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Anwar Al-Hamadani, animateur de télévision irakien, a déclaré : « Il est de notre devoir de présenter des excuses à nos compatriotes juifs irakiens pour la tragédie qu’ils ont subie » lors du massacre de Farhoud de 1941 à Bagdad et de « corriger cette erreur historique », qu’il compare aux tragédies ayant frappé les communautés irakiennes chrétiennes, sabéennes et yézidies. « Ceux qui sont restés fidèles à l’Irak devraient récupérer leurs biens », a-t-il affirmé sur la chaîne télévisée Al-Fallujah, le 23 février 2018.
Al-Hamadani a également diffusé des images de la « page Facebook des juifs irakiens ». Une femme juive, Majdoleen, qui réside aujourd’hui en Israël, raconte notamment ce que sa famille a enduré pendant les émeutes et évoque la gentillesse des voisins musulmans, qui leur ont fourni un abri, de la nourriture et des vêtements. « Si j’étais ministre des Affaires étrangères, j’inviterais Majdoleen à se rendre dans son pays et lui réserverais un accueil officiel », a conclu Al-Hamadani. Extraits :
Anwar Al-Hamadani : Quelque soixante-dix ans se sont écoulés depuis que notre honorable communauté juive irakienne a été victime d’une tragédie humaine et de comportements inconsidérés ; ses membres ont été faits prisonniers et soumis à une déportation forcée. Les différents gouvernements irakiens qui ont suivi l’ère monarchique ont compris qu’une erreur aux proportions historiques avait été commise. […]
Tous ces gouvernements ont soutenu que la propriété des juifs était hors-limites. Cette propriété est restée gelée en raison du sentiment qu’une erreur historique avait été commise. Si de tels régimes [non démocratiques] ont reconnu la tragédie, il est de notre devoir, après soixante-dix ans, de rectifier cette erreur historique.
C’est la même erreur historique que celle subie par les chrétiens, nos loyaux compatriotes, qui ont été expulsés ou tués. C’est la même erreur historique que celle subie par les Sabéens, nos loyaux et honorables compatriotes, qui ont été également chassés ou tués. Et c’est la même chose qui est arrivée à nos loyaux et honorables compatriotes yézidis, dont les filles, nos sœurs et compatriotes, ont été enlevées, ce qui est un crime contre l’honneur, un crime s[contre] l’humanité.
Par conséquent, soixante-dix ans plus tard et depuis ce plateau, je voudrais déclarer officiellement qu’il est de notre devoir de présenter des excuses à nos compatriotes juifs irakiens pour la tragédie qu’ils ont connue. Nous devrions en effet leur présenter nos excuses, et ceux qui sont restés fidèles à l’Irak devraient récupérer leurs biens. Nombre d’entre eux ont refusé de rejoindre l’entité israélienne, et sont restés fidèles à l’Irak [depuis] les États-Unis, l’Europe, la Grande-Bretagne… […]
Sur la page Facebook des juifs irakiens, j’ai vu une histoire sur une femme irakienne appelée Majdoleen. Elle raconte la tragédie qu’elle a subie lorsqu’elle été chassée d’Irak avec sa famille. Pourtant jusqu’à ce jour, elle continue d’aimer et de respecter l’Irak et de lui être loyale. Écoutons ce qu’elle a à dire. […]
Majdoleen : Les juifs ont perdu tous leurs biens. Tout. Mon père a vendu notre maison et a placé l’argent en banque. Ensuite [les comptes bancaires] ont été gelés, et il n’a pu retirer un centime. Nous sommes venus ici [en Israël] et avons vécu deux ans et demi dans une tente dans un camp d’intégration de réfugiés, deux ans et demi sous une tente, après avoir habité une maison en Irak. Mon père était comptable pour la compagnie aérienne irakienne. Ma grand-mère vivait en face du marché de Salem Shimon. […]
Quelque deux mille Arabes sont venus et ont enfoncé l’énorme portail de fer [du marché] avec des couteaux et des haches. Ils ont fracassé le portail, et en une heure, ils avaient nettoyé le marché de Salem Shimon. […]
Nous avons fermé la porte de la maison de grand-mère et regardé par la fenêtre. Un des voleurs a dit à propos de la maison de grand-mère : « C’est une maison juive. » Nous avons entassé toutes sortes de choses contre la porte pour qu’ils ne puissent pas l’ouvrir, mais deux mille personnes l’ont forcée avec seulement deux ou trois coups. […]
Ils ont battu ma grand-mère. Etant en surpoids, elle ne pouvait pas monter les escaliers, et donc elle est restée en bas. Ils l’ont battue. Ils ont fabriqué une « orange ». Savez-vous ce qu’est une « orange » ? Un bâton avec une boule de goudron. Ça fait mal ! Ils l’ont frappée à la tête en demandant : « Où sont les filles ? » Ils cherchaient des filles. Chaque fois qu’elle criait, je pleurais et disais : « Ils ont tué mamie. »
Hajj Moussa était un éminent homme d’affaires, et nous sommes allées le voir. Quand nous sommes entrées – qu’ils reposent en paix… Quand ils nous ont vues, la mère et ses deux filles ont commencé à pleurer. La mère maudissait ceux qui avaient agi ainsi. […]
La première chose que les deux filles ont faite fut d’ouvrir les machines à coudre. Elles ont apporté quelques tissus et nous ont cousu des robes. Elles ont dit : « Maintenant vous avez de nouveaux vêtements, et vous pouvez faire votre propre cuisine, vu que vous ne mangez pas la nourriture des musulmans. » Ils nous ont donné un toit. En Irak, nous dormions sur le toit l’été. Ils nous ont donné un toit à nous, tandis qu’ils dormaient sur un autre toit. Ils apportaient de la nourriture de leurs champs. J’ai entendu dire qu’ils distribuaient de la nourriture à tous les juifs du quartier. Ils donnaient de la nourriture à tous les juifs, à qui ont avait tout pris.
Ce n’était pas comme en Europe, où il y avait des camps et des ghettos pour les juifs. Nos voisins étaient exactement comme moi. Nous avions l’habitude de manger les uns chez les autres. […]
Nous sommes venus ici, mais l’Irak est cher à notre cœur. Nous avons grandi et étudié là-bas, et nous avons des amis là-bas. Ce qui se passe en Irak nous fait mal au coeur. […]
Anwar Al-Hamadani : Je salue tous nos concitoyens qui ont subi une injustice, y compris les juifs irakiens qui sont restés fidèles à l’Irak, malgré les soixante-dix années qui se sont écoulées depuis la tragédie. Je les salue où qu’ils se trouvent dans le monde. Quelqu’un m’a interrogé au sujet de la minorité kurde [chiite] Feyli. Eh bien, je les salue tout comme je salueles autres. Si nous ne nous soucions pas des tragédies des autres, personne ne se souciera de notre propre tragédie. […]
Si j’étais ministre des Affaires étrangères, j’inviterais Majdoleen et je lui dirais : « Voici un billet d’avion. Venez voir votre pays soixante-dix ans plus tard. » Je lui réserverais un accueil officiel, envoyant ainsi un message positif au monde. Mais où trouver une personne raisonnable qui comprendrait cela ? Si [le ministre des Affaires étrangères] Ibrahim Jaafari avait de la cervelle, il devrait le faire. Nous devrions lui trouver un médecin pour qu’il vérifie si c’est bien un cerveau qu’il a dans la tête. […]