Le cheikh saoudien Muhammad bin Abdul Karim Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, a déclaré, dans une interview diffusée le 4 mars 2020 sur France 24 en arabe, que l’islam politique n’avait pas sa place en France, ni dans aucun autre Etat, en ce qu’il n’épouse ni les valeurs islamiques religieuses, ni celle des Etats.
Selon lui, il convient de respecter la constitution, les lois et la culture de son pays d’accueil, ou de s’installer ailleurs. Il a critiqué les musulmans séparatistes en France, les accusant de vouloir détruire le contrat social de tout citoyen avec l’Etat.
Il a déclaré que sa récente visite à Auschwitz avec une délégation de 60 savants de l’islam avait pour but de transmettre le message selon lequel l’islam n’use pas de deux poids, deux mesures, et dénonce toutes les formes d’injustice, quelles qu’en soient les victimes. Extraits :
Journaliste : Vous vous trouvez à présent en France, où le président Macron a dit : « L’islam politique n’a pas sa place en France. » Qu’en pensez-vous ?
Muhammad bin Abdul Karim Issa : Effectivement, l’islam politique n’a pas sa place en France, ni ailleurs, car il ne respecte pas les valeurs de notre religion ou les valeurs nationales de quelque pays que ce soit. [L’islam politique] ne respecte pas les lois et les constitutions des pays. Il s’inscrit dans une logique politique et il vise à mettre en œuvre un programme politique particulier. Par conséquent, il ne représente pas l’islam.
Journaliste : Le principe de l’extrême-droite en France est : « La France, on l’aime ou on la quitte. » Vous avez déclaré qu’il faut respecter les lois du pays hôte. Répétez-vous encore cette devise face à ceux qui ne respectent pas…
Muhammad bin Abdul Karim Issa : Oui, il faut respecter la constitution, les lois et la culture dominante du pays où l’on vit, et si elles ne vous plaisent pas, vous pouvez choisir un autre pays plus à votre goût. […] Les pays du monde actuel ont des valeurs communes et l’on peut coexister avec tout le monde. Etant donné que les outils constitutionnels prennent en compte et protègent les particularismes religieux, l’on doit respecter les outils constitutionnels de prise de décision. Vous devez vous y adapter, ou vous pouvez choisir d’aller ailleurs, là où vous pensez pouvoir jouir de davantage de liberté, un endroit mieux adapté aux valeurs que vous défendez. […]
Journaliste : Ce que l’on dit sur l’islamophobie en Europe vous dérange-t-il ?
Muhammad bin Abdul Karim Issa : Evidemment, c’est dérangeant…
Journaliste : Ces dires sont-ils justifiés ou non ?
Muhammad bin Abdul Karim Issa : La haine de l’islam – et des religions en général – existe. Tout comme la haine d’individus ou d’organisations.
Journaliste : Mais il existe aussi un séparatisme chez les musulmans. Ils veulent se séparer des valeurs républicaines.
Muhammad bin Abdul Karim Issa : Quiconque vit dans un pays et veut se séparer de ses valeurs détruit le contrat social qui lui a permis d’entrer dans ce pays. Si vous entrez dans un pays, vous devez respecter ses lois, sinon n’y entrez pas. Mais entrer dans un pays, et ensuite dire que vous ne respectez pas ses valeurs – aucun pays ne permettrait une chose pareille. […]
Journaliste : Votre visite à Auschwitz était-elle une tentative de changer cette mentalité ?
Muhammad bin Abdul Karim Issa : Non. C’était une initiative…
Journaliste : Une initiative découlant d’une conviction, n’est-ce pas ?
Muhammad bin Abdul Karim Issa : Oui, tout à fait, et l’objectif était de transmettre à chacun le message qu’il n’y a pas deux poids deux mesures en islam face à l’injustice sous toutes ses formes. Ce qui est arrivé à Auschwitz, c’est un génocide qui a ébranlé la conscience humaine. C’était un génocide atroce au plein sens du terme. Nous y sommes allés pour dire que l’islam n’use pas de deux poids, deux mesures. Nous dénonçons [l’Holocauste]. Plus de 60 savants et muftis de diverses dénominations musulmanes étaient présents là-bas avec moi, pour dire que les musulmans sont touchés par ce qui s’y est passé, et que l’islam n’use pas de deux poids, deux mesures.
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