Au lendemain du tir d’un missile balistique de longue portée, le 5 novembre 2017, depuis le Yémen contre Riyad, capitale saoudienne, le quotidien iranien Kayhan, organe du camp idéologique iranien, a publié un article en une contenant des menaces de tirs de nouveaux missiles sur l’Arabie saoudite et les EAU [Emirats arabes unis] par les milices houthies pro-Iran au Yémen. [1]
En outre, Hossein Dalirian, correspondant militaire de l’agence de presse iranienne Tasnim, affiliée au Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) d’Iran, a tweeté en plaisantant sur la possibilité que des dizaines de missiles soient tirés du Yémen vers Riyad, et des missiles iraniens tirés directement contre l’Arabie saoudite en cas de guerre entre les deux pays – éradiquant Riyad.
On trouvera ci-dessous la traduction de l’article en une de Kayhan du 6 novembre 2017 et des tweets du correspondant militaire de Tasnim, Dalirian, sur les attaques de missiles massives contre Riyad depuis le Yémen et l’Iran :
La une de Kayhan du 6 novembre 2017 : « Un missile d’Ansar Allah [Houthis] tiré contre Riyad ; Prochaine cible : Dubai »
Un missile Scud de longue portée tiré par l’armée du Yémen et ses milices populaires a frappé l’aéroport international de la capitale saoudienne. Ce [tir de missile] a secoué le régime de [la famille] Al-Saoud, fait de paille, et a alarmé les dirigeants de Riyad.
Le 25 mars 2015, le régime d’Al-Saoud a lancé sa première attaque aérienne contre les femmes et enfants sans défense du Yémen. Il n’a jamais pensé que 32 mois plus tard, il serait ainsi humilié et tendu.
Samedi soir, le missile Burkan 2H appartenant à l’armée du Yémen et à Ansar Allah a traversé le ciel de Riyad et atterri comme la foudre sur l’aéroport international King Khaled. Ce missile a frappé et choqué la ville tout entière, et même ses alentours. En conséquence de l’explosion, une fumée épaisse a enveloppé le ciel au-dessus de l’aéroport. Cela coûte cher au roi et aux princes saoudiens choyés, et a même été un sujet de préoccupation pour les cheikhs d’Abou Dhabi et du port de Dubaï, qui est très vulnérable. Ils ont compris à présent que les menaces d’Abd Al-Malik Al-Houthi, dirigeant d’Ansar Allah au Yémen, étaient tout à fait sérieuses, et que les missiles yéménites ont à la fois la portée et la [capacité] de frapper avec précision…
Désormais, les princes qui ont mis la main sur toutes les richesses du peuple saoudien ne connaîtront plus de paix dans leurs palais luxueux. Ils doivent accepter la nouvelle situation, ou bien fuir leur pays. Même les EAU ont compris que leur tour était également venu de payer le prix de l’attaque contre le Yémen.
Des développements inquiétants en cours
L’attaque de missile contre Riyad a révélé que la capacité militaire de l’Arabie saoudite était inférieure à ce que pensaient les experts. Après l’attaque, les médias saoudiens ont d’abord affirmé que le système antimissile [saoudien] avait intercepté le missile, alors qu’il se trouvait encore dans les airs. Quelques heures plus tard, toutefois, des responsables de l’aéroport King Khaled ont reconnu que le missile avait atteint sa cible. Néanmoins, pas un mot n’a été publié dans les médias sur les dommages causés.
Cela montre que l’Amérique a abandonné l’Arabie saoudite alors qu’elle se trouve vraiment en danger, ou plus exactement, que l’Amérique ne peut rien faire pour l’Arabie saoudite.
Après le tir de missile, le porte-parole d’Ansar Allah au Yémen a rappelé à la coalition saoudienne agressive : « Nous avons souvent affirmé que les capitales de nos ennemis sont à la portée de nos missiles balistiques. »
Ces menaces et déclarations montrent bien que la situation dans la région a changé, et que désormais, non seulement l’Arabie saoudite n’est plus une région sûre pour les investissements occidentaux, comme elle l’était jadis, mais Dubaï et Abou Dhabi ne le sont pas non plus, même s’ils ne sont pas touchés.
En sus de la scène des combats en Asie occidentale [expression iranienne désignant le Moyen-Orient], dans l’arène politique aussi, nous voyons qu’au cours des derniers jours, le régime d’Al-Saoud et ses alliés dans la région et en Occident font des déclarations agressives contre le Yémen et contre l’Iran. Quelques heures tout juste avant que le missile d’Ansar Allah ne frappe Riyad, Saad Al-Hariri a présenté sa démission du poste de Premier ministre du gouvernement libanais, et fait des déclarations anti-iraniennes sans rapport.
Ces derniers jours, un responsable de la sécurité américain a visité Damas.[2] Personne ne sait ce que ce qu’il a déclaré aux personnalités syriennes, mais le journal Al-Rai Al-Yawm, publié à Londres, a observé que ce haut-représentant américain avait affirmé aux responsables syriens que l’Amérique reconnait officiellement le régime syrien [d’Assad].
Ces développements dans la région viennent s’ajouter à la défaite des takfiris [terme iranien désignant l’Etat islamique (EI)], qui ont été financés et entretenus au cours de la dernière décennie par l’Arabie saoudite. Rien de tout cela n’est de bon augure pour le régime Al-Saoud.
La vérité est que la région se prépare à des développements considérables, et il semble que [dans l’ère] post-EI, l’Arabie saoudite sera la première victime de ces grands développements. Mohammed ben Salman est candidat à la monarchie [saoudienne], mais il rencontre de nombreux problèmes, tant à l’intérieur de son pays qu’à l’étranger, et par conséquent, certains experts affirment qu’il n’accédera jamais au trône.
En sus des pressions économiques et de la lutte de pouvoir au sein de la famille, Mohammed ben Salman doit aussi compter les missiles d’Ansar Allah dans le ciel saoudien…
Dans tous les cas, ce sont à présent Ansar Allah et les révolutionnaires du Yémen qui détermineront où frappera le [prochain] missile longue portée. Peut-être Riyad, Jeddah, Taef ou Aramco seront-elles les prochaines cibles ; peut-être Ansar Allah visera-t-il les ogives du port de Dubaï, entièrement en verre. Quoi qu’il en soit, le pouvoir est aux mains des révolutionnaires au Yémen.[3]
Lire le rapport dans son intégralité en anglais