Elle les appelle « les survivantes ». Une manière de rendre leur dignité à ces jeunes filles et femmes indiennes qui subissent des agressions sexuelles. Elle, c’est Usha Vishwakarma.Elle vit à Lucknow, la capitale de l’Uttar Pradesh, dans le nord-est de l’Inde, une ville multiculturelle de 3 millions d’habitants, datant du XIIIe siècle. Ses mœurs, ses beaux jardins, sa poésie, sa musique et sa cuisine raffinée font d’elle l’un des lieux les plus fascinants du pays. Mais cette cité dorée n’est pas épargnée par le fléau de l’agression sexuelle : les dernières statistiques montrent qu’un viol est commis toutes les vingt minutes en Inde. Dans 95 % des cas, la victime a moins de 20 ans et connaît son agresseur.
C’est à Madiyav, un des plus grands bidonvilles de cette grouillante capitale, qu’Usha démarre ce qui va devenir la bataille de sa vie : donner le moyen aux femmes, surtout les plus pauvres, de réagir contre l’agression, et un jour pouvoir « se sentir honorées et en sécurité, sans peur ». Elle n’a que 18 ans lorsque son collègue et prétendu ami tente de la violer. Après deux ans d’enfermement dans le silence, elle décide de réagir. En 2011, la Red Brigade est née. Elles sont, au départ, une quinzaine de survivantes qui apprennent à se défendre, à se protéger et à agir. Puis, en décembre 2012, un fait divers a un retentissement mondial : une jeune fille décède après un viol collectif dans un autocar de la région. Le gouvernement indien est pointé du doigt, des reportages braquent les projecteurs sur le machisme criminel des Indiens et l’apparente indifférence de la justice. Soudain, l’action d’Usha prend une nouvelle dimension.