préoccuper du [phénomène des femmes qui] ne portent pas le hijab et de son imposition de force. Au-delà du fait qu’il s’agit d’un commandement positif en islam, c’est également une question publique… La société et le régime islamique [en Iran] doivent se soucier de la propagation de la prostitution et l’empêcher. C’est essentiel…

Ces femmes qui s’abstiennent avec provocation de porter le hijab ressemblent en tous points à celles qui commettent tout autre acte interdit. Cela contribue à propager la prostitution. La loi [islamique] enjoint explicitement de porter le hijab. [Cette pratique] s’enracine dans la loi et dans la charia, et nul ne peut la remettre en question. Certains jeunes peuvent se tromper, mais pourquoi de hauts représentants [allusion au gouvernement de Rohani] reprennent-ils les mots de l’ennemi ?

L’ayatollah Amoli Larijani (Photo : ISNA, Iran)

Parfois, ces gens avancent des arguments très insolents et disent : « organisez un référendum à ce sujet » [référence au président Rohani qui a appelé à un référendum concernant les questions sociales]. En fait,… ils affirment que le régime islamique a été créé sur la base d’un référendum, et a adopté toutes sortes de lois dans le cadre de la religion. A présent, [ils disent] : tenez un référendum pour autoriser ou rejeter un acte interdit. Demain, ils pourront aussi proposer de « tenir un référendum » pour décider de vendre ou non des boissons alcoolisées, d’organiser des fêtes licencieuses et de créer des lieux de corruption et de prostitution, etc. Ces choses sont très néfastes.[2]

L’ayatollah Ahmad Khatami : le hijab est essentiel, comme la prière et le jeûne ; c’est une loi religieuse dans l’islam

Lors d’une conférence commémorant les martyrs de la province de Kerman, le 19 février 2018, l’ayatollah Ahmad Khatami, membre de l’Assemblée des experts et prédicateur du vendredi à Téhéran, a déclaré :

Si un individu n’est pas fidèle à la religion et à la prière, ou ne respecte pas la loi du hijab, alors son approche de la religion est trompeuse et il piétine ses lois. Un prétendu cheikh éminent a déclaré à la télévision que l’islam ne considérait pas le hijab comme une exigence et n’aurait en réalité jamais affirmé que les femmes sont tenues de se couvrir la tête avec le hijab.

L’ayatollah Ahmad Khatami (Photo : Entekhab, Iran)

La religion a ses lois. Par exemple, la religion interdit aux jeunes hommes d’avoir des relations inappropriées avec une femme avec laquelle ils ne sont pas mariés, et s’ils ont [de telles relations], ils se voient infliger, selon le Coran, cent coups de fouet… Le hijab est nécessaire, à l’instar de la prière et du jeûne. C’est la loi islamique. Quiconque prend cela à la légère et fait ce genre de déclarations [à savoir que le hijab n’est pas obligatoire] ignore l’essence même de la religion. La religion est la loi, et il est essentiel de [respecter] chaque loi et chaque punition.

Une femme a de la valeur, et l’islam veut qu’une femme soit appréciée et qu’elle protège sa pudeur pour atteindre ainsi le statut d’humain. En Occident, ils ont enfermé les femmes dans une situation qui est pire que [la situation des femmes] pendant la jahiliyya [la période antérieure à l’islam]. L’islam ne veut pas que les femmes soient des outils ou des marchandises…

Une approche erronée de la famille consiste à dire que les parents ne sont pas responsables du comportement ou de [la pratique] religieuse de leurs enfants, mais seulement de leur donner de la nourriture et des vêtements… C’est un très grand péché, qui consiste à adopter une fausse approche de la religion.[3]

L’ayatollah Makarem Shirazi : les femmes se découvrent la tête en public et c’est un grand péché

L’ayatollah Makarem Shirazi, lui aussi prédicateur du vendredi à Téhéran, a déclaré le 27 février 2018 :

Il y a ceux qui disent qu’il « n’y a pas de coercition en islam [Coran 2:256], alors pourquoi le hijab serait-il obligatoire ? » Ceux-là emploient le mot « obligatoire » de manière erronée, car dans l’islam certaines choses sont interdites, comme la consommation d’alcool et de drogues, le vol et l’usure et [aussi] l’indécence et le fait de ne pas porter le hijab. Parfois, les gens violent [ces lois] chez eux, et dans ce cas, nous ne sommes pas des espions. C’est [leur] vie privée et nous n’avons pas besoin d’interférer.

Il n’y a aucun lien entre le fait de négliger le hijab et [l’interférence dans] la vie privée des gens, lorsque cela est accompli au vu et au su de tous et devient une question publique. Cela se produit en public et c’est un péché. On ne peut pas autoriser les péchés en société par toutes sortes d’excuses, car si nous l’autorisons, cela ne s’arrêtera pas au hijab et d’autres problèmes surgiront…

Sur la question de savoir si les femmes peuvent rester la tête découverte dans leurs voitures, l’ayatollah Shirazi a déclaré :

La voiture ne peut être considérée comme un lieu privé, car elle ressemble à une maison de verre, exposée à la vue du public. Un lieu privé est caché du public. Certaines personnes – intentionnellement ou non – tentent d’autoriser des choses qui sont interdites afin d’affaiblir l’Iran. Ils disent qu’il y a des questions plus importantes à aborder que le hijab… [Mais la vérité est que] toutes les interdictions doivent être appliquées.[4]

Le procureur général de Téhéran Dolatabadi : Nous avons ordonné d’arrêter les femmes qui conduisent sans hijab

Le 8 mars 2018 (Journée internationale de la Femme et Fête des mères en Iran), le procureur général des tribunaux révolutionnaires en Iran, Abbas Jafari Dolatabadi, a déclaré : Je condamne le fait de transformer le hijab en question politique. Cela fait partie du complot de l’ennemi. L’ennemi tente de présenter la pudeur et le hijab comme des questions sur lesquelles les femmes combattent le [régime] iranien…

Abbas Jafari Dolatabadi (Photo : Asriran, Iran)

Le cabinet du procureur général à Téhéran a ordonné à la police de continuer à poursuivre les personnes qui enfreignent la loi sur le hijab. La police doit s’acquitter de ses obligations. Je ne dis pas que [l’intervention] de la police est la seule solution au [problème] du hijab, mais je pense que le fait de ne pas respecter la [loi] sur le hijab amène la société à évoluer vers la violation des lois religieuses. Le [cabinet] du procureur général à Téhéran a officiellement ordonné l’arrestation de femmes conduisant tête nue, conformément à la loi islamique. Selon les chiffres de la police, au cours des deux derniers mois, 3 120 voitures ont été arrêtées car [la conductrice] ne portait pas de hijab [et pour des motifs de] harcèlement des femmes, de bruit excessif, etc. [5]

 L’ayatollah Nouri Hamedani : le hijab est obligatoire

Le 27 février 2018, l’ayatollah Nouri Hamedani a lui aussi affirmé que « l’une des obligations de l’islam est le hijab pour la femme, et c’est une question morale qui doit être respectée. Les responsables, et notamment le gouvernement, doivent prendre des mesures pour faire respecter le hijab et mettre cela en pratique. »

Lien vers le rapport en anglais

Notes :

[1] Site web du Guide suprême, 8 mars 2018.

[2] ISNA (Iran), 12 mars 2018.

[3] Entekhab (Iran), 19 février 2018.

[4] Kayhan (Iran), 28 février 2018.

[5] Asriran (Iran), 8 mars 2013.

[6] Kayhan (Iran), 28 février 2018.

 

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