Le 12 octobre 2017, le Fatah et le Hamas ont signé au Caire un accord de réconciliation négocié par l’Egypte. Selon cet accord, l’Autorité palestinienne (AP) devrait reprendre le contrôle intégral de Gaza, y compris des postes-frontières. Les questions complexes, comme celles concernant les armes du Hamas et les salariés de l’AP à Gaza, ont été différées et doivent être abordées au sein de commissions.

Tout en défendant la réconciliation, les dirigeants du Hamas ont émis des déclarations militantes, soulignant que le djihad et la résistance contre Israël se poursuivront, tant à Gaza qu’en Cisjordanie, et que le Hamas ne se désarmera pas dans le cadre de l’accord avec le Fatah. Le chef du bureau politique du Hamas Yahya Sinwar a même explicitement affirmé que l’objectif de son mouvement est « de rayer Israël de la carte ».

En outre, le 20 octobre 2017, une délégation de haut niveau du Hamas s’est rendue pour une visite de trois jours en Iran. Au cours de la visite, les officiels du Hamas ont souligné l’intention du mouvement de poursuivre la résistance et de renforcer les relations avec l’Iran, que Sinwar a qualifié de « principal soutien de [la branche militaire du Hamas], les Brigades Izz Al-Din Al-Qassam ». Extraits :

Des officiels du Hamas : le Hamas est le fer de lance du programme du djihad ; l’objectif est la destruction d’Israël

Yahya Sinwar, chef du bureau politique du Hamas à Gaza, a déclaré le 19 octobre 2017, lors d’une rencontre avec des adolescents de Gaza : « L’ère du [débat sur] la reconnaissance d’Israël par le Hamas est révolue, et nul ne peut discuter de la reconnaissance d’Israël, car notre objectif est de le rayer de la carte. » [1] Il a ajouté que le commandant des Brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, lui avait affirmé : « Si l’ennemi veut mener une action imprudente contre notre peuple et ses lieux sacrés, nous écraserons son armée, de sorte que [cette armée] n’existe plus. » Sinwar a fait observer que « si [Deif] a affirmé cela, il savait de quoi il parlait ».[2]

Des menaces similaires ont été proférées par le chef du Hamas à l’étranger, Maher Salah, lors d’une conférence le 20 octobre 2017 à Istanbul : « Je dis à Netanyahou, pas d’inquiétude, votre Etat cessera d’exister. Votre royaume sera détruit et je vous promets que vous ne célèbrerez jamais le centenaire [de sa création]… Nous résistons à l’entreprise sioniste jour et nuit, en menant une résistance large et totale de l’intérieur et de l’extérieur [du pays]. La résistance à Gaza  a doublé ses capacités depuis la fin de la guerre en 2014. Elle se prépare à toute nouvelle série [de combats] que l’occupation pourrait lancer et elle lui infligera une leçon douloureuse. La Cisjordanie est à présent en train de se réveiller, et elle résistera à l’occupation de toutes ses forces, en dépit de son manque de ressources. Elle nous surprend chaque jour par des nouveaux [moyens] inventifs de résistance… »

Salah a ajouté : « Je vous dis que certains parmi les personnes ici présentes assisteront à la conquête de Jérusalem et à la libération d’Al-Aqsa, et pourront peut-être même y prier… La Palestine, Jérusalem et Al-Aqsa unifient la nation et c’est le devoir de la nation de les libérer. Nous sommes le fer de lance du programme béni du djihad… Quiconque pense que le Hamas et le peuple palestinien abandonneront la résistance se berce d’illusions… La résistance fait partie du nom du Hamas… Tant que l’occupation existe, la résistance et le djihad doivent perdurer – jusqu’à ce que la victoire, la libération et le retour dans la patrie soient atteints. » [3]

Maher Salah s’exprimant à Istanbul (Photo : Palinfo.com, 21 octobre 2017)

« Les armes de la résistance sont sacrées et honorables, et elles seront utilisées contre l’ennemi »

Les dirigeants du Hamas ont souligné que la question du désarmement du Hamas ne serait pas débattue dans le cadre de la réconciliation avec le Fatah, et que ses armes sont destinées à être utilisées contre Israël. Lors de sa rencontre avec des adolescents de Gaza, Sinwar a déclaré : « Désarmer le Hamas est un vain espoir, c’est comme si Satan rêvait d’entrer au Paradis. Nous gagnons en force et amassons des armes jour et nuit. Si le président Abbas veut s’appuyer sur notre force militaire dans ses négociations avec Israël, nous sommes prêts à le soutenir. De la sorte, il obtiendra beaucoup plus et optimisera le statut de la cause palestinienne. » [4]

Salah Al-Arouri, chef adjoint du bureau politique du Hamas, a déclaré après une rencontre avec des représentants iraniens à Téhéran : « Le Hamas ne renoncera pas à l’option de défendre le peuple palestinien. La réconciliation avec le Fatah n’affectera pas les armes de la résistance palestinienne… Nous avons nos propres positions. Nous croyons que nous devons mettre de côté nos divergences [avec le Fatah], mais nous n’abandonnerons pas notre position en faveur de la résistance contre l’entité sioniste… Il ne fait aucun doute que la résistance conserve toujours ses armes et qu’elle ne s’en défera jamais. » [5]

L’officiel du Hamas Moussa Abou Marzouq a déclaré dans une interview au quotidien qatari basé à Londres Al-Arabi Al-Jadid que la question des armes du Hamas n’avait pas été, et ne serait pas, abordée : « Résister à l’occupation est le droit légitime du peuple palestinien, et le Hamas ne renoncera jamais à cette option, en aucune circonstance. Tant que l’occupation existe, la résistance doit exister… Aucune puissance au monde n’empêchera le peuple palestinien de résister à l’occupation et de choisir cette option, jusqu’à ce qu’il recouvre tous ses droits. » [6]

Le membre du bureau politique du Hamas Rawhi Mushtaha a établi une distinction entre la fonction des armes du Hamas et celle des armes de l’AP, déclarant : « Tant que l’occupation existe, les armes de la résistance sont clairement légitimes et nul ne doit en débattre, pas même les institutions internationales. Les armes de la résistance sont sacrées et honorables, et elles seront utilisées contre l’ennemi… Les armes de l’AP sont destinées à protéger la sécurité, la vie et la propriété de la population, comme dans toute société, et il n’y a aucune contradiction entre ces deux types d’armes. Lorsqu’il y aura un Etat indépendant [palestinien], nous aurons naturellement un gouvernement, une administration et une armée… Chacun sait que le peuple palestinien a le droit d’utiliser des armes contre l’ennemi. » [7]

Rapprochement entre le Hamas et l’Iran, éloges mutuels et engagement à la résistance

Les déclarations extrémistes des dirigeants du Hamas en faveur de la résistance armée contre Israël ont été accompagnées de déclarations en faveur du rétablissement des liens du mouvement avec l’Iran. Sinwar a déclaré dans ce contexte : « Ceux qui pensent que nous briserons nos liens avec un quelconque pays se bercent d’illusions, car l’Iran est le plus grand soutien des Brigades [Izz Al-Din] Al-Qassam. » [8] Le rapprochement entre les deux parties a de fait été illustré par la visite de la délégation du Hamas en Iran le 20 octobre. La délégation était dirigée par Salah Al-Arouri et incluait les hauts-représentants du Hamas Izzat Al-Rishq, Mohammed Nasser, Zaher Jabarin, Osama Hamdan, Sami Abu Zuhri et Khaled Al-Qaddoumi. Les délégués ont rencontré le président du Majlis [parlement] iranien Ali Larijani et le conseiller du Guide suprême Khamenei aux affaires internationales, Ali Akbar Velayati.[9]

Salah Al-Arouri (à gauche) avec Ali Akbar Velayati à Téhéran (Photo : alalam.ir, 21 octobre 2017)

Le chef de la délégation du Hamas, Salah Al-Arouri a qualifié l’objet de la visite de « réponse pratique à la demande que le Hamas rompe ses liens avec l’Iran ». [10] Un autre membre de la délégation, Sami Abou Zuhri, a déclaré : « Les désaccords entre le Hamas et l’Iran appartiennent au passé et les relations entre eux sont rétablies… La visite en Iran exprime le souhait du mouvement de maintenir des relations avec [ce pays] et de renforcer le programme de la résistance. » [11]

Le membre du Hamas Taher Al-Nounou a déclaré : « Le Hamas veut renforcer ses liens avec l’Iran et il n’abandonnera jamais ses amis et alliés. Nous avons parcouru un long chemin pour renforcer nos relations stratégiques avec l’Iran. » [12]

L’Iran, de son côté, a exprimé son appréciation pour l’engagement du Hamas envers la résistance armée. Le conseiller de Khamenei, Velayati, a déclaré : « Nous vous félicitons pour votre refus d’abandonner les armes, qui constitue une ligne rouge pour vous. Le problème palestinien est la cause la plus importante de la nation musulmane et même si une longue période s’est écoulée et que certains dirigeants de la région ont fait des compromis, vous restez voués au principe de la résistance aux sionistes, et malgré toutes les pressions, vous continuez de défendre ce [principe]. La résistance palestinienne finira par triompher. » [13] Et d’ajouter : « Nous saisissons chaque occasion de rencontrer nos camarades du camp de la résistance, en particulier le Hamas, et nous louons la position de ce mouvement, qui a refusé de déposer ses armes de la résistance. » [14]

Lien vers le rapport en anglais

Notes :

[1] Amad.ps, 19 octobre, 2017.

[2] Amad.ps, 19 octobre 2017.

[3] Palinfo.com, 21 octobre 2017.

[4] Amad.ps, 19 octobre 2017.

[5] Palinfo.com, 21 octobre 2017.

[6] Al-Arabi Al-Jadid (Londres), 19 octobre 2017.

[7] Al-Masri Al-Yawm (Egypte), 15 octobre 2017.

[8] Amad.ps, 19 octobre 2017.

[9] Palinfo.com, 21 octobre 2017.

[10] Samanews.ps, 21 octobre 2017.

[11] Almayadeen.net, 21 octobre 2017.

[12] Almanar.com, 21 octobre 2017.

[13] Palinfo.com, 21 octobre 2017.

[14] Amad.ps, 21 octobre 2017.

 

 

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