Hassan Chalghoumi, imam de Drancy et président de la Conférence des imams de France, est jusqu’à aujourd’hui la cible de menaces, notamment en France, tant de la part des partisans de l’Etat islamique, pour qui il entre dans la catégorie des apostats, que pour les nombreux sympathisants de l’Union des organisations islamiques de France et les autres structures proches de Frères musulmans, qui ne voient pas d’un bon œil les efforts déployés par l’imam pour le rapprochement interconfessionnel et le rapprochement entre les peuples.
En novembre 2017, l’Imam initiait une Marche des musulmans contre le terrorisme ; amorcée au Mur de la Paix du Champ de Mars, le lundi 13 novembre, elle s’est terminée au Bataclan, en mémoire des attentats du 13 novembre. Cette marche a réuni des musulmans de nombreux pays.
Avant cela, en 2013 puis de nouveau en 2014, l’imam Chalghoumi lançait une autre initiative visant à promouvoir la paix entre les peuples, envoyant en Israël et en Palestine des délégations de musulmans d’Europe, du Maghreb et d’Afrique, à la rencontre de personnalités tant israéliennes que palestiniennes, personnalités religieuses et laïques, politiques ou pas.
Ces initiatives originales et de grande envergure ont suscité l’ire des musulmans radicaux islamistes ou liés aux Frères musulmans (UOIF, structures et sites sympathisants).
Ainsi, Hassen Chalghoumi a été mentionné dans une vidéo officielle de l’Etat islamique, le 02 février 2015 : cette vidéo constitue une menace directe et a dans les faits le statut de fatwa pour tout individu pro-EI. Souvent, y compris dans le cas de l’attentat contre Charlie Hebdo, des opérations ont été menées des années après la publication d’un avis religieux de ce type.
Plus généralement, la propagande de Daech a fait des « apostats » sa cible principale. En avril 2016, dans le numéro 14 du magazine de l’Etat islamique Dabiq, l’Etat islamique appelait ses partisans en pays occidentaux à tuer les leaders musulmans considérés comme apostats. En août 2016, dans le dixième numéro du magazine en français de l’EI Dar al-Islam, l’EI appelait à tuer les « Imams de l’incroyance », désignant comme tels les personnalités religieuses musulmanes opposées à l’Etat islamique. Une campagne de l’EI appelle actuellement au meurtre de ces « imams de l’incrédulité » en pays arabes aussi bien qu’en Occident.
L’imam de Drancy étant une personnalité très médiatisée, ses faits et gestes sont suivis avec attention. Il est en particulier la cible d’une forte animosité provenant de larges secteurs de la population musulmane française proche de l’UOIF. En France, il est accusé de manière récurrente d’être le « serviteur » des intérêts sionistes / juifs et de leurs alliés, tels que l’Arabie saoudite ou les EAU, ce qui, dans le contexte politique actuel, représente une accusation grave pour ceux qui la formulent. Il est surnommé « Charles Ghoumi » sur les réseaux sociaux, appellation péjorative moqueuse. En 2016, il a fait l’objet d’un déluge de haine sur les réseaux sociaux pour avoir posté deux message de compassion à l’égard de Shimon Peres, prix Nobel de la Paix, peu avant son décès. De telles accusations et la banalisation de la hargne sont susceptibles de donner lieu à des violences en tous genres – verbales et physiques.
Hassen Chalghoumi a été mis en avant par des politiques français comme un symbole de la coexistence de l’Islam et de la République, ce qui augmente sa visibilité et sa vulnérabilité face à ses nombreux détracteurs.
Pour toutes ces raisons, Hassen Chalghoumi demeure une cible de choix, aussi bien pour les partisans de l’Etat islamique que pour les nombreux sympathisants de l’UOIF et des Frères musulmans, qui alimentent la haine à son égard.