La demande adressée en août dernier par l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, au directeur-général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano, d’autoriser les inspecteurs de l’AIEA à visiter les sites militaires en Iran, et pas seulement les sites nucléaires déclarés par l’Iran, et la déclaration d’Amano selon laquelle l’AIEA est autorisée à entrer dans tous les sites en Iran, nucléaires ou militaires, ont été rejetées de manière absolue et unanime par les officiels du régime iranien. Ces officiels ont souligné le fait que ces revendications s’écartent du JCPOA, qui stipule que les étrangers, y compris les inspecteurs de l’AIEA, ne sont pas autorisés à visiter les sites militaires en Iran, et que l’Iran n’autoriserait aucun élément étranger à le faire. Ils ont également attaqué Amano, affirmant qu’il « invente » des éléments qui ne sont pas inclus dans le JCPOA.
Velayati : « Les accords avec l’AIEA ne mentionnent aucun accès aux sites militaires [en Iran] ; la prétention à un tel droit est une invention d’Amano lui-même »
Ali Akbar Velayati, haut-conseiller du Guide suprême iranien Ali Khamenei, a affirmé le 12 septembre 2017 :
Il est interdit aux étrangers d’entrer sur les sites militaires iraniens. Le [directeur de l’AIEA Yukiya] Amano a déclaré hier que, si nécessaire, l’AIEA pourrait obtenir un accès aux sites militaires de l’Iran, et qu’il n’y avait aucune différence entre les sites militaires et non militaires. J’affirme que les accords avec l’AIEA ne mentionnent aucun accès [des inspecteurs de l’AIEA] aux sites militaires [en Iran], et que si c’était le cas, nous n’aurions pas donné notre aval. La prétention à un tel droit est une invention d’Amano lui-même…
Aucun élément étranger, y compris Amano et ses inspecteurs, n’a le droit de visiter nos centres militaires, car ils sont considérés comme des zones interdites. La sphère de sécurité [de l’Iran] est considérée comme top secret absolu pour tout étranger.[1]
Le 29 août, Velayati a déclaré :
Les Américains emporteront avec eux dans la tombe ce rêve que nous les autoriserons à visiter nos sites sensibles et militaires. Ils emporteront dans leur tombe [leur souhait] de visiter nos installations militaires, sous le prétexte du JCPOA ou tout autre prétexte. Nous ne les laisserons en aucun cas le faire. Les déclarations [du président] Trump étaient destinées à des fins internes, et il sait qu’il ne jouit d’aucun respect ou influence dans la région. L’Iran en particulier, qui est l’axe de la résistance, n’autorise en aucun cas de visites dans les sites sensibles.[2]
L’ancien chef d’état-major Firouzabadi : « Haley ment » au sujet du JCPOA ; nous n’autoriserons aucune visite de nos centres militaires
Hassan Firouzabadi, haut conseiller militaire de Khamenei et ancien chef d’état-major iranien, a déclaré le 27 août :
La représentante américaine à l’ONU Nikki Haley… ment [au sujet du JCPOA]. Le JCPOA n’autorise pas de visites de centres militaires. En Iran, aucun élément, domestique ou étranger – pas même les membres des forces armées [iraniennes] – n’est autorisé à visiter les centres militaires, hormis avec l’autorisation du Guide suprême [Khamenei]. [3]
Le ministre des Affaires étrangères Zarif : « Les déclarations de Haley montrent son ignorance du contenu du JCPOA »
Le ministre des Affaires étrangères iranien Javad Zarif a déclaré le 23 août :
Le cadre du JCPOA est complet, et chaque domaine comporte des solutions définies qui ont été débattues et rédigées dans le menu détail. Cet accord n’inclut sans doute pas tout ce que chacune des parties souhaitait, et c’est naturel. Aucun accord ne comprend tous les souhaits de l’une des parties, sinon, ce ne serait pas un « accord » mais un mode d’emploi. Cet accord est nommé JCPOA [Plan d’action conjoint] afin de montrer que toutes les parties sont parvenues à un point d’entente à mi-chemin de leurs revendications.
Les déclarations de Haley révèlent son ignorance du contenu du JCPOA. Le JCPOA lui-même [aborde] de manière claire et explicite tous les domaines sur lesquels Haley a exprimé son opinion.
La portée des visites [des sites iraniens] est définie par le JCPOA. Les déclarations de Haley concernant la vérification [des soupçons] de l’AIEA est fondamentalement erronée… car le JCPOA définit la question de la vérification, son cadre et ses principes, et qu’actuellement, ce qui est écrit dans le JCPOA est mis en œuvre.
Peut-être Haley voudrait-elle autre chose [que ce que stipule le JCPOA], mais elle ne peut présenter ses demandes, ses souhaits et ses désirs comme des problèmes inhérents au JCPOA. Si, comme ses collègues, Haley avait été présente pendant les pourparlers, elle comprendrait que ce qui a été convenu dans le JCPOA est quelque chose d’équilibré, sur lequel tous les participants se sont mis d’accord, et qui n’inclut pas seulement les demandes et les souhaits d’une ou de plusieurs des parties du JCPOA. Cette vérité est également stipulée dans les déclarations des Européens et des alliés de l’Amérique.[4]
Le 13 septembre, Zarif a encore déclaré :
L’Article 74 de l’Annexe I du JCPOA souligne qu’une visite [des sites militaires de l’Iran] ne peut servir de prétexte pour recueillir des informations sur les secrets de l’Iran. [5]
Lire l’article dans son intégralité en anglais
Notes :
[1] Asr-e Iran (Iran), 12 septembre, 2017.
[2] Fars (Iran), 29 août 2017.
[3] Tasnim (Iran), 27 août 2017.
[4] ISNA (Iran), 23 août 2017.
[5] ISNA (Iran), 13 septembre 2017.