Voir les extraits vidéo sur MEMRI TV

L’imam franco-tunisien Hassan Chalghoumi a dénoncé l’islam politique, précisant que le takfir [le fait d’accuser les autres d’hérésie] « fait partie de la nation islamique et du monde arabe » et que l’Etat islamique a émergé « de nos propres pays, d’entre nos fils ». Selon Chalghoumi, imam de la mosquée de Drancy, en Seine-Saint-Denis, les individus partis rejoindre l’EI en Syrie et en Irak ne devraient pas être autorisés à revenir. « Ce sont des tueurs », a-t-il déclaré, lors d’une interview sur la chaîne télévisée tunisienne Al Janoubia, le 7 février 2018, avertissant que « les services sociaux [français] ne sont pas habilités à s’occuper de ce type d’enfants ». « A cause des crimes brutaux qu’ils ont commis, ils sont devenus barbares », a déclaré l’imam Chalghoumi : « un garçon de 12 ans de ce type pourrait entrer dans une école française avec un couteau et massacrer 60 personnes. Pourquoi devrions-nous être ceux qui payent le prix ? », a-t-il demandé. Extraits :

Hassan Chalghoumi : Malheureusement, il existe un petit groupe de gens qui ne croient pas en la diversité d’opinions. Ils ne croient pas en la miséricorde de l’islam, en son caractère fédérateur ou en son humanité. Ils croient qu’il ne peut y avoir qu’une opinion unique. Ils croient que l’on peut accuser d’hérésie quiconque n’est pas d’accord avec vous. Ils croient que les gens ont de mauvaises intentions. Ils croient en la violence. Je parle là de l’islam politique dans son ensemble : les tafkiris, les salafistes, les Frères musulmans, tous. […]

Lorsque nous sommes confrontés à ce que font l’Etat islamique et les groupes tafkiris, ou aux agissements des groupes qui ont politisé l’islam et lui ont nui, en Tunisie et ailleurs, devons-nous garder le silence ? Absolument pas. Au contraire, c’est notre responsabilité de parler et de donner notre opinion.

Journaliste : Même au péril de sa vie ?

Hassan Chalghoumi : Eh bien, ils sont des milliers à en payer le prix. Ces six dernières années, deux millions de personnes ont été tuées ou blessées dans le monde arabe. Jusqu’à quand cela va-t-il durer?

Journaliste : A cause de l’Etat islamique ?

Hassan Chalghoumi : Oui, à cause de l’EI, du takfir et de l’islam politique. […] Si le dénommé « califat islamique » s’est érigé sur les cadavres de civils innocents, et par la destruction d’une civilisation entière… Si le but de l’islam est de tuer les non-musulmans, pourquoi ne les a-t-il pas tués dès le début ? Nous devrions cesser de blâmer les autres. Nous croyons toujours aux théories du complot. Les soufis croient que si vous pointez quelqu’un d’autre du doigt, trois autres doigts sont pointés sur vous. Nous sommes donc responsables des trois-quarts du problème. Le takfir fait partie de nous.

Journaliste : Qu’entendez-vous par « nous » ?

Hassan Chalghoumi : Il fait partie de la nation islamique et du monde arabe. D’où sont venus les membres de l’EI ? Ont-ils emergé de la mer ? Ils sont venus de nos propres pays, d’entre nos fils. Quelque 5 000 à 7 000 Tunisiens ont rejoint l’EI. 7 000 [membres de l’EI] viennent d’Europe, 1 700 de la France seule. Ces chiffres sont incroyables ! […] Environ 200 [djihadistes] sont récemment retournés [en France]. Mais pourquoi sont-ils partis pour commencer ? S’ils avaient été séduits en 2011 ou 2012, peut-être pourrions-nous le comprendre. Il y avait à cette époque des appels à la liberté et au soutien, et l’on parlait de catastrophe humanitaire, etc. Mais pourquoi ne sont-ils pas revenus à la raison en 2013, 2014 ou 2015 ? Cela a duré cinq ou six ans – des meurtres, un génocide, des viols, des décapitations, des choses dont on n’avait jamais enendu parler. L’humanité n’avait peut-être jamais connu une telle brutalité jusqu’alors… Donc s’ils ne se sont pas repentis ou n’ont pas rejeté cette idéologie à ce moment, pourquoi reviennent-ils aujourd’hui ? Il y avait une femme qui est partie…

Journaliste : Ils reviennent parce que l’EI a été vaincu.

Hassan Chalghoumi : C’est exact. Si l’EI avait gagné, ils seraient restés là-bas, et auraient conquis d’autres pays et semé la destruction… Ils ne doivent jamais revenir. Ce sont des tueurs.

Journaliste : Ne doit-on pas les autoriser à revenir ?

Hassan Chalghoumi : Absolument pas. Ce sont des tueurs. […] En France, par exemple, une femme est récemment revenue [de Syrie]. Elle s’est fait arrêter à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Elle a été immédiatement emprisonnée pour appartenance à un groupe extrémiste. Ses enfants ont été pris en charge par les services sociaux, comme le veut la loi.

Ou prenez la sœur de Mohammed Merah, l’auteur du crime [des attentats] de Toulouse. Elle est allée en Syrie et en Irak avec ses quatre fils. Pourquoi est-elle allée là-bas ? Aujourd’hui elle veut revenir. Au nom de quoi devrait-elle être autorisée à revenir ? Nos services sociaux ne sont pas habilités à s’occuper de ce type d’enfants. Ce sont des enfants qui ont perdu leur enfance, je regrette de le dire. A cause de ces crimes brutaux qu’ils ont commis, ils sont devenus barbares. Un garçon de 12 ans de ce type peut entrer dans une école française avec un couteau, et massacrer 60 personnes. Pourquoi devrions-nous en payer le prix ?

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here