Par A. Savyon et Yigal Carmon*

Lors d’une conférence de presse le 31 octobre 2017, à l’occasion de la Convention pour un monde sans terrorisme qui s’est tenue en Iran, Mohammed Ali Jafari, commandant du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), a adressé un message visant à rassurer l’Europe sur la question des missiles balistiques iraniens. Il a annoncé : « La portée de nos missiles est limitée à 2 000 km, conformément à la politique fixée par le [Guide suprême iranien] Khamenei. Même si nous avons la capacité d’augmenter cette portée, pour l’instant elle nous suffit, car les Américains sont suffisamment présents dans un rayon de 2 000 km autour de l’Iran. Nous répliquerons s’ils nous attaquent. » [1]

La signification de la déclaration de Jafari sur la limitation de la portée des missiles iraniens à 2 000 km

Cette déclaration constitue un message visant à rassurer l’Europe, qui se trouve au-delà de la portée de 2 000 km des missiles balistiques iraniens. Elle est vraisemblablement destinée à rassurer les dirigeants européens, qui soutiennent fermement la poursuite du PAGC, mais pourraient également soutenir l’initiative des Etats-Unis contre le programme de missiles balistiques iranien.

Il convient de préciser que la limitation par l’Iran de ses missiles balistiques à une portée de 2 000 km existe depuis l’accord intérimaire de Genève de 2013, et a été confirmée avant l’acceptation du PAGC en 2015.[2] Selon le chef d’état-major des Forces armées iraniennes, Hassan Firouzabadi, cette limitation fait partie du PAGC, apparemment selon une loi non écrite. Elle ne figure pas dans l’accord de lui-même, car l’Iran a refusé d’y inclure toute référence à son programme balistique. [3]

La distance de 2 000 km signifie qu’Israël se trouve à portée de frappe des missiles. Les porte-parole iraniens ont répété à plusieurs reprises que l’inclusion d’Israël dans la portée de frappe de ses missiles balistiques représente une ligne rouge pour le régime iranien, qui n’a pas été franchie lors des négociations nucléaires avec les Etats-Unis.[4]

Cela signifie que le président américain Obama a accepté de laisser l’Iran conserver, et continuer de développer son programme de missiles, avec une portée limitée pour viser Israël, afin de conclure l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, et que les pays européens l’ont accepté.[5] Cela s’ajoute à l’accord de principe des Etats-Unis pour que l’Iran dispose d’un programme de missiles balistiques de longue portée, ce qui était interdit par la résolution 1929 du Conseil de Sécurité des Nations unies, et a été ensuite autorisé par la Résolution UNSC 2231, approuvant le PAGC.

Avec cette annonce, le commandant du CGRI Jafari a exposé le fait que la portée des missiles de 2 000 km acceptée par l’administration Obama ne couvre pas seulement Israël, mais également les bases militaires américaines répandues à travers tout le Moyen-Orient. Comme il l’a souligné, « pour l’instant, cette [portée] nous suffit, car les Américains sont suffisamment présents dans un rayon de 2 000 km autour de l’Iran. Nous répliquerons s’ils nous attaquent. »[6]

Par ailleurs, le 8 octobre, Jafari a averti le président Trump que l’Iran frapperait des bases militaires américaines au Moyen-Orient si ce dernier osait désigner le CGRI comme une Organisation terroriste étrangère. Si cela se produisait, a-t-il affirmé, les Etats-Unis « devront déplacer leurs bases militaires [au Moyen-Orient], hors de portée des missiles iraniens d’une portée de 2 000 km ».[7]

Lire le rapport dans son intégralité en anglais

*A. Savyon est la directrice du Projet de MEMRI Iran Media ; Y. Carmon est le Président fondateur de MEMRI.

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