Par Y. Graff*
Souffrant d’une crise économique persistante, l’Egypte a récemment pris une mesure inhabituelle pour attirer les investisseurs étrangers : un amendement à la loi autorise désormais le gouvernement à accorder la citoyenneté égyptienne aux investisseurs étrangers. Il fait suite à un amendement de même type aux lois relatives à la citoyenneté – loi n° 89 (1960) et loi n° 26 (1975), amendement ratifié par Abd Al-Fattah Al-Sissi l’année dernière, en août 2018.
L’amendement de 2018 permettait d’accorder la nationalité aux investisseurs ayant versé au moins sept millions de livres égyptiennes (392 000 dollars) sur des comptes de banques égyptiennes sur une durée de cinq ans. [1] Le dernier amendement, ratifié par le président le 31 juillet 2019, autorise le gouvernement à naturaliser tout étranger ayant acquis des biens immobiliers à l’Etat égyptien, initié un projet d’investissement dans le pays ou déposé des fonds dans la banque centrale égyptienne (aucun montant minimal n’est spécifié). Il stipule encore que les candidats à la naturalisation doivent payer la somme de 10 000 dollars et peuvent demander à conserver l’anonymat. [2]
L’amendement de 2018 aux lois relatives à la citoyenneté avait déjà suscité des critiques de la part de politiques, députés et journalistes égyptiens considérant qu’il déshonorait le pays. L’amendement approuvé cette année, qui propose de nouvelles façons d’acquérir la nationalité, a suscité de nouvelles critiques, toutefois moins virulentes. Les critiques ont affirmé que la nationalité ne devait pas être bradée pour 10 000 dollars, mais accordée uniquement aux personnes faisant preuve d’un engagement exceptionnel envers l’Egypte. D’autres ont exprimé leur préoccupation que la loi amendée permette aux étrangers naturalisés d’accéder à des postes d’influence dans le pays, ce qui permettrait même aux « sionistes » de contrôler l’Egypte et compromettrait la sécurité nationale. Le régime, de son côté, a souligné à plusieurs reprises que l’objectif de ces amendements était de redresser l’économie du pays et d’accroître ses revenus.
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*Y. Graff est chargé de recherche à MEMRI.
Notes :
[1] Al-Ahram (Egypte), 16 juillet 2018, Al-Yawm Al-Sabi (Egypte), 15 août 2018.
[2] Les demandes de citoyenneté seront examinées par un comité formé par le Premier ministre, lequel soumettra sa réponse dans les trois mois suivant l’examen des aspects de la sécurité de l’État. Si la demande est approuvée, le demandeur recevra un permis de séjour temporaire de six mois jusqu’à ce que la procédure de naturalisation soit terminée. Al-Yawm Al-Sabi (Égypte), 7 juillet 2019.