Par : N. Mozes *

Les attaques menées au nom de l’islam par des organisations terroristes telles que l’État islamique (EI) et Al-Qaïda, tant dans les pays arabes que dans le reste du monde, ont soulevé des débats récurrents sur le rôle des programmes scolaires dans l’embrigadement de jeunes Arabes.

Les gouvernements arabes subissent des pressions à la fois de l’intérieur et de l’extérieur pour réformer leurs programmes scolaires, en remplaçant notamment les contenus encourageant l’extrémisme et le rejet de l’autre par de nouveaux contenus favorisant la tolérance et le pluralisme. Les médias arabes ont publié de nombreux appels à une réforme éducative significative adaptée à l’époque moderne. Des personnalités publiques et des commentateurs ont manifesté leur désaccord face à l’extrémisme et l’incitation à la haine des programmes scolaires, faisant valoir que les écoles forment une génération favorable aux mouvements salafistes-djihadistes tels que l’Etat islamique et Al-Qaïda.

Avant 2016-17, des tentatives d’apporter des changements fondamentaux aux programmes scolaires ont vu le jour dans plusieurs pays. Le roi du Maroc Mohammed VI a ordonné un réexamen des programmes, qui a résulté dans la suppression des versets coraniques portant sur le djihad. Le ministère de l’Éducation jordanien a également apporté des modifications aux manuels scolaires, en retirant notamment les versets portant sur le djihad et en remplaçant les illustrations à caractère islamique, comme celles de femmes revêtues de hijabs, par des visuels à caractère laïque.

Ces changements ont suscité la vive opposition des conservateurs et des partis islamistes, qui les perçoivent comme une capitulation face aux exigences de l’Occident et comme une atteinte à l’identité nationale et religieuse des pays. Au Maroc, les objections n’ont pas empêché le retrait des versets portant sur le djihad des manuels scolaires. En Jordanie, un comité créé en réponse à la pression conservatrice a donné son aval aux nouveaux manuels, non sans y apporter certaines corrections, comme l’ajout de contenus relatifs aux premières batailles de l’islam, telles que les guerres contre les tribus juives Banu Nadir et Banu Qaynuqa [1].

En dehors du Maroc et de la Jordanie, la plupart des pays arabes ont eu des approches hésitantes en la matière, comme en témoignent les propos de clôture d’une conférence tenue à Beyrouth en 2016, selon lesquels les modifications apportées étaient « superficielles et cosmétiques » et « n’ont pas réussi à inculquer une perception égalitaire de la citoyenneté ». Les écoles sont accusées d’avoir failli dans leur mission de former des générations « immunisées face à la culture de l’extrémisme et de l’ostracisme » [2].

En Egypte, par exemple, malgré les instructions du président Abd Al-Fattah Al-Sissi pour un réexamen des programmes, seuls des changements ponctuels ont été opérés, comme le retrait de quelques récits encourageant l’extrémisme. Cette année seulement, le ministère de l’Education a annoncé son intention d’effectuer un examen approfondi des programmes et d’en concevoir de nouveaux. En Arabie saoudite, malgré la suppression de plusieurs manuels scolaires par les dirigeants et les fondateurs des Frères musulmans, le ministère de l’Education a annoncé que le libéralisme et l’athéisme représentaient la menace n° 1 pour la sécurité nationale, devançant  l’islamisme extrémiste.

* N. Mozes est chargée de recherche à MEMRI.

Lire le rapport dans son intégralité en anglais

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