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Dans une interview télévisée, la chanteuse koweïtienne Shams Bandar s’est déclarée favorable à l’éducation sexuelle dans le monde arabe et a évoqué ses amis homosexuels, critiquant ceux qui expriment un message devant les caméras et un autre en privé. Mentir, a -t-elle estimé, « est une particularité des peuples arabes » car « notre conception de la honte et de la moralité nous oblige à faire des déclarations contraires à notre conduite dans la vie réelle ». Bandar a affirmé que sa chanson « Quelle est la religion de ton père ? » s’adresse aux extrémistes musulmans, car « nous sommes les gens les plus extrêmes », précisant : « Si nous arrêtions de [vouloir] gouverner les autres, il n’y aurait plus du tout d’extrémisme ».
Bandar, qui a été critiquée pour un tweet dans lequel elle avait écrit que les Turcs « sont connus pour ne pas utiliser de déodorant et manger beaucoup d’ail, d’oignon et de viande », a nié être raciste, affirmant qu’elle « essayait simplement de conseiller à ses fans du sexe féminin d’épouser des Arabes » car ces derniers « n’ont aucun mal à recourir au déodorant ». L’interview a été diffusée sur la chaîne télévisée égyptienne ON le 19 janvier 2018. Extraits :
Shams Bandar : Notre problème dans le monde arabe est que nous mentons beaucoup. Dans notre milieu, le milieu artistique, il y a beaucoup d’homosexuels.
Journaliste : Avez-vous beaucoup d’amis [gays] ?
Shams Bandar : Bien sûr. Des maquilleurs, des coiffeurs, des créateurs de mode… Dans le monde entier… Il y a aussi des médecins parmi eux. C’est devenu la réalité. J’ai vu beaucoup de célébrités qui, en privé, ont beaucoup d’amis gays, mais lorsqu’elles passent à la télévision, disent : « Non ! Je m’y oppose… » Je déteste cela. J’ai des amis gays, et je les accepte. C’est leur affaire privée. [….]
Dans les titres de l’actualité : « Controverse suite à la proposition d’une députée tunisienne d’introduire l’éducation sexuelle dans les écoles. »
Bravo !
Journaliste : Vous dites bravo ?
Shams Bandar : Bien sûr.
Journaliste : Vous encouragez l’éducation sexuelle pour les enfants ?
Shams Bandar : Cela fait partie [de la vie].
Journaliste : Pourquoi certains s’y opposent, d’après vous ?
Shams Bandar : Comme je l’ai dit, nous mentons beaucoup…
Journaliste : Tout le monde ment ?
Shams Bandar : C’est une particularité des peuples arabes… On nous a enseigné que le concept de honte et de moralité nous oblige à faire des déclarations contraires à notre conduite dans la vraie vie. C’est mentir. Vous pouvez appeler cela une fausse déclaration ou cacher sa vraie identité, mais au bout du compte, cela reste un mensonge. Les enfants commencent à développer des pulsions sexuelles à l’âge de deux ans, et [l’enfant] commence à essayer de comprendre ce qui se passe. Alors pourquoi ne pas essayer de le lui expliquer, pour lui éviter de vivre des choses qui lui causeront des complexes psychologiques ?
Journaliste : Je suis d’accord. Je n’aime pas lorsque les gens font l’autruche.
Shams Bandar : C’est exactement ce qui se passe. […] La religion est un mode de vie pour les musulmans, les chrétiens, les juifs, et même pour les bouddhistes et les fidèles des religions non monothéistes. J’ignore comment interpréter le mot « religion ». Je ne peux pas parler de la religion, mais je peux parler des valeurs morales.
Journaliste : Pensez-vous que ce que vous dites pourrait retourner les gens contre vous ?
Shams Bandar : Cela m’est complètement égal.
Journaliste : Vous vous en moquez totalement ?
Shams Bandar : Totalement. Je ne suis pas là pour plaire aux gens. Je ne suis pas leur amie. Ils ne sont pas mes amis ou ma famille…
Journaliste : Qu’entendez-vous par « ils » ?
Shams Bandar : Tout le monde. Les seules personnes qui m’importent sont celles que je respecte. Ce sont celles dont je prends en compte les sentiments. Mais même les gens que je respecte, s’ils dépassent les bornes, s’agissant de mes croyances ou de ma liberté personnelle, je perds tout respect pour eux, car Dieu m’a créée libre. […]
Journaliste : Votre chanson « Quelle est la religion de ton père ? » s’adresse-t-elle aux extrémistes musulmans ou aux extrémistes en général ?
Shams Bandar : Ecoutez, nous sommes les gens les plus extrêmes, aussi, si je disais que la chanson s’adresse aux extrémistes en général, je mentirais. […] Il s’avère que les extrémistes qui perpètrent des attentats en Europe – en Belgique, en France, à Londres – font toujours partie de notre peuple. Donc naturellement, mon message s’adresse à la majorité. Malheureusement, c’est la réalité.
Journaliste : Quelle est l’expression la plus visible de l’extrémisme islamique ?
Shams Bandar : La domination ! Si nous arrêtions…
Journaliste : Vous voulez dire la domination islamique ?
Shams Bandar : Non. Si nous arrêtions de gouverner les autres, il n’y aurait plus du tout d’extrémisme. […]
Journaliste : [Vous avez dit au sujet des Turcs :] « Ils sont connus pour ne pas utiliser de déodorant, et pour manger beaucoup d’ail, d’oignon et de viande. J’espère que vous prendrez cela en compte sérieusement ».
Shams Bandar : A qui s’adressait ce message ? Dites-moi. Pourquoi ai-je été accusée de racisme ? Je m’adressais à mes fans.
Journaliste : Mais lorsque quelqu’un accuse tout un peuple de ne pas utiliser…
Shams Bandar : Mais à qui cela s’adressait ? Sous quel hashtag cela a-t-il été publié ?
Journaliste : #aux gens qui veulent épouser des Turcs. […]
Shams Bandar : Lorsque les gens mangent de l’ail, de l’oignon et de la viande et qu’ils n’utilisent pas de déodorant, eux-mêmes, ou l’endroit où ils se trouvent, sentent [mauvais]. J’essayais simplement de conseiller à mes fans de se marier à des hommes arabes. Les hommes arabes n’ont aucun problème à utiliser un déodorant.
Journaliste : Je perçois un peu de racisme là…
Shams Bandar : Si vous pensez que conseiller à une fille d’épouser un Arabe est du racisme, alors oui, je suis raciste. […] D’ailleurs, les Turcs nous haïssent. Ils traitent les Arabes de « montons ». Les Turcs détestent les Arabes plus que quiconque, excepté les juifs.