La mise à l’écart par le président américain Donald Trump du Secrétaire d’Etat Rex Tillerson et la désignation du directeur de la CIA Mike Pompeo pour le remplacer ont suscité des réactions positives dans la presse saoudienne. Dans son éditorial du 14 mars 2018, le quotidien saoudien Okaz a souligné l’importance capitale du remaniement au sein du Département d’Etat américain, qu’il qualifie de décision positive qui conduira à un changement d’attitude envers l’Iran, à l’élimination de la menace que posent les milices loyales à l’Iran au Moyen-Orient, et à une sécurité et une stabilité accrues dans la région. Le même jour, le présentateur de la chaîne télévisée Al-Arabiya, Mashari Al-Dhaidi, a également prédit, dans son éditorial publié dans le quotidien saoudien basé à Londres Al-Sharq Al-Awsat, que le départ de Tillerson aurait pour effet d’accroître les pressions sur l’Iran et de mettre fin à la politique pro-Qatar adoptée par Tillerson. Extraits :
Editorial du 14 mars 2018 du quotidien Okaz :
Les changements intervenus hier au sein de l’administration américaine sont extrêmement importants, au vu des graves défis qui menacent les intérêts américains dans la région et dans le monde. [Ces défis] l’oblige à intensifier son activité diplomatique, pour affronter les dangers à venir, en particulier de la part de l’Iran. La ligne directrice de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient consiste à appliquer les promesses de campagne du président Trump, y compris l’élimination de l’Etat islamique et des autres organisations terroristes, et le combat contre le danger posé par l’Iran, considéré comme un danger non seulement pour les Etats-Unis mais aussi pour l’Europe.
En conséquence, les récentes décisions représentent une amélioration de la politique étrangère américaine, et permettront de mettre en œuvre la stratégie générale de la politique de la Maison Blanche, incarnée par l’élaboration d’un nouveau cadre pour la question de la sécurité au Moyen-Orient.
Ces changements essentiels de la politique américaine vis-à-vis de l’Iran sont très importants à ce stade, et sont cohérents avec les développements sur la scène iranienne et avec les menaces actuelles posées par les milices loyales au régime des mollahs [iraniens] au Yémen, en Syrie, en Irak et au Liban. Ils contribueront à dissuader [les milices] et à éliminer leurs activités terroristes, qui menacent la sécurité et la stabilité de toute la région.[1]
Mashari Al-Dhaidi a écrit dans son éditorial du 14 mars dans le quotidien Al-Sharq Al-Awsat :
Ce qui s’est produit aujourd’hui est prévu depuis plusieurs mois – le limogeage du Secrétaire d’Etat américain Tillerson, qui venait du secteur pétrolier et énergétique et qui n’était pas du tout d’accord avec la politique étrangère de Trump. Sa présence au sein de [l’administration américaine] était étrange, en particulier du fait que Trump opère actuellement de profonds changements dans la politique étrangère, dont le plus récent était son intention de rencontrer le président de la Corée du Nord nucléaire afin de mettre fin au problème historique et complexe avec celle-ci.
Même s’il [restait] cordial, Tillerson s’opposait à la position agressive de Trump vis-à-vis de l’Iran et à son soutien de la position du Quartet arabe – l’Arabie saoudite, l’Egypte, les Emirats arabes unis et Bahreïn – contre la politique néfaste du Qatar, et était plus proche de la version qatarie [de la situation]. Durant la crise entre le Qatar et les pays arabes, il a adopté la position du Qatar et des Frères musulmans, et a appelé à la levée de l’embargo contre le Qatar, tandis que le Quartet arabe y était opposé, prétendant mener une opération souveraine – à savoir, un boycott…
Concernant le nouveau Secrétaire d’Etat, [l’ancien directeur de la CIA] Mike Pompeo, ancien membre du Congrès, diplômé de la faculté de droit de Harvard et officier de l’armée américaine ayant servi dans la guerre de libération du Koweït en 1991 – il est toujours sur la même longueur d’onde que Trump… Gina Haspel, qui a hérité du poste de directrice de la CIA, était l’adjointe de Pompeo [à la CIA], et est haut-responsable au sein des services de renseignements américains…
Le départ de Tillerson inquiètera ceux qui pariaient sur une certaine voix au sein de l’administration Trump, [à savoir celle de Tillerson] qui réduirait la pression sur l’Iran et défendrait la version du Qatar et des Frères musulmans [de la situation] – même si, à vrai dire, ils ont sans doute trop attendu de Tillerson.
Après un an et quelques mois de présidence de Trump, peu à peu, les caractéristiques de notre alliance avec l’administration Trump se clarifient, et la voix [américaine] est à présent compatible [avec la nôtre]. [Nous] Arabes espérons que cela aura un impact sur nos problèmes – ô si nombreux ! [2]
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Okaz (Arabie saoudite), 14 mars 2018.
[2] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 14 mars 2018