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Le député jordanien Yahya Al-Saud, président du Comité palestinien du parlement, s’est déclaré favorable à une résistance « à la fois armée et pacifique » et a soutenu les « opérations-martyre » en Israël. Al-Saud était en visite à Ramallah avec une délégation de parlementaires jordaniens. L’interview, mise en ligne sur le site palestinien Donia Al-Watan le 9 novembre 2017, s’est déroulée après la rencontre de la délégation avec le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah et avant sa réunion avec le président Abbas.
Dans la suite de l’interview, Al-Saud a déclaré que les femmes n’étaient pas faites pour la politique. Il a menacé de mettre un terme à l’interview lorsque le journaliste lui a dit qu’il autoriserait sa femme à sortir avec ses amies le soir. Extraits :
Yahya Al-Saud : Nous, en Jordanie, estimons que le président Abou Mazen [Mahmoud Abbas] est le président de l’Etat de Palestine et que le mouvement Fatah est le seul représentant légitime du peuple palestinien. Cela dit, je soutiens l’option de la résistance. La résistance doit continuer à être une option stratégique pour tous les Arabes, car je ne crois pas que…
Journaliste : Quel type de résistance ?
Yahya Al-Saud : La résistance qui combat l’occupation.
Journaliste : Une résistance armée ou pacifique ?
Yahya Al-Saud : A la fois armée et pacifique, Monsieur. […]
Journaliste : Soutenez-vous les opérations-martyre à la bombe en Israël ?
Yahya Al-Saud : Monsieur, si l’objectif de ces opérations-martyre en Israël est de défendre la Palestine et son peuple, alors oui, je soutiens ces opérations. […]
Les vêtements français et américains ne sont pas pour moi ni pour vous. Il faut fixer des barrières aux femmes.
Journaliste : Comment cela ?
Yahya Al-Saud : En toute chose. Les femmes ont besoin de barrières. […]
Journaliste : Les femmes sont-elles inadaptées à la politique ?
Yahya Al-Saud : Selon moi, elles le sont.
Journaliste : Pourquoi ?
Yahya Al-Saud : C’est mon opinion. Ne me demandez pas pourquoi. […] Si vous accordez aux femmes un quota à mes dépens, c’est inacceptable. […]
Journaliste : Mais la participation des femmes à la politique est un pilier de la démocratie.
Yahya Al-Saud : Monsieur, c’est votre opinion. Notre démocratie… S’il vous plaît, laissez-moi finir… notre démocratie est boiteuse. Pensez-vous vraiment que la démocratie existe dans le tiers-monde ? De qui nous moquons-nous ? Dans le tiers-monde, vous amendez une loi et recevez 50 millions [d’aide étrangère], vous amendez une autre loi et recevez 20 millions. Nos lois nous viennent de l’Occident – en échange de leur soutien. Alors, si les femmes veulent devenir des politiciennes… Eh bien, je ne sais pas ce qu’il me reste à dire.
Journaliste : Vous êtes antidémocratique.
Yahya Al-Saud : Ce n’est pas cela. Tout ce que je dis, c’est qu’une femme peut travailler comme enseignante ou infirmière, élever ses enfants, être une femme d’intérieur, s’occuper de son mari… Mon cher frère, je suis avocat de profession, et je peux vous dire que le nombre de divorces augmente en Palestine, en Jordanie, et dans les pays arabes en général. Le taux de divorce est très élevé. Il y a des raisons à cela. Cela n’est pas arrivé par hasard. Je ne dis pas qu’une femme doit s’enfermer chez elle, mais il y a des limites à tout. Ils nous ont sorti une nouvelle loi sur la violence conjugale. Selon cette loi, on ne doit pas agir ou dire… Laissez-moi vous demander quelque chose : laisseriez-vous votre femme rester dans un café jusqu’à une heure du matin avant de rentrer à la maison ? Répondez-moi !
Journaliste : Eh bien, c’est arrivé. Elle était sortie avec ses amies…
Yahya Al-Saud : Alors vous permettriez cela ?
Journaliste : Oui.
Yahya Al-Saud : Vous pouvez arrêter l’interview tout de suite, en ce qui me concerne.
Journaliste : Si elle est avec des amies ou des proches…
Yahya Al-Saud : Je vous ai posé une question…
Journaliste : Si elle est dans un lieu [convenable]…
Yahya Al-Saud : Je ne vous ai pas interrogé sur le lieu. Je vous demande si vous la laisseriez revenir à une heure du matin.
Journaliste : Non. Mais si elle est avec ses amies ou ses tantes…
Yahya Al-Saud : Mon frère, je vous ai posé une question spécifique. Laisseriez-vous votre femme sortir tête découverte ?
Journaliste : Non, Dieu m’en préserve.
Yahya Al-Saud : Très bien, alors nous partageons les mêmes idées. C’est juste que vous utilisez un langage diplomatique pour vous rapprocher des femmes. […] Notre Seigneur dit : « Les hommes sont les gardiens des femmes parce qu’Allah a fait que les uns surpassent les autres. » Le prophète Mohammed a dit : « Si je devais ordonner à quelqu’un de se prosterner devant son semblable, j’ordonnerais à la femme de se prosterner devant son mari. »
Journaliste : Si une femme devenait présidente du parlement jordanien, démissionneriez-vous de votre fonction de député ?
Yahya Al-Saud : Je n’accepterais pas une chose pareille, et je ne pense pas que le peuple jordanien l’accepterait non plus.
Journaliste : Vous ne l’accepteriez pas ?
Yahya Al-Saud : Non. […]
L’accord [de paix entre Israël et la Jordanie] n’a causé que des catastrophes au peuple jordanien. Je suis pour l’abrogation de cet accord. J’ai appelé plusieurs fois au renvoi de l’ambassadeur d’Israël d’Amman, à rappeler notre ambassadeur de Tel-Aviv et à déchirer l’accord de paix.