Le communiqué de clôture de la réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui s’est tenue au Caire le 19 novembre 2017, incluait la description du Hezbollah comme une organisation terroriste et l’accusation qu’il « soutient le terrorisme et les organisations terroristes dans les pays arabes en leur [fournissant] des armes de pointe et des missiles balistiques ».[1] Ce communiqué a suscité les condamnations du Hamas, qui a publié son propre communiqué dénonçant la désignation du Hezbollah comme organisation terroriste. De même, l’officiel du Hamas Moussa Abou Marzouq a tweeté des messages s’opposant à cette désignation et avertissant que le Hamas et d’autres « forces de la résistance » risquaient d’être à leur tour désignées comme des organisations terroristes.
Au vu de ces réactions du Hamas, des débats virulents ont éclaté dans les médias sociaux arabes, en particulier sur Twitter, notamment entre Palestiniens et Saoudiens. Ils se sont focalisés sur l’importance de la cause palestinienne aujourd’hui, et sur le comportement de différents acteurs palestiniens, du Hamas en particulier. Ces débats comprenaient de vives critiques du Hamas de la part d’utilisateurs des médias sociaux arabes, en particulier saoudiens, qui affirment qu’il est, comme le Hezbollah, au service de l’Iran et qu’il exploite la cause palestinienne dans l’intérêt de l’Iran. Certains ont même qualifié le Hamas lui-même d’organisation terroriste, affirmant qu’il avait trahi le peuple palestinien, et qu’il était ingrat envers les pays et les peuples arabes, malgré tout ce qu’ils ont fait au fil des ans pour soutenir les Palestiniens.
Dans le cadre de ces discussions, un hashtag, #Riyadh is more important than Jerusalem, (#Riyad est plus important que Jérusalem), a été diffusé par des utilisateurs saoudiens de Twitter, et repris dans des tweets condamnant l’attitude des Palestiniens en général, et celle du Hamas en particulier, ainsi que d’autres tweets appelant les Saoudiens à cesser de se focaliser sur les Palestiniens pour s’occuper de leur propre pays. Les auteurs saoudiens de ces tweets incluaient des gens des médias et des intellectuels progressistes, comme le journaliste et écrivain saoudien Turki Al-Hamad, le conférencier spécialiste des médias de l’université Zayed de Dubaï Najat Al-Saeed, ou encore le commentateur politique Khaled Al-Dakhil.
En réponse aux tweets saoudiens condamnant le Hamas et les Palestiniens en général, des utilisateurs arabes de Twitter, principalement palestiniens, ont tweeté des objections à ces arguments, en soulignant que la question palestinienne concernait chaque musulman dans le monde et que ces arguments servaient uniquement Israël.
Un autre débat palestino-saoudien a émergé sur Twitter suite à de nombreuses informations dans les médias concernant la réunion à Riyad, le 26 novembre dernier, de la coalition islamique contre le terrorisme, durant laquelle a été présentée une vidéo montrant des tireurs palestiniens dans le quartier de Guilo à Jérusalem, et les décrivant comme des terroristes. Des Palestiniens furieux ont tweeté que ce qualificatif appliqué à des membres de la « résistance palestinienne » était « très dangereux » et « honteux, dans tous les sens du terme ».
En outre, les informations de plus en plus nombreuses concernant un réchauffement des relations saoudo-israéliennes, qui semblent évoluer vers une normalisation, et les déclarations de plusieurs journalistes saoudiens soutenant des relations plus étroites avec Israël, ont créé un terreau fertile aux tensions entre les deux pays.
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