Le 22 janvier 2018, peu avant la Journée internationale du Souvenir de l’Holocauste (27 janvier 2018), Dr Mohammed Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale basée en Arabie saoudite, a envoyé une lettre à Sara Bloomfield, directrice du musée mémorial de l’Holocauste de Washington D.C., dans laquelle il a condamné l’Holocauste en termes extrêmement sévères, le qualifiant d’ « événement ayant ébranlé l’humanité et dont l’horreur ne peut être niée ou sous-estimée par aucun individu impartial ou épris de paix ». Il a ajouté que « cette tragédie humaine perpétrée par le nazisme maléfique ne tombera pas dans l’oubli de l’histoire, ni ne sera approuvée par quiconque, sinon par les criminels nazis ou [les personnes] de leur genre ».[1]
Al-Issa s’est récemment fait connaître pour ses activités visant à atténuer les tensions entre les musulmans et l’Occident et pour son soutien à la tolérance religieuse et au dialogue interreligieux. En mai 2017, il avait appelé les musulmans vivant en Occident à respecter les lois locales interdisant le port du voile, si le pays dans lequel ils vivent a édicté une telle loi, ou bien à s’installer dans un autre pays, où ils pourraient porter le voile librement.[2] En novembre 2017, il a rencontré le Grand-Rabbin de France et le président de la Grande Synagogue de Paris et a visité la synagogue, devenant le dignitaire religieux saoudien à le faire.[3] Dans un discours prononcé en février 2018, lors de la Conférence de « l’Alliance de la vertu pour le bien commun » à Washington, organisée par le Parlement des religions du monde, Al-Issa a appelé au respect du pluralisme des idées, et mis en garde contre l’activité de nouveaux adeptes du nazisme qui encouragent la barbarie, et contre le soutien que des dirigeants religieux leur apportent, parfois involontairement.[4] Récemment, il s’est également rendu à l’Académie pontificale des Sciences du Vatican,[5] et a rencontré Douglas Padgett, conseiller principal pour la Lutte contre l’extrémisme violent au Département d’Etat américain.[6]
Les déclarations d’Al-Issa dans sa lettre condamnant l’Holocauste, inhabituelles pour un membre de l’establishment religieux saoudien, ont suscité de vives critiques sur les réseaux sociaux, où il a été accusé, conjointement avec la Ligue islamique mondiale, d’ignorer les crimes perpétrés contre les Arabes, et notamment les Palestiniens. A l’inverse, des articles dans la presse saoudienne locale et internationale ont défendu Al-Issa, affirmant qu’il reconnaissait sans nul doute les injustices perpétrées contre les Arabes et les Palestiniens dans le passé et au présent. Certains de ces articles appelaient également le monde arabe à soutenir ses déclarations et à suivre son exemple.
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