Par S. Benjamin et R. Green

Le 10 janvier 2018, le bureau de presse du YPG, la milice des Unités de protection du peuple kurde, a mis en ligne une vidéo du djihadiste français Thomas Barnouin, [1] détenu par le YPG depuis sa capture, le 17 décembre 2017, avec six autres ressortissants français. La vidéo, d’une durée de 9:42 minutes, comporte une interview de Barnouin (alias Abdelhakim, alias Abou Ahmad Al-Faransi, alias Abou Omar Al-Madani), suspecté d’avoir été le ressortissant français le plus haut-placé au sein de l’Etat islamique (EI), et l’un des principaux idéologues religieux de l’organisation. Il convient d’observer que, si ses déclarations – apparemment faites sous la contrainte – semblent indiquer que Barnouin a maintenant renié l’EI, les preuves indiquent clairement que jusqu’à sa capture, il n’était pas seulement un fervent djihadiste, mais considéré comme professant des opinions religieuses extrémistes, même aux yeux l’EI. Le rapport suivant apporte des précisions sur la base de vidéo de YPG, d’informations compilées à partir des rapports de recherche de MEMRI et des détails divulgués dans les médias.

Selon la vidéo du YPG, Thomas Barnouin est “l’un des djihadistes les plus recherchés de l’EI en relation avec les réseaux de recrutement dans les pays européens, la propagande de l’EI et les attentats-suicides qui ont fait de nombreuses victimes civiles”. Il a “été capturé lors d’une opération spéciale” et “a pris part à la planification et à l’exécution de certaines attaques terroristes visant des civils. On pense qu’il est l’un des cerveaux de l’attentat de Toulouse de 2002, qui a tué sept personnes, et des attentats de Paris en 2015 au cours desquels 130 personnes ont trouvé la mort”.

On estime que Barnouin a occupé une position officielle au sein de la Commission de doctrine de l’EI, [2] au sein de laquelle il adoptait les opinions les plus extrémistes sur le takfir, consistant à déclarer des musulmans apostats. [3] Le présent rapport montre que ces positions, extrêmes selon les standards mêmes de l’EI, ont conduit à son arrestation par le service de sécurité intérieure de l’organisation (Emni) à l’été 2017, dans une tentative visant à purger les rangs de l’organisation des éléments prêchant contre sa position officielle.

Barnouin est aussi considéré comme ayant dirigé les opérations médiatiques en français de l’EI, et d’avoir ainsi étroitement collaboré avec l’ancien porte-parole de l’EI Abou Mohammad Al-‘Adnani et avec Abou Mohammad Al-Furqan, fondateur et dirigeant du bureau central des médias de l’EI. [4] A ce poste, il tenait également lieu d’homologue français de l’agent de l’EI américain Ahmad Abousamra, alias Abou Sulayman Al-Shami, alias Abou Maysara Al-Shami. [5] Il est vraisemblablement responsable des écrits du magazine en français de l’EI, Dar Al-Islam, aurait rédigé des articles doctrinaux importants, notamment ceux justifiant les attaques de l’EI en Occident. Le lien organisationnel qui existe au sein de l’EI entre les opérations médiatiques et terroristes en dehors des territoires de l’organisation [6] en fait aussi l’un des principaux suspects d’implication directe dans la préparation des attentats terroristes en Occident (notamment ceux de Paris et Bruxelles), ainsi que d’endoctrinement et de gestion des agents de l’EI ayant perpétré ces attaques.

Interview vidéo de l’YPG

Barnouin affirme dans la vidéo qu’il était membre de l’EI quatre ans avant de comprendre que c’était une organisation criminelle, et qu’il a été arrêté par l’YPG alors qu’il fuyait l’EI. Il ajoute qu’il est arrivé en Syrie en février 2014 avec sa femme et ses deux enfants, après que des musulmans furent arrivés chez lui en France et l’eurent persuadé d’aller en Syrie aider à créer l’Etat islamique. La plus grande partie de la vidéo est consacrée à démontrer que les autorités turques n’ont aucunement empêché les déplacements des combattants de l’EI vers et depuis la Syrie. Barnouin affirme être entré pour la première fois en Syrie dans la région de Lattaquié, et avoir ensuite voyagé à travers le territoire turc en direction d’Al-Raqqa.

Selon les déclarations de Barnouin, lui et plusieurs autres combattants français de l’EI ont été arrêtés par le service de sécurité intérieure de l’EI en août 2017, parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec l’organisation sur un point de doctrine et qu’ils étaient opposés à sa méthodologie religieuse. En décembre 2017, ils ont payé un passeur pour les aider à fuir l’EI et à retourner en Turquie. Interrogé sur son opinion actuelle concernant l’EI, il affirme que “ce n’est pas une organisation islamique authentique”. Il suggère qu’elle “pourrait avoir été créée par des anciens baathistes [ou par] des services de renseignement, pour servir certains intérêts au Moyen-Orient, en Syrie et dans la région”. Il ajoute : “A présent, je vois qu’ils sont malhonnêtes, ce sont des criminels, ils veulent simplement que les combattants meurent à leur place. Ils veulent seulement le pétrole. J‘ai commencé à comprendre que certains Irakiens, et les émirs saoudiens et certains Syriens – pas tous, mais quelques Syriens – n’étaient pas sincères. Ils ont simplement créé une organisation [l’EI] pour tromper les musulmans dans le monde, et ils ont enrôlé [des combattants], et beaucoup d’entre eux ont été tués dans des batailles pour le pétrole, et ont été leurrés”.

Les antécédents de Barnouin : de la France à Médine et Raqqa

Né en 1981 dans une famille chrétienne du sud de la France, Thomas Barnouin s’est converti à l’islam en 1999 et est devenu salafiste. Il était connu pour être un “intellectuel” et un étudiant sérieux. Il affirme aussi avoir fréquenté l’université en France, où il a étudié l’histoire et l’arabe. A partir de 1999, il a fréquenté des mosquées salafistes à Toulouse et dans ses environs, et a rejoint le groupe connu comme le “réseau d’Artigat”.

Ce groupe était dirigé par le Syrien Abdel Ilat Al-Dandachi, alias Olivier Corel, alias “l’émir blanc”, qui avait fondé une communauté salafiste fermée à la fin des années 1980 dans un petit village près de Toulouse. Les enseignements djihadistes de ce groupe ont contribué à l’endoctrinement de plusieurs agents français de premier plan.

Mohammed Merah, auteur des attentats terroristes de Toulouse en 2012, ainsi que son frère Abdelkader et sa sœur Souad, étaient tous membres du réseau d’Artigat. Au cours de cette période, Barnouin a rencontré Sabri Essid,[7] le demi-frère de Mohammed Merah, ainsi que les frères Jean-Michel et Fabien Clain,[8] qui faisaient tous partie du groupe d’Artigat. Ces trois hommes, ainsi que Barnouin et Adrien Guihal,[9] formaient le noyau de la communauté des membres francophones de l’EI, détenant des positions très influentes, en particulier au sein de l’appareil médiatique en français de l’EI. Barnouin a aussi pu faire la connaissance de Jonathan Geffroy, autre combattant de l’EI originaire de Toulouse, qui a été capturé par les forces kurdes en février 2017.[10]

En 2003, Barnouin s’est rendu en pèlerinage à La Mecque avec Fabien Clain et Olivier Corel, et par la suite il a été accepté à l’université publique de Médine, avec une bourse d’Etat, où il a passé trois ans à étudier la théologie, la jurisprudence et l’arabe, avant de revenir en France. Il affirme que c’est en Arabie saoudite, au début de la guerre en Irak, qu’il s’est familiarisé avec l’idéologie du djihad international. Interrogé par la police française en 2007, il a déclaré : “Mon obligation en tant que musulman était d’aller me battre en Irak”. Il a de fait essayé de se rendre en Irak la même année, mais a été arrêté en Syrie et a été renvoyé en France, où il a été emprisonné pendant quatre ans. C’est pendant sa détention que son extrémisme s’est apparemment renforcé. Après avoir été libéré sous caution en 2011, il a retrouvé ses anciens amis djihadistes et a constitué un nouveau groupe composé du réseau d’Artigat et de nouvelles recrues. [11]

Comme indiqué, Barnouin est arrivé en Syrie, par la Turquie, avec sa famille et les frères Clain en février 2014. L’EI recrutait alors de nombreux étrangers, y compris de nombreux francophones.[12] Après avoir rejoint l’organisation, Barnouin a fait profil bas, publiant des conférences sur la religion sous le nom d’Abou Omar Al-Madani.

Un homme de médias de l’EI

Sur la base des informations révélées ultérieurement par le média pro-EI Al-Wafa et du compte YouTube de Barnouin, contenant plus de 200 conférences religieuses,[13] on apprend qu’il était apparemment un membre fondateur de l’appareil médiatique francophone de l’EI, en tant qu’homme de médias et auteur pour le magazine en français de l’organisation Dar Al-Islam. A ce titre, il aurait rédigé ou contribué à la rédaction de certains des documents djihadistes les plus détaillés et les plus influents de l’EI en français, comme l’article en deux parties “Attaques contre la méthodologie prophétique”,[14] écrit au lendemain des attentats de novembre 2015 à Paris, qui a apporté une justification religieuse aux attentats en Occident. Un rapport de MEMRI publié après la diffusion de cet article observait que c’était le premier document détaillé émanant de l’EI écrit directement en français, et qu’il était d’une qualité inhabituelle. Son auteur anonyme semblait mûr et instruit, et avait probablement grandi en France.[15] Le cadre doctrinal et légal exposé dans Dar Al-Islam et dans d’autres publications de l’EI a été un facteur important du succès des attaques menées par l’organisation en dehors de ses territoires à partir de 2016. Barnouin a pu être directement impliqué dans l’endoctrinement de partisans de l’EI en Occident pour les pousser à mener des attentats sur le sol occidental.[16]

Arrestation par les Services de sécurité intérieure de l’EI pour ses positions extrêmes sur le Takfir

Il semble que, dès le début de l’année 2015, Barnouin professait une position ultra-radicale sur la question du takfir. Un agent français d’Al-Qaida connu comme le “reporter français” ou Abou Musa[17] y a fait référence dans un document posté sur son compte Telegram,[18] accusant Barnouin d’avoir épousé des opinions déviantes sur le takfir et les fondements de la foi (asl al-din) dans ses conférences et ses cours sur YouTube. Ce point de doctrine est par la suite devenu le sujet d’un chiisme entre différentes factions au sein de l’EI, conduisant en fin de compte à des purges internes de membres de l’EI des deux côtés, menées par la faction qui détenait le pouvoir.

En mai 2017, la faction ultra-extrémiste avait apparemment le dessus, car l’organe le plus haut-placé de l’EI, la Commission déléguée, a publié un mémorandum exposant une position très dure sur le takfir, le qualifiant d’élément fondamental de l’islam.[19] La Commission doctrinale, dont Barnouin était membre, a écarté des religieux haut-placés qui s’opposaient à cette position. Toutefois, en août 2017, la faction ultra-extrémiste a visiblement perdu de l’influence, car l’EI a retiré ce mémorandum, et les services de sécurité intérieure ont arrêté les membres de la Commission doctrinale, dont Barnouin.

Selon le média pro-EI Al-Wafa, Barnouin occupait des positions haut-placées au sein de la direction de l’EI:[20] en sus de la direction du département francophone du bureau des médias de l’organisation [diwan al-i’lam], il tenait lieu de dirigeant religieux du bureau médiatique et était aussi membre de la Commission doctrinale [lajna manhajiyyah] ; c’est à ce dernier titre qu’il se trouve à l’origine de l’adoption par l’EI d’une position dure sur le takfir. Al-Wafa affirme que Barnouin a prononcé le takfir contre des religieux éminents de l’EI qui s’opposaient à sa position extrémiste, comme Turki Al-Bin’ali et Abou Bakr Al-Qahtani. Il convient d’observer qu’Al-Wafa est le média d’un camp au sein du mouvement pro-EI qui s’oppose au bureau médiatique officiel et à ses partisans. Les partisans de ce bureau ont accusé Al-Wafa d’avoir révélé les fonctions de Barnouin au sein de l’EI. Un individu se faisant appeler Ahmad Ra’s Al-‘Ayn a écrit : “La Fondation de médias Al-Wafa [n’est constituée que de] vantards qui cherchent la gloriole. Ils prétendent être une maison d’édition et soutenir [les moujahidine], alors qu’ils sont en réalité un outil aux mains des hypocrites. Ils cherchent à publier des informations exclusives et prennent plaisir à divulguer les secrets des moujahidine [référence à la révélation par Al-Wafa du rôle de Barnouin dans l’organisation]… »

Comme indiqué, l’implication de Barnouin dans la controverse a conduit à son arrestation par les forces de sécurité intérieure de l’EI en août 2017. A la mi-septembre, un homme de médias de l’EI a posté sur un compte Telegram en français un message affirmant qu’Abou Omar Al-Madani [Barnouin] avait été détenu par l’EI pour enquête.[21] Il écrivait : “Message important à tous les partisans de l’EI. De nombreuses conférences en français ont été diffusées sur Internet et présentées comme émanant de l’Etat islamique. Cependant, l’Etat islamique n’a pas autorisé officiellement la diffusion de conférences autres que celles publiées par sa station de radio officielle Al-Bayan. Ceux qui publient des conférences autres que celles-ci, publiques ou privées, n’ont pas d’autorisation officielle de l’Etat islamique. Un exemple est celui des conférences d’un certain Abou Omar Al-Madani, qui ne sont aucunement autorisées par les entités médiatiques de l’Etat islamique, ni par un Bureau des prêches [officiel de l’EI]. En fait, il a été renvoyé de son poste pour avoir diffusé une méthodologie non conforme à la ligne officielle du Califat. Par conséquent, tous ceux qui prétendent suivre l’Etat islamique ou qui lui ont prêté allégeance ne doivent pas répandre les [messages] audio d’[Al-Madani], et s’ils le font, ils ne doivent pas prétendre que l’Etat islamique est d’accord avec lui. Il a été emprisonné pour ses positions, qui sont contraires à celles de l’Etat. Aussi craignez Allah, et ne diffusez pas de contenus contraires au dogme de l’Etat Islamique. Il y a eu de nombreux conflits internes sur le sujet du takfir, en raison des nombreux prétendus étudiants en science [islamique]. Allah soit loué, ce conflit est terminé, aussi ne suscitez pas de nouveau conflit en diffusant des contenus de ce type émanant de ce genre de personne ».

Notes :

[1] YPG Press Office, Youtube.com/watch?v=OHfvvl193og, 10 janvier 2018.

[2] La Commission doctrinale est le principal organe consultatif théologique de l’EI, chargé de rédiger les documents officiels de l’EI sur les questions théologiques et de veiller au respect par les différents départements et organes de la méthodologie de l’EI.

[3] Voir MEMRI Inquiry & Analysis Series No.1324, Dispute Over Takfir Rocks Islamic State, 4 août 2017.

[4] Voir MEMRI report ISIS Announces Death Of Central Media Figure, Abu Muhammad Al-Furqan, 9 octobre 2016.

[5] Il convient d’observer que Barnouin et Abousamra ont tous deux été membres du Bureau médiatique de l’EI, apparemment avec des positions doctrinales différentes, Barnouin étant le plus extrémiste des deux. Pour plus d’informations sur Abousamra, voir MEMRI JTTM reports: Issue 8 Of ‘Rumiyah’: Eulogy For FBI Most Wanted Terrorist Ahmad Abousamra – U.S. Citizen From Massachusetts And Leader Of ISIS Foreign Language Media, 6 avril 2017; ISIS Spin On ISIS Fighters’ Mass Renunciation Of The Organization’s Governor In Yemen: It Is Part Of Al-Qaeda ‘Conspiracy’ To Infiltrate ISIS, Bring It Down From Within, 16 février 2016.

[6] Département de la Défense des Etats-Unis, Statement from Pentagon Press Secretary Peter Cook on Strike Against ISIL Senior Leader, 12 septembre 2016 Release No. NR-319-16. Defense.gov/News/News-Releases/News-Release-View/Article/941733/statement-from-pentagon-press-secretary-peter-cook-on-strike-against-isil-senio/

[7] Voir MEMRI JTTM report, Islamic State Video Shows ‘Mossad Spy’ Executed By Young Boy, 11 mars 2015.

[8] Les frères Clain étaient les principaux porte-parole de l’EI en français, diffusant des informations et des sermons sur la radio Al-Bayan et produisant des nashids (chants islamiques) en français. Voir MEMRI JTTM reports : ISIS Sermons In French Call On Muslims To Immigrate And Join Armed Jihad, 5 septembre, 2017 ; Official Islamic State Radio Broadcasts Series Of Religious Lectures In French, 24 octobre 2016 ; New Nashid In French Glorifies Self-Sacrifice, Martyrdom, 7 février 2016 ; ISIS Song In French: ‘For Allah Alone We Made This Choice, To Kill With Hearts Full Of Joy’, 28 février 2016.

[9] Voir MEMRI JTTM report French Sermon On ISIS Al-Bayan Radio Titled ‘The Enemy Is Too Strong’ Recognizes Loss Of Morale Among Fighters, 4 octobre 2017

[10] Voir MEMRI report French ISIS Fighter Captured In Al-Bab By Forces Taking Part In ‘Operation Euphrates Shield’, 20 février 2017.

[11] Le Parisien (France), 28 décembre 2017.

[12] Par exemple, l’homme de médias français connu sous le nom d’Ichigo. Pour plus d’informations, voir MEMRI JTTM reports,  French ‘Gatekeepers’ Disseminate Islamic State (ISIS) Information On Social Media, 1er janvier 2015; Veteran French ISIS Operative Allegedly Killed In U.S. Drone Strike, 20 avril 2017.

[13] Youtube.com/channel/UCwtnYox2vEG4L5Sqi74YLbw, 11 janvier 2018.

[14] Voir MEMRI JTTM reports, ISIS French Magazine Provides Religious Justifications For The Paris Attacks, 17 février 2016 ; Issue 10 Of ISIS French-Language Magazine ‘Dar Al-Islam’ – Overview, 20 août 2016.

[15] Voir MEMRI report ISIS French Magazine Provides Religious Justifications For The Paris Attacks, 17 février 2016.

[16] Voir MEMRI JTTM reports: The French-Language Media Entity Ansar At-Tawhid And Its Role In ISIS Terror Activity – Part I: Operational Aspects, Indications Of Influence On Larossi Abballa, 14 juillet, 2016 and Part II: Spreading ISIS’s Message In French, 17 juillet 2016.

[17] Abou Musa aurait été tué à Idlib en novembre 2017. Il était apparemment d’origine turque et se focalisait sur l’activité médiatique après avoir été blessé au combat. Voir MEMRI JTTM report, Jihadi Social Media – Account Review (JSM-AR): Member Of A Group Of French-Speaking Fighters, 14 novembre 2017.

[18] Voir justpaste.it/madani, 6 avril 2015.

[19] Voir MEMRI JTTM report ,ISIS Delegated Committee Retracts Memo On Takfir Which Stirred Internal Controversy, 19 septembre 2017.

[20] Telegram.me/ Mu’asasat Al-Wafa’ Al-I’lamiyyah, 10 janvier, 2018

[21] Telegram.me/Édifice Renforcé, 13 septembre 2017.

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