Le 30 décembre 2019, un débat sur l’excision en Egypte était diffusé sur la chaîne TV Al-Hurra (États-Unis). Le cheikh salafiste égyptien Sameh Abd Al-Hamid a soutenu que l’excision était comparable à la circoncision et qu’elle augmentait le plaisir féminin en plus d’être une pratique hygiénique.
Randa Fakhr Al-Din, gynécologue obstétricienne, a objecté que l’excision était source de douleurs extrêmes et l’a comparée à l’ablation de l’estomac. Extraits :
Sameh Abd Al-Hamid : L’excision ressemble en tous points à la circoncision masculine. La circoncision féminine contribue au plaisir de la femme et facilite l’hygiène en permettant un meilleur accès, exactement comme [la circoncision] pour l’homme. Elle contribue au plaisir de la femme et maximalise le contact des organes génitaux. Pardonnez-moi pour ces termes…
Modérateur : Quelles sont vos sources scientifiques ?
Sameh Abd Al-Hamid : C’est ce que disent les médecins. Je n’ai rien inventé. […]
Randa Fakh Al-Din : Imaginez le degré de douleur infligée à la femme quand on lui retire son enveloppe clitoridienne.
Sameh Abd Al-Hamid : Je ne suis pas sûr que…
Randa Fakh Al-Din : C’est scientifique…
Modérateur : Vous n’êtes pas d’accord ? C’est scientifique.
Sameh Abd Al-Hamid : Je parle d’une étude médicale que j’ai lue…
Randa Fakh Al-Din : Je me fiche de l’étude que vous avez lue…
Sameh Abd Al-Hamid : Selon cette étude, [les circoncisions] de l’homme et de la femme sont identiques…
Randa Fakh Al-Din : Non, elles ne sont pas identiques…
Sameh Abd Al-Hamid : Je parle de l’étude que j’ai lue.
Randa Fakh Al-Din : Je parle de science et non d’une étude faite par quelqu’un dans le but de justifier… Lorsque vous retirez cette partie [du clitoris], vous créez une situation qui fait que chaque fois qu’elle aura des rapports sexuels avec son époux, il y aura contact direct avec ses terminaisons nerveuses, ce qui est très douloureux. A chaque fois qu’une femme qui a subi une ablation partielle du clitoris vient dans notre clinique, elle souffre atrocement. Imaginez l’ampleur de la tragédie… Dans de tels cas, je dis toujours qu’il aurait mieux valu lui retirer l’intégralité du clitoris plutôt que de l’exposer à une telle douleur.
Modérateur : Dr Randa, j’aimerais vous remercier pour ce discours scientifique académique fiable, qui peut servir de preuve…
Sameh Abd Al-Hamid : Eh bien, je ne suis pas d’accord avec ce discours. Elle ne présente que son point de vue personnel.
Randa Fakh Al-Din : Ce n’est pas mon point de vue personnel. C’est scientifique. […] Où se situe le désir ? En tant qu’êtres humains, nous avons cinq désirs. Quels sont-ils ? La faim, la soif, le sommeil, la peur et le désir sexuel. Où se situent-ils ?
Sameh Abd Al-Hamid : Dans la psyché d’une personne…
Randa Fakh Al-Din : Non, Monsieur. Ils se situent dans le cerveau.
Sameh Abd Al-Hamid : C’est ce que j’ai dit…
Randa Fakh Al-Din : Non, ils se situent dans le cerveau, pas dans la psyché. Pourquoi se situent-ils dans le cerveau ? Parce que nous…
Sameh Abd Al-Hamid : Nous parlons de…
Randa Fakh Al-Din : Laissez-moi finir, Monsieur. Je ne vous ai pas interrompu. Pourquoi se situent-ils dans le cerveau ? Parce que nous sommes des êtres humains. Les êtres humains peuvent contrôler leurs pulsions et leurs désirs en fonction de leur éducation et de leurs mœurs. C’est ainsi que Dieu nous a créés. Nous pouvons contrôler nos désirs.
Sameh Abd Al-Hamid : Quel est le rapport ?
Modérateur : Vous parlez de retirer un organe pour contrôler le désir de la femme.
Randa Fakh Al-Din : Vous parliez d’enlever un organe pour contrôler le désir d’une femme. Lorsque nous jeûnons et que nous voyons de la nourriture, nous ne la mangeons pas. Pourquoi ? Parce que nous craignons notre Dieu et Le respectons et ne voulons pas Le fâcher. C’est pourquoi je suis capable de surmonter ce désir.
Sameh Abd Al-Hamid : D’accord…
Randa Fakh Al-Din : Laissez-moi simplement finir mon explication.
Sameh Abd Al-Hamid : Allez-y, je vous en prie…
Randa Fakh Al-Din : S’agissant du désir sexuel, le fait de retirer le clitoris correspond exactement à retirer l’estomac. Imaginez une personne affamée qui veut manger mais n’a pas la partie qui satisfait ce désir. C’est ce que vous voulez infliger aux femmes ou aux filles. Elles éprouvent du désir sexuel, mais la partie capable de leur apporter satisfation est manquante.
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