Jusqu’à présent, l’Autorité palestinienne (AP) n’a pas condamné l’attaque du 16 juin 2017 à la Porte de Damas, durant laquelle la garde-frontière israélienne Hadas Malka a été poignardée à mort et quatre autres Israéliens ont été blessés. Dans leurs articles, les quotidiens de l’AP se sont focalisés sur les mesures prises par Israël contre les Palestiniens après l’attaque et ont dépeint la présence des forces de sécurité israéliennes sur l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa comme du terrorisme.
Il convient de noter que l’identité des organisations auxquelles les attaquants étaient affiliés n’est pas claire. L’Etat islamique (EI) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) ont revendiqué l’attentat dans leurs médias respectifs. Le Fatah, pour sa part, a condamné la mort des trois assaillants, tout en occultant totalement les circonstances de l’attentat, et il a publié des avis de deuil sur ses comptes Facebook officiels. Selon un post Facebook du Fatah du village de Deir Abu Mashal, l’un des terroristes, Osama Ahmad Atta, appartenait au mouvement. De même, le site officiel du Fatah a même publié des éclaircissements de la part de proches d’Atta, affirmant qu’il appartenait au Fatah.
En “Une” du quotidien de l’AP Al-Hayat Al-Jadida : Martyre de trois jeunes hommes et mort d’une femme soldate de l’occupation
Le lendemain de l’attaque, la Une du quotidien de l’AP Al-Hayat Al-Jadida titrait : « Martyre de trois jeunes hommes et mort d’une femme soldate de l’occupation – Deir Abu Mashal sous siège renforcé ». Et en sous-titre : « Le Fatah condamne le crime de l’occupation et exige une protection internationale pour notre peuple ». Selon l’article, le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne a annoncé que trois jeunes hommes étaient devenus des martyrs lorsqu’ils ont été abattus par les forces de l’occupation à la porte de Damas, à Jérusalem. [1]
Le Fatah condamne l’occupation pour le meurtre des trois assaillants – sans en mentionner les circonstances
Dans un communiqué officiel, Fatah a condamné le meurtre des assaillants, sans préciser qu’ils ont été tués en menant un attentat : « Le Fatah condamne les actes de l’occupation, qui a assassiné trois jeunes hommes à Jérusalem ». Le Fatah a appelé la communauté internationale à « fournir une protection aux Palestiniens non armés », [2] face aux actions israéliennes qui, selon l’article, mènent à une escalade de la situation.
Le responsable du Fatah à Jérusalem, Rafat Alian, a critiqué Israël pour les mesures qu’il a prises après l’attaque – principalement un renforcement des restrictions dans les quartiers de Jérusalem-Est, notamment dans la zone de la Porte de Damas – et a déploré la mort des trois « martyrs » au nom du Fatah en disant : « Le mouvement du Fatah restera fidèle au sang des martyrs, des blessés et des détenus dans les prisons israéliennes, jusqu’à ce que l’aube de la liberté pointe et qu’un Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale soit créé. » [3]
Des avis de deuil ont été publiés sur la page Facebook du Fatah de Deir Abu Mashal, l’un d’eux précisant que l’assaillant Osama Ahmad Atta est l’un de ses membres : « Le mouvement du Fatah à Deir Abu Mashal dans la région de Ramallah et Al-Birah pleure, avec une grande fierté, son héros martyr Osama Ahmad Atta… auteur de l’opération héroïque à Bab Al-Amoud [Porte de Damas]… » [4]
Une autre publication sur la page était un avis de deuil de deuil des trois assaillants :
Clarification sur une page Facebook du Fatah : l’un des assaillants est un membre du Fatah
En outre, une page Facebook du Fatah a publié un avis de la part de proches d’Osama Atta selon lequel, si la famille a honoré toutes les délégations venues lui rendre hommage suite au meurtre d’Atta – y compris des représentants du FPLP qui ont affirmé qu’il était l’un de ses membres – « nous les avons informés que notre fils martyr Osama est un membre du Fatah ». [5]
Un éditorialiste palestinien : les assaillants n’étaient pas des agents de l’EI
L’éditorialiste d’Al-Hayat Al-Jadida, Omar Al-Ghoul, ancien conseiller du Premier ministre de l’AP, Salam Fayyad, a affirmé que « l’EI n’a aucun lien avec les deux opérations au poignard à Jérusalem ». Il a ajouté que si le nom de l’EI a été insinué, seul Israël a intérêt à lui imputer l’attaque afin d’inciter l’opinion mondiale, et en particulier américaine, contre l’AP, et de « prouver qu’il n’y a pas de sécurité sur son sol et que si Israël se retire du territoire de l’Etat palestinien, il deviendra une base pour les groupes takfiris [djihadistes] » [6].
Dans ce contexte, le membre du bureau politique du Hamas Izzat Al-Rishq a nié tout lien entre les assaillants et l’EI, précisant que deux d’entre eux appartenaient au FPLP et le troisième au Hamas. C’est l’occupation, a-t-il écrit, qui est derrière la liaison de l’EI à l’attaque – et l’attaque a été menée à l’initiative de quelques individus et en réaction aux crimes de l’occupation et à la profanation d’Al-Aqsa. [7]
Notes :
[1] Al-Hayat Al-Jadida (AP), 17 juin 2017.
[2] Wafa.ps, 16 juin 2017.
[3] Amad.ps, 18 juin 2017.
[4] Facebook.com/1240740179274483, 17 juin 2017.
[5] Facebook.com/officialfateh1965, 19 juin 2017.
[6] Al-Hayat Al-Jadida (AP), 19 juin 2017.
[7] Palinfo.com, 17 juin 2017.