Le 20 octobre 2017, après une campagne militaire éreintante de quatre mois, les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les Etats-Unis et constituées principalement de forces kurdes, ont déclaré qu’elles avaient libéré Raqqa, principal bastion de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Au lendemain de cette déclaration, le président américain Donald Trump a affirmé que “la défaite de l’EI à Raqqa représente une percée essentielle dans notre campagne mondiale pour vaincre l’EI et son idéologie perverse”. Il a ajouté qu’une nouvelle phase allait bientôt commencer, dans laquelle les Etats-Unis “soutiendront les forces de sécurité locale, apaiseront la violence en Syrie et défendront les conditions d’une paix durable, afin que les terroristes ne puissent recommencer à menacer notre sécurité collective ».[1]

Ce développement s’inscrit en faux contre la volonté du régime syrien, dirigé par le président Bachar Al-Assad, et de l’Iran son allié. Selon des porte-parole officiels du régime, la ville se trouve à présent sous une nouvelle occupation, cette fois-ci de la part des Etats-Unis et de leurs agents, les FDS, et Raqqa ne sera libre qu’une fois que l’armée syrienne y sera entrée et que le drapeau syrien y flottera. La Syrie a même affirmé que les Etats-Unis avaient conclu un accord avec l’EI pour qu’il quitte la ville, et a appelé à démanteler la coalition internationale combattant l’EI, la qualifiant de « douteuse et illégitime », parce qu’elle agit sans l’accord du régime syrien. 

Le conseiller du Guide suprême Ali Khamenei aux Affaires internationales, Ali Akbar Velayati, a même menacé de confrontation militaire les troupes américaines en Syrie, affirmant que les forces du régime syrien et ses alliés allaient bientôt progresser vers la rive orientale de l’Euphrate (au nord-est de la Syrie) afin de libérer Raqqa. 

La presse gouvernementale syrienne a débattu encore plus intensément de la question d’une confrontation militaire avec les forces américaines, au cas où elles ne quitteraient pas la Syrie dans le cadre d’un accord. Selon les articles, une fois l’EI vaincu, il n’y a plus aucune justification à la présence américaine dans le pays, et les forces américaines devraient être chassées. Ils ont averti que si ces forces restaient, elles pourraient se trouver confrontées à une action militaire, ou même à des « batailles âpres » contre l’armée syrienne et ses alliés, l’Iran et le Hezbollah, et peut-être contre les forces turques et russes.

Il convient d’observer qu’à l’exception de Palmyre, le régime syrien et ses alliés ont largement évité d’attaquer les bastions de l’EI en Syrie, dont la plupart sont situés à l’est du pays, préférant focaliser leurs efforts sur le combat contre Jabhat Al-Nusra, sous ses différentes appellations, ainsi que les forces d’opposition syriennes. Il semble que le régime et ses alliés aient abandonné la campagne contre l’EI à la coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis, et aux forces locales qui coopèrent avec elle, afin d’atteindre deux objectifs : s’abstenir d’épuiser leurs forces dans une guerre contre l’EI, qui s’est avéré disposer d’une impressionnante capacité de résilience, et amener au lieu de cela leurs rivaux de l’opposition à épuiser leurs propres forces dans une guerre contre cette organisation. C’est seulement récemment – après la défaite de l’EI en Irak et la fin de sa puissance en Syrie, grâce aux efforts de la coalition internationale, et après la chute des principaux bastions de l’opposition en Syrie occidentale – que le régime syrien et ses alliés ont tourné leurs efforts vers la reprise du contrôle de la Syrie orientale. 

Le présent rapport examine les réactions du régime syrien et de ses alliés aux développements de Raqqa.

Le conseiller du Guide suprême iranien Khamenei : les forces syriennes vont progresser vers Raqqa

Au cours d’une récente visite au Liban, le conseiller du Guide suprême iranien Ali Khamenei aux affaires internationales, Ali Akbar Velayati, a menacé d’une opération militaire syrienne pour reprendre Raqqa : « Les Américains, par le biais de leur soutien aux sionistes, et les sionistes eux-mêmes, ont toujours tenté de briser et de détruire la résistance. Ils ont fait lourdement pression sur la Syrie, car elle est le principal allié de la résistance. En se positionnant eux-mêmes à l’est de l’Euphrate, ils agissent en vue de diviser la Syrie en deux. Tout comme ils n’ont pas réussi et ne réussiront pas en Irak, ils ne réussiront pas non plus en Syrie. Très bientôt, nous verrons le gouvernement et les forces populaires en Syrie avancer vers la [rive] orientale de l’Euphrate et libérer la ville d’Al-Raqqa. »[4]

Des articles de la presse syrienne : Nous ne permettrons pas une présence américaine en Syrie – elle doit être déracinée, y compris par des moyens militaires

Les appels aux forces américaines pour qu’elles se retirent de Syrie ont été présentés avec virulence dans des articles de la presse gouvernementale et affiliée au régime syrien. Ces articles ont rapporté que, dès lors que l’EI était vaincu, la présence des forces américaines et turques en Syrie n’était plus justifiée, et était illégitime depuis le début. Par conséquent, l’Etat syrien est en droit de les chasser du pays, même par des moyens militaires. Un ton similaire a été adopté concernant les FDS, qui ont participé aux combats pour défaire l’EI à Raqqa. Elles ont été désignées comme « l’autre visage de l’EI », qui sert les Etats-Unis et s’efforce de diviser la Syrie.
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Lire le rapport dans son intégralité en anglais

 

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