Le sentiment général des Palestiniens est que leur gouvernement est corrompu. Sur les 1200 Palestiniens interrogés, 95,5 % ont déclaré que la corruption est endémique dans le régime dirigé par Mahmoud Abbas.
En matière d’aide humanitaire accordée à l’Autorité palestinienne, le moins que l’on puisse dire, c’est que la transparence fait défaut. En conséquence, on se retrouve avec une élite palestinienne aisée qui construit des quartiers luxueux autour de Ramallah, et qui ne laisse que des milliers d’appartements mal construits sans prestations ni services pour le reste de la société palestinienne.
Yasser Arafat a donné le ton à l’Autorité palestinienne lorsqu’il est arrivé à Gaza en 1994. Il a pris en main tous les contrats et investissements, utilisant l’argent des donateurs pour constituer un portefeuille secret d’un milliard de dollars, notamment des investissements dans Coca-Cola, dans une société tunisienne de téléphonie cellulaire et dans des fonds de capital-risque aux États-Unis et aux îles Caïman.
Arafat a volé 1 milliard de dollars US de recettes fiscales distribuées par Israël en faveur des travailleurs palestiniens. Les fonds ont été versés sur le compte personnel d’Arafat à la Banque Leumi à Tel Aviv. Et 100 000 $ par mois -rien que ça- étaient versés à sa femme Souha, qui vivait à Paris. La fortune d’Arafat était estimée par les analystes américains à 1 à 3 milliards de dollars…
Dans les trois années qui ont suivi la création de l’Autorité palestinienne, les vérificateurs aux comptes palestiniens ont constaté que 40 % du budget de l’Autorité palestinienne, soit US $ 326 millions, avaient été détournés, chiffre qui est passé à US $ 700 une décennie plus tard.
Aucun gouvernement occidental n’a formulé la moindre objection.
Cela a donné le ton et permis de nouvelles malversations à tous les niveaux de l’AP, avec des fonctionnaires s’octroyant des salaires élevés pour ne laisser que des miettes aux autres.
L’ère Mahmoud Abbas
Avec le successeur d’Arafat Mahmoud Abbas, le népotisme a atteint tous les niveaux de la fonction publique. Des fonctionnaires souvent liés à Abbas percevaient des salaires de $10’000 par mois, soit plus de dix fois supérieurs à ceux des fonctionnaires ordinaires, et ouvraient des comptes secrets en Jordanie avec l’argent des pots-de-vin.
La différence entre Abbas et Arafat, c’est qu’au lieu de voler directement l’AP, Abbas a recruté ses deux fils, Tareq et Yasser, pour créer des entreprises qui monopolisent l’investissement étranger, en construisant un consortium appelé Falcon qui avait la main mise sur le commerce palestinien.
Abbas a injecté $ 890 000 dollars dans Falcon, qui a des succursales en Jordanie et aux Émirats arabes unis, et a instauré un monopole sur la vente de cigarettes américaines.
N’oublions pas Al Mashreq Insurance Co., qui compte 11 agences dans l’AP pour un montant total de $ 35 millions, et qui dirigée par Yasser Abbas.
Au total, la richesse des fils d’Abbas est estimée à $ 300 millions.
Mohammed Dahlan, opposant à Abbas, affirme que ce dernier a reçu $ 1,4 milliard du fonds personnel d’Arafat après la mort de celui-ci en 2004. Il affirme qu’Abbas a dissimulé
$ 600 millions de ce fonds. Mohammed Rashid, conseiller économique d’Arafat, estime que le détournement de fonds d’Abbas atteint $ 100 millions.
Abbas et ses choix d’élite
Abbas favorise sa propre élite, fait construire des palais et approuve la construction de communautés réservées à ses partisans autour de Ramallah. L’une de ces communautés est connue sous le nom de “Complexe diplomatique”, où Abbas a autorisé la construction d’un centre commercial. En 2011, Majdi Khaldi, conseiller d’Abbas, a demandé 4 millions de dollars à Bahreïn pour cette communauté. L’AP a assuré la faisabilité du projet en procédant à un transfert des terres publiques à 60 % de leur valeur marchande. Majdi Khaldi valide l’entrée des responsables de l’AP, des chefs de la sécurité et des membres du Fatah dans le complexe diplomatique.
Abbas a un palais de plusieurs millions de dollars placé sous la sécurité des forces palestiniennes. Les visiteurs non autorisés, en particulier les équipes de télévision, sont menacés d’arrestation.
Il fait intervenir ses fidèles dans les transactions commerciales, comme Mohammed Mustafa, ancien vice-premier ministre de l’AP jusqu’en 2015 et aujourd’hui directeur du Fonds d’investissement palestinien, le PIF, lié à Abbas, qui détient 18 % de l’Arab Palestinian Investment Corporation, l’APIC. Abbas a la haute main sur le PIF et choisit l’ensemble de ses administrateurs.
En 2009, Mohammed Mustafa a été nommé directeur général de l’une des deux sociétés de téléphonie mobile en Judée Samarie, Wataniya Mobile. Le Fonds d’investissement palestinien (PIF) détient 34 % des actions de Wataniya.
Mohammed Mustafa serait impliqué dans des affaires de fraude fiscale et de blanchiment d’argent, comme l’attestent les Panama Papers. Pourtant, Abbas accorde à Mustafa une protection contre les poursuites judiciaires.
En février 2016, Najat Abu Bakr, membre du Conseil législatif palestinien, a exigé une enquête sur le ministre d’Abbas Hussein Al Araj. Abbas a menacé Abu Bakr d’arrestation; elle s’est réfugiée dans un bâtiment du Conseil législatif palestinien et l’affaire a été étouffée.
Abbas a également lutté contre la corruption de ses rivaux, principalement Mohammed Dahlan, qui a souvent appelé à la démission d’Abbas. En 2007, un tribunal de l’Autorité palestinienne a condamné M. Dahlan par contumace à trois ans de prison pour détournement de fonds publics.
En 2010, Dahlan et son épouse ont obtenu la citoyenneté monténégrine. Deux ans plus tard, il a fait office d’agent de liaison entre la Serbie et le vice-président des Émirats arabes unis, Mohammed bin Zayed Al Nahyan, prince héritier d’Abu Dhabi. Peu de temps après, Dahlan a également obtenu la citoyenneté serbe, ce qui lui permet de voyager en Europe en toute sécurité.
Abbas se cherche un successeur indulgent
Les fortunes de Mahmoud Abbas et de Mohammed Dahlan ont joué un rôle dans la bataille pour la succession du dirigeant palestinien. A 84 ans, Abbas cherche à protéger l’empire économique de ses fils. Abbas cherchait à préparer le négociateur en chef de l’AP Saeb Erekat pour qu’il lui succède, mais le Comité exécutif de l’OLP s’y est opposé. C’est un coup porté à Abbas, qui a toujours récompensé la loyauté au sein du Comité exécutif, dont les membres touchent
30 000 $ par mois, en plus d’une voiture de luxe et d’autres avantages. Abbas s’est alors tourné vers une personne de confiance, le chef du renseignement Majid Freij.
D’une manière générale, les Palestiniens pensent que l’AP est corrompue. Sur les 1200 Palestiniens interrogés, 95,5 % (soit quasiment tout le monde) étaient d’accord pour dire que le régime de Mahmoud Abbas souffrait d’une corruption endémique.
Un Occident compréhensif
Les gouvernements occidentaux confirment le détournement des fonds qu’ils versent à l’AP.
En 2013, l’Union européenne a déclaré qu’il y avait eu une mauvaise gestion par l’AP de 2 milliards d’euros entre 2008 et 2012. La Cour des comptes européenne a constaté que les fonctionnaires de l’administration palestinienne perçoivent un salaire mensuel sans travailler, alors que des dizaines de milliers d’autres qui travaillent effectivement ne sont pas payés. Bruxelles a reconnu qu’elle n’insiste pas auprès de l’AP pour réformer la fonction publique.
Du côté du département d’État américain, ce n’est guère mieux, celui-ci refusant toujours de publier ses rapports sur les détournements de fonds de la part de l’AP. L’aide américaine a versé plus de 5 milliards de dollars à l’Autorité palestinienne au cours des 25 dernières années sans exiger le moindre contrôle. Washington a toujours réglé les dettes de l’AP à des entreprises privées, sans se soucier de la responsabilité financière et des priorités d’Abbas.
Au lieu de cela, les contribuables américains ont fini par financer des sociétés dirigées par les fils de Mahmoud Abbas. Sky Advertising, qui appartient à Abbas, a même obtenu un contrat des États-Unis pour améliorer son image.
Entre 2005 et 2009, Tareq et Yasser Abbas ont reçu plus de 2 millions de dollars en contrats et contrats de sous-traitance, la plupart provenant de US Aid. US Aid refuse de divulguer les contrats et a censuré des éléments d’information clés, y compris le nom des dirigeants et des employés concernés.
Conclusion
Les fonds humanitaires des donateurs occidentaux n’ont qu’un seul objectif : être une ressource politique pour Abbas et ses partisans.
L’idée que l’aide humanitaire accordée à l’Autorité palestinienne est acheminée vers le peuple palestinien n’a aucun fondement dans les faits.
Pour améliorer cette situation, il faut avant tout imposer certaines conditions avant d’octroyer une aide à l’Autorité palestinienne, et exiger une obligation de rendre compte et la transparence, ainsi que le droit de protéger les lanceurs d’alerte palestiniens.
À l’heure actuelle, aucun gouvernement au monde n’est prêt à faire cela.
David Bedein, 21 octobre 2019
Traduction : Martine Banoun
David Bedein est le Directeur du Center for Near East Policy Research et fondateur de l’agence de presse Israel Resource News Agency à Jérusalem. Il est l’auteur de l’ouvrage “Genèse de l’Autorié palestinienne”.
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