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Le vice-président du parlement tunisien Abdelfattah Mourou a déclaré que la nation arabe était arriérée, ignorante et « non consciente de la réalité », comparée à l’Occident, qui est pavenu à surmonter les hostilités après la Seconde Guerre mondiale et à former le noyau de la communauté européenne. Telle est « la force des peuples qui comprennent qu’ils peuvent accomplir des choses grâce aux institutions », a-t-il affirmé, alors qu’ « avec notre mentalité… nous tournons nos regards vers la grille de la base militaire pour voir si un tank en sort ». L’interview de Mourou a été diffusée sur la chaîne télévisée turque 9 le 2 juillet 2018. Extraits :
Abdelfattah Mourou : Quelques jeunes hommes m’ont attrapé à la gorge à la sortie de la mosquée vendredi, et m’ont dit : « Infidèle, scélérat, pécheur, comment pouvez-vous être au parlement et présider des séances plénières, alors que l’on vend de l’alcool dans votre pays ? Pourquoi ne l’interdisez-vous pas ? » J’ai dit : « Mon fils, je ne peux pas l’interdire. Ce n’est pas ma mission. Ma mission est que tu te sentes en sécurité dans ton pays. Ma mission est de garantir que tu puisses exprimer tes opinions. » […]
La nation n’est pas corrompue parce que les gens boivent de l’alcool. La corruption de la nation réside dans l’ivresse de son esprit. La nation ignore la réalité. Le problème de la nation est qu’elle est arriérée et ignorante. […]
La dictature, c’est l’illusion que le pouvoir peut résoudre les problèmes. Il ne le peut. Les problèmes ne peuvent être résolus que par la conscience des peuples, et par leur capacité à surmonter leurs problèmes. L’Occident a émergé de la Seconde Guerre mondiale avec 100 millions de victimes, pourtant il n’a jamais douté de sa capacité à réussir. Seulement neuf ans après la guerre, la France et l’Allemagne, qui s’étaient affrontées trois fois en un siècle, avec Bismarck, la Première et la Seconde Guerres mondiales… En neuf ans, ces deux pays, avec l’Italie, ont formé le noyau de la communauté européenne. La guerre a pris fin en 1945, et 1954 a vu le début du Marché commun entre trois pays qui se faisaient la guerre. Quelle est la force qui permet cela ? La force des peuples qui comprennent qu’ils peuvent accomplir des choses à travers leurs cadres et institutions. Avec notre mentalité, en revanche, nous tournons nos regards vers la grille de la base militaire pour voir si un tank en sort. C’est une erreur. C’est une erreur. Nous ne devons jamais envisager le changement par la violence.
