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Dans une interview diffusée le 3 octobre 2019 sur la chaîne Hespress Internet TV (Maroc), le député marocain Omar Balafrej a déclaré que son pays devrait suivre l’exemple de la Turquie, entre autres, et ne pas criminaliser les relations intimes entre adultes consentants, y compris les homosexuels, car l’État doit respecter la vie privée des individus. Il a ajouté que la pédophilie devrait être très sévèrement punie et qu’il considérait que le viol d’un enfant équivaut à un meurtre.

Dans une interview diffusée le 11 octobre 2019 sur France 24 en arabe, Balafrej a accusé le Maroc d’étouffer les libertés des citoyens. Il a fait valoir que de nombreux jeunes des classes moyennes et supérieures quittent le Maroc, en raison de l’absence de libertés individuelles et collectives. Extraits :

Le 3 octobre 2019 sur Hespress Internet TV

Omar Balafrej : Ni l’Egypte, ni la Tunisie, ni la Turquie ne criminalisent les relations intimes entre adultes consentants, pourtant nous, au Maroc, suivons un code pénal [ancien] hérité de la France, qui criminalise les relations entre [adultes] consentants. Je suis favorable à la protection de la société et je soutiens l’éducation sexuelle des enfants. En ce qui me concerne, les relations sexuelles devraient être pratiquées à l’âge adulte. Je pense qu’il est normal qu’une personne de plus de 18 ans ait des relations intimes, qui peuvent mener au mariage, si c’est le souhait du couple, et que la loi ne devrait pas punir des adultes pour avoir eu des relations intimes. Je pense que le respect des citoyens est un principe élémentaire. Si j’accorde la pleine citoyenneté à tous les citoyens, je dois respecter leur bon sens. C’est de la politique sans hypocrisie. Quiconque suit les affaires courantes au Maroc sait que l’âge moyen du mariage est 28 ans. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie-t-il que les gens de 18 à 28 ans ne doivent pas avoir de relations sexuelles, sous peine d’aller en prison ? […]

Les gens confondent homosexualité et pédophilie. Une demande a été formulée pour punir la pédophilie plus sévèrement, et [certains] ont même appelé à la réclusion à perpétuité. Nous devons protéger les enfants…

Journaliste : La peine actuelle est de 10-15 ans ?

Omar Balafrej : Dix ans. Ce n’est pas assez. Une personne prend 10 ans pour le viol d’un enfant, et après sept ou huit ans, elle peut sortir de prison ? Non ! Je considère que le viol d’un enfant équivaut à un assassinat. D’un autre côté, vous avez deux adultes consentants, dans leur espace privé… Sommes-nous censés les interrompre dans l’intimité de leurs foyers ? Si deux hommes se trouvent ensemble dans une maison, devons-nous les arrêter en raison de leur homosexualité ? Non ! Cela ne me regarde pas.

Journaliste : L’Etat ne devrait donc pas s’immiscer dans les relations intimes dans des espaces privés ?

Omar Balafrej : Exactement. La question de l’homosexualité est très importante, car divers pays – principalement, mais pas exclusivement, des pays islamiques – traitent cette question de différentes manières. Les talibans, par exemple, les tuent, conformément à leur loi. Tout comme les nazis en Allemagne tuaient et brûlaient les homosexuels. Certains pays les emprisonnent. Malheureusement, c’est également la loi au Maroc. D’autres pays acceptent l’homosexualité et ne la criminalisent pas, tant qu’elle est pratiquée dans des espaces privés. L’un de ces pays est la Turquie. Certains répètent que nous devons suivre le modèle turc. Suivons donc le modèle turc, au sujet du respect des minorités.

Le 11 octobre 2019 sur France 24 en arabe

Omar Balafrej : Il s’avère que les libertés personnelles constituent une priorité [au Maroc]. Malheureusement, nous vivons dans une société étouffante, étouffante sur les plans social et économique, mais aussi en termes de libertés personnelles. Regardez le nombre de jeunes de la classe moyenne qui émigrent en Europe. Pourquoi émigrent-ils en Europe ? Il y a même des gens riches qui émigrent en Europe. Ils ne le font pas seulement pour des raisons économiques. Il y a des gens qui émigrent pour des raisons économiques, mais nombreux sont ceux qui le font à cause de cet étouffement, de cette absence de libertés personnelles et collectives.

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