*Par B. Shanee

Le décret émis le 26 septembre 2017 par le roi d’Arabie saoudite, levant l’interdiction faite aux femmes de conduire dans le royaume, a déclenché une tempête de réactions dans les médias officiels et sur les comptes de réseaux sociaux saoudiens. Les médias gouvernementaux ont largement couvert les réactions favorables à la décision, tout en soulignant son caractère historique et ses avantages économiques. Certains articles ont même critiqué les positions anti-conduite de cheikhs saoudiens avant le décret, et exprimé l’espoir de nouvelles réformes dans le royaume. Les réseaux sociaux ont également été pris d’assaut avec des réactions positives émises immédiatement après la publication du décret, tandis que des hashtags comme « Le roi Salman soutient les femmes » et « Les femmes saoudiennes peuvent conduire » sont rapidement devenus viraux.

La décision du roi a également fait l’objet de nombreuses caricatures publiées dans la presse gouvernementale saoudienne suite à la publication du décret. Certaines d’entre elles saluent la décision comme susceptible d’améliorer le statut des Saoudiennes et de profiter à l’ensemble du royaume, tandis que d’autres portent un regard humoristique sur les hommes, les femmes et la répartition des rôles en Arabie saoudite.

D’autres caricatures encore, notamment celles publiées sur les réseaux sociaux et dans la presse d’autres États du Golfe, critiquent l’hypocrisie des hommes saoudiens – en particulier des cheikhs et d’intellectuels – qui ont changé de position du jour au lendemain. Certaines caricatures abordent la question du statut de la femme en Arabie saoudite, rappelant qu’il demeure inférieur, même après la levée de l’interdiction de conduire.

Eloge du décret royal, un progrès pour le statut des femmes et toute la nation saoudienne

« La vision saoudienne » lève la barrière qui empêchait les femmes de conduire (Al-Sharq Al-Awsat, Londres, 28 septembre 2017)
La fleur de la conduite des femmes émerge de l’ancienne interdiction (alarab.co.uk, 3 octobre 2017)
Le stylo du roi « soutient » le droit pour les femmes de conduire, brisant ceux qui disent « nous nous y opposons » (twitter.com/SerajAlghamdi, 26 septembre 2017)
Avec la levée de l’interdiction de conduire, on peut enfin progresser (Makkah, Arabie saoudite, 28 septembre 2017)
L’Arabie saoudite lève l’interdiction qui empêchait les femmes saoudiennes d’avancer vers « l’avenir » (Al-Hayat, Londres, 27 septembre 2017)
Les femmes reçoivent le don de « conduire » (Al-Jazira, Arabie saoudite, 2 octobre 2017)
« La conduite des femmes triomphe » (Al-Watan, Arabie saoudite, 29 septembre 2017)
La « sensibilisation de l’opinion » déverrouille l’esprit de l’homme : il passe de « la femme au volant est conflit, préjudice et malfaisance ! » à « la femme au volant est un avantage, un bonheur et la meilleure chose au monde ! » (Sabq.org, 2 octobre 2017)

Les avantages économiques de la conduite des femmes

Le droit de conduire une voiture « arrose » les femmes d’opportunités d’emploi (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 3 octobre 2017)
Grâce au « décret royal », le « salaire du chauffeur » est désormais versé dans la poche de la femme (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 1er octobre 2017)
« Un petit pas pour la femme, un pas de géant pour l’économie nationale ! » (Al-Watan, Arabie saoudite, 28 septembre 2017)
« Conduite des femmes » : les « chauffeurs » frappés par la foudre (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 1er octobre 2017)

 

« Bientôt… » les femmes pourront supprimer « chauffeur », « limousine », « taxi », etc. de la liste des contacts de leurs téléphones (Al-Madina, Arabie saoudite, 29 septembre 2017)

Caricatures se moquant des conservateurs saoudiens et de leur réaction hypocrite au décret royal

Une caricature dans un journal qatarien se moque de l’hypocrisie des cheikhs, des intellectuels et des médias saoudiens : quand « les femmes demandent de conduire », ils s’y opposent ; lorsque « le roi autorise les femmes à conduire », ils approuvent à l’unanimité (twitter.com/al_watanQatar, 28 septembre 2017)
Avant le décret, un Saoudien traite les partisans de la conduite des femmes de « traîtres » manipulés par des « mains étrangères » , mais ils qualifient le décret royal de « sage décision » (twitter.com/FAHAD1752, 27 septembre 2017)
Avant le décret, un Saoudien affirme : « Il n’y a qu’une seule opinion, [la conduite des femmes] est interdite » ; suite au décret, il affirme : « Les opinions varient ! » (twitter.com/tawfi2, 27 septembre 2017)
« Avant la décision », l’homme saoudien dit « Non, noooon, elle ne conduira jamais » ; « après la décision », il danse de joie et applaudit (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 28 septembre 2017)
Une conductrice renverse la bande de conservateurs qui a entravé sa progression (alarab.co.uk, 1er octobre 2017)
Dans le sillage de la conductrice, tous les anciens opposants se précipitent du camp qui disait « non » aux femmes au volant vers le camp qui leur dit « oui » (Al-Watan, Arabie saoudite, 29 septembre 2017)

Même après la levée de l’interdiction, la route est encore longue pour les droits des femmes en Arabie saoudite

Le mari dit à sa femme sur une potence : « Alors, tu veux les clés de voiture ? » (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 3 octobre 2017)

« Une femme [Angela Merkel] dirige l’Allemagne pour la quatrième fois, tandis qu’une autre conduit une voiture pour la première fois » (alaraby.co.uk, 30 septembre 2017)

Dessins humoristiques

« Donne-moi tout de suite ta carte de crédit et les clés de ta voiture » (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 30 septembre 2017)

« A l’occasion de [la permission de conduire] accordée aux femmes : nous avons des pneus de couleurs » (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 3 octobre 2017)
Le chameau dit : « Nous n’avons plus rien à faire ici, il n’y a que des femmes [qui conduisent] » (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 6 octobre 2017)

Voiture « A vendre » (Al-Hayat, Londres, 30 septembre 2017)

L’homme avec « un passé d’accidents de voiture » apprend à la femme à conduire : « Regarde, la première chose à faire est d’appuyer sur l’accélérateur et de freiner seulement quand [tu rentres dans] le mur » (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 30 septembre 2017)
Le mari : « Pas de marché pour toi aujourd’hui, j’ai un jeu [à la télé] » ; l’épouse : « Ce temps-là est révolu, chéri » (Al-Jazirah, Arabie saoudite, 2 octobre 2017)

* B. Shanee est chargée de recherche à MEMRI.

Lien vers le rapport en anglais

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