Dans son éditorial du 19 novembre 2017, publié dans le quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram, le politologue Amr Abd Al-Sami écrit que l’Egypte devrait établir des bases militaires en dehors de ses frontières, dans la Corne de l’Afrique, comme l’on fait de nombreux autres pays. Cette démarche, affirme-t-il, est nécessaire au vu des défis auxquels sont confrontés les pays de la région et de l’importance stratégique de la Corne de l’Afrique pour l’Egypte.

Il convient de mentionner qu’au cours des derniers mois, de nombreux rapports ont indiqué que l’Egypte avait autorisé des avions de combat russes à utiliser des bases sur son territoire, et qu’un accord était en cours d’élaboration entre les deux pays, pour permettre l’utilisation mutuelle de leur espace aérien territorial et de leurs bases militaires.[1] Extraits :[2]

L’Egypte a-t-elle besoin de bases militaires en dehors de [ses frontières] ? La réponse est clairement oui. La question et la réponse me sont venues à l’esprit [après avoir eu vent] des récentes fuites du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique [Africom] sur le nombre de troupes américaines actives en Somalie contre l’Etat islamique et le mouvement extrémiste Shabab Al-Islam [sic., référence probable à Al-Shabab Al-Moudjahidin]. J’ai auparavant manifestement consulté des rapports sur la création de bases française, chinoise, russe, américaine et turque dans la Corne de l’Afrique, [région] stratégiquement importante pour l’Egypte, car elle contrôle le détroit crucial de Bab Al-Mandeb, étroite passerelle sud vers la mer Rouge et le canal de Suez.

Dans la base turque en Somalie, par exemple, 200 000 soldats turcs et des dizaines de milliers de soldats somaliens seront hébergés et entraînés. L’objectif déclaré de [la création de cette base] était de poursuivre et d’assiéger le mouvement somalien Shabab Al-Islam, afflié à Al-Qaïda… Mais l’objectif réel est le contrôle des voies maritimes en mer Rouge, afin de donner à [la Turquie] une capacité significative d’étendre [et de maintenir une présence militaire] dans les principales zones de conflit, tout comme [le lui permettent] ses bases au Qatar.

[Le président égyptien Abd Al-Fattah] Al-Sissi a défini la mission stratégique de nos forces [armées] comme étant la « défense de la sécurité nationale de l’Egypte à l’intérieur et à l’extérieur du pays », se référant aux récentes attaques aériennes [égyptiennes] contre les terroristes en Libye. En outre, parmi les objectifs stratégiques déclarés de l’Egypte figure la défense de la sécurité du Golfe, qu’elle décrit comme faisant partie de sa [propre] sécurité, ainsi que de nombreuses tâches liées à l’immigration illégale via la Méditerranée…

Que personne ne vienne me dire que l’établissement de bases militaires en dehors de l’Egypte ne fait pas partie de notre politique, car la présence continue de l’Egypte dans les îles de Tiran et de Sanafir [récemment cédées par l’Egypte à l’Arabie saoudite] faisait partie [précisément d’une telle politique]. [Créer de telles] bases militaires a un prix politique et économique que nous devons payer, comme l’a fait la Russie dans le cadre de son accord avec Damas pour la construction de deux bases militaires à Khmeimim et à Tartous pour une période de 50 ans.

L’Egypte a besoin d’une présence militaire sur le terrain, car les défis à venir dans la région seront considérables.

Lien vers le rapport en anglais

Notes :

[1] Voir Dépêche spéciale de MEMRI n° 7205, Russian Government Internet Portal: Russia And Egypt To Sign Pact Allowing Mutual Use Of Territorial Airspace And Military Bases, 30 novembre 2017.

[2] Al-Ahram (Egypte), 19 novembre 2017.

 

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