Le 17 mars 2018, l’agence de presse officielle de l’organisation affiliée à Al-Qaïda Jamaat Nusrat Al-Islam Wal-Muslimin (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM), Al-Zalaqa News, a diffusé un enregistrement audio de son vice-émir, Yahya Abou Al-Humam, intitulé « Avec patience vous triompherez ». Dans l’enregistrement de huit minutes, Abou Al-Humam prononce des paroles d’encouragement destinées aux supporters du GSIM et aux Maliens, dans le contexte des actions redoublées de la France pour éradiquer la présence du groupe dans le pays. Dans son message, Yahya Abou Al-Humam  appelle à faire preuve de patience et à continuer de soutenir les combattants djihadistes. L’enregistrement est daté de mars 2018 ; toutefois, les attentats perpétrés par l’organisation contre des cibles françaises au Burkina-Faso [1] n’y étant pas mentionnées, il pourrait avoir été réalisé avant ces attaques, perpétrées début mars.

Selon Abou Al-Humam, malgré ses actions, la France a essuyé des défaites récurrentes dans ses tentatives pour empêcher « la diffusion de la vérité », c’est-à-dire de l’islam, au Mali. Il affirme que la France, qui « a des tendances croisées, est motivée par les aspirations coloniales » et aspire à éliminer les combattants djihadistes afin de l’exploitation des ressources naturelles du Mali.

Il ajoute que si, par le passé, la France est parvenue à repousser les moudjahidines et à les forcer à se retirer de plusieurs villes, leur nombre et le soutien dont ils bénéficient n’ont fait que se renforcer, ainsi que « la propagation du djihad à travers le pays et même au-delà de ses frontières, pour donner [une leçon] aux collaborateurs qui sont des traîtres et ont vendu leur pays pour plaire à la France et aux forces mondiales de l’hérésie ».

Et d’ajouter que même en France, des politiciens, journalistes et intellectuels admettent une défaite au Mali. Pourtant la présidence française, plutôt que d’admettre ses échecs, de décider de quitter le pays et de respecter la volonté du peuple malien, s’est tournée « en désespoir de cause » vers le G-5 Sahel – Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad et Niger – l’exhortant à agir en son nom contre les moudjahidines au Mali. Toutefois, ces pays ont fait preuve de « manque d’enthousiasme… pour entrer dans ce marais, sachant que ce plan est voué à l’échec dès le départ ».

Abou Al-Humam tourne en dérision les efforts de la France, affirmant que malgré ses appels à l’ONU, aux Etats-Unis, à l’Union européenne et aux pays du Golfe, elle n’a même pas pu réunir les fonds nécessaires pour cette opération – 450 millions d’euros – une somme qu’il dit être inférieure au prix du yacht du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, « ennemi d’Allah ». Il attaque par ailleurs le prince héritier des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed Al Nahyan, autre « ennemi d’Allah » qui, selon lui, s’est empressé de faire don de 130 millions d’euros, avec Ben Salman, pour financer l’opération contre les combattants djihadistes au Mali.

Abou Al-Humam appelle le peuple et les « cheikhs fidèles » des pays du G-5 Sahel à ne pas « se laisser entraîner dans les escapades des dirigeants corrompus, qui sont des collaborateurs prêts à sacrifier leurs jeunes et les intérêts de leur peuple pour apaiser ceux qui siègent [au Palais de] l’Élysée, tant que ceux-ci leur permettent de régner et de partager avec eux la richesse de leur peuple ».

Abou Al-Humam conclut en exhortant le peuple malien à faire preuve de prudence et de patience, à ne pas collaborer avec la France, à prouver sa force et son unité et à continuer de soutenir les moudjahidines. [2]

Ceci est un extrait de document JTTM (Jihad and Terrorist Threat Monitor) réservé aux services abonnés. Pour plus d’informations, contacter contact@memri.fr.

Notes :
[1] Voir le rapport MEMRI, www.memri.org/jttm/al-qaeda-affiliated-gsim-claims-responsibility-attacks-ouagadougou-burkina-faso-retaliation, 4 mars 2018.
[2] T.me/az_Zallaqa19, 17 mars 2018.

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