Dans un article intitulé « Qui sont les infidèles ? », mis en ligne le 27 avril 2019 sur le site de presse Cratersky.net, basé à Aden, qui se qualifie d’ « indépendant », Ali Al-Bukhaiti, journaliste, homme politique et ancien responsable du mouvement houthiste yéménite, a attaqué les islamistes qui prétendent combattre au nom de l’islam et qui traitent l’Occident d’ « infidèle ».
Al-Bukhaiti a demandé qui avait besoin de la foi, si les « infidèles » – à savoir l’Occident – étaient ceux qui produisaient des inventions et des succès tandis que la « foi », comme perçue par les extrémistes, ne produit que mort et destruction. Il a ajouté que le progrès et le développement ne connaissaient pas de religion, et que les pays qui suivent un programme religieux sont en général arriérés, alors que les pays qui accordent la priorité au bien-être de leurs citoyens sont ceux qui leur sont profitables et qui progressent. Extraits :[1]
Je veux savoir qui sont les [vrais] infidèles. Sont-ce ceux qui construisent leur pays, qui améliorent la vie de leurs citoyens et leur offrent le bien-être, l’assurance maladie, une éducation progressiste, de bons services, une infrastructure développée et l’honneur et le respect de leur humanité ? Ou ceux qui combattent à Taïz et dans d’autres villes du Yémen, [ainsi qu’en] Libye et en Syrie, pour défendre ce qu’ils considèrent comme le véritable islam ? Qui sont les infidèles – nous, ou les Européens et le monde développé ? Et si c’est l’hérésie qui produit toutes les réussites et inventions humaines et améliore la vie des gens, alors qui a besoin de la foi ? [Qui en a besoin] si ceux qui nous représentent sont [le chef des Frères musulmans au Yémen Abd Al-Majid] Al-Zindani ; [le chef houthiste Abd Al-Malik] Al-Houthi ; [le chef du parti Al-Islah, branche politique des Frères musulmans au Yémen, Mohammed Abdallah Ali] Al-Yadumi ; [le chef salafiste yéménite Adel Abdu Fari Al-Dhubhani, alias] Abou Al-Abbas, et le [vice-président du Conseil de transition au Sud du Yémen, Hani] Ben Breik ?
Par Allah, la foi qui ne développe pas les sociétés est une hérésie manifeste contre le Créateur. Allah soutient tout ce qui est beau, aide l’homme et apaise ses peines. La foi est liée à la beauté, à l’amour, à la tolérance et à l’acceptation d’autrui. La foi s’exprime par le respect de l’autrui et par les bonnes actions au service de la société et de l’humanité. Ce [type de] foi est conforme aux lois divines. L’hérésie c’est tuer, détruire, inciter à la haine contre les autres, car ces actes sont contraires à toutes les lois et à tout ce qui est beau dans la vie.
Le progrès dans la vie des nations ne dépend pas du type de religion [qu’ils suivent], mais de la relation entre la religion, l’Etat et la politique. Les pays qui mettent leur droit et leur législation au service de leurs programmes religieux – quels qu’ils soient – échouent pour la plupart et s’effondrent, à cause des luttes communautaires internes entre les groupes et les courants autour de la question : qui représente la vraie religion. [Inversement,] les pays qui ne se lient pas eux-mêmes, ainsi que leurs lois et leurs politiques, aux programmes religieux, [mais qui se] préoccupent des intérêts de leurs citoyens, sont ceux qui profitent à leur population et qui progressent.
La religion appartient au peuple. [Le rôle] de l’Etat est de protéger la liberté de religion et de croyance, tout en maintenant une distance égale vis-à-vis de toutes les religions et écoles de pensée. Son rôle est d’organiser et de veiller à ses citoyens, et de répondre à leurs besoins en termes de sécurité, de services, de santé et de tout autre besoin, à tout moment, en échange des impôts qu’il perçoit. Ce sont là les fonctions de l’Etat. Il ne doit pas s’ingérer dans les croyances des gens. Tout parti qui inclut la religion dans son programme [promeut essentiellement] un programme de fitna [division] communautaire et un moyen de priver les citoyens de leurs droits et de limiter leur liberté.
Lien vers le rapport en anglais
Note :
[1] Cratersky.net, 27 avril 2019.