Par Yigal Carmon et A. Savyon*

Le discours du président américain Donald Trump, prononcé le 8 mai 2018, a retourné la situation concernant l’Iran, les participants européens à l’accord nucléaire et ses partisans dans le monde. Trump a réitéré quelques vérités essentielles sur le régime iranien, que l’administration Obama avait balayées dans son empressement à conclure un accord.

Annonçant son retrait du JCPOA (accord sur le nucléaire), Trump a précisé qu’il refusait de s’aligner sur la présentation trompeuse de l’Iran et de l’accord nucléaire faite par l’administration Obama et par les Européens.

Signification et implications

Le discours de Trump annonçant son retrait du JCPOA a modifié significativement l’équilibre des forces au Moyen-Orient et dans le monde. L’administration Trump a totalement inversé la politique américaine adoptée par Obama à l’égard de l’Iran, en rétablissant l’alliance politico-militaire avec les alliés traditionnels de l’Amérique, à savoir Israël et l’Arabie saoudite, contre l’Iran – que soutenait Obama, et contre l’axe de la résistance chiite.

L’Iran est à présent confronté à deux fronts agissant de concert : un front politico-économique dirigé par les Etats-Unis, et un front militaire visant à expulser l’Iran de Syrie, dirigé par Israël. Sur ces deux fronts, l’Iran se trouve sur la défensive et adopte ouvertement une politique de retenue. L’Iran n’a pas les moyens, ni politiques ni militaires, d’affronter cette nouvelle coalition formée par les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et Israël, et il n’a pas osé exercer de représailles en réaction aux attaques israéliennes en Syrie ciblant ses troupes et infrastructures militaires.

La nouvelle politique iranienne de Trump est également un message fort pour la la Corée du Nord, lui signifiant que les Etats-Unis ne signeront plus d’accords mensongers et frauduleux avec des régimes dictatoriaux qui emploient le terrorisme et développent des armes nucléaires.

Les paramètres de la nouvelle politique américaine sur l’Iran

Dans son discours, Trump a présenté les principes de la nouvelle politique américaine sur l’Iran:

  1. Le régime iranien est un régime oppressif, totalitaire et théocratique, qui fait toujours l’objet de sanctions pour violations des droits de l’homme et qui ne mérite aucune approbation occidentale. Au cours des 30 années de son pouvoir, il a assassiné des milliers de citoyens iraniens, et il emprisonne les dissidents politiques et enlève des ressortissants occidentaux qu’il détient en otages.
  2. Le régime iranien est le principal soutien et propagateur du terrorisme international, responsable de l’assassinat de nombreux Américains, et il fait l’objet de sanctions en raison de son activité terroriste.
  3. Le régime iranien poursuit son expansion régionale au Moyen-Orient, en déstabilisant les pays alliés des Etats-Unis.
  4. Le régime iranien développe des missiles à des fins offensives (son argument selon lequel ces missiles sont défensifs est mensonger. Les missiles d’une portée de 2000 km, que l’Iran a été autorisé à développer par le JCPOA, sont clairement offensifs).
  5. Le JCPOA repose sur une capitulation américaine face à la demande de l’Iran d’être reconnu comme une puissance nucléaire, au mépris total du fait que l’Iran a un programme détaillé de production d’armes nucléaires et des capacités de lancement de missiles, fait connu qui a été largement corroboré par la récente divulgation israélienne des archives nucléaires de l’Iran.

Les éléments de la tromperie de l’accord sur le nucléaire

  1. Les négociations USA-Iran ont commencé secrètement sous la présidence d’Ahmadinejad, non pas après l’élection de Rohani, comme l’a affirmé mensongèrement l’administration Obama.
  2. Les négociations ont commencé seulement après la capitulation initiale du président Obama, qui a accepté la demande de l’Iran de reconnaître son droit à enrichir de l’uranium, après des années de négociations au cours desquelles les Européens avaient refusé de manière persistante de reconnaître de droit à l’Iran.
  3. L’accord avec l’Iran n’est pas un document signé, parce que l’Iran a refusé de s’engager par un accord bilatéral ou multilatéral. Le document non signé a été approuvé par le Conseil de Sécurité de l’ONU sous le titre de “Plan d’action global conjoint (PAGC – JCPOA en anglais)”, ce qui signifie qu’il ne représente que d’une des milliers de décisions adoptées par le Conseil de Sécurité.
  4. En totale contradiction avec l’affirmation d’Obama et de ses porte-parole, selon laquelle le PAGC serait “le régime d’inspection et de contrôle le plus exhaustif et intrusif jamais négocié”, le PAGC utilise en fait le mécanisme d’inspection le plus laxiste jamais négocié avec un pays qui a été surpris à mentir à l’AIEA et au Conseil de Sécurité, et à enfreindre le TNP, dont il est signataire. Ce mécanisme d’inspection est outrageusement inadapté, car il n’autorise pas l’inspection des sites militaires et autres sites suspects d’activité nucléaire militaire.
  5. Obama a fait de l’Iran, Etat soupçonné d’activité nucléaire militaire et devant faire l’objet d’une surveillance constante et méticuleuse, un partenaire autorisé à négocier les mécanismes de sa propre inspection. L’administration Obama et les Européens ont capitulé face au refus du Guide suprême iranien Ali Khamenei d’autoriser l’interrogatoire des scientifiques nucléaires iraniens et l’inspection des installations militaires, et accepté de fermer le dossier des Dimensions potentiellement militaires (PMD) par une procédure scandaleuse, dans laquelle le camp militaire de Parchin est resté fermé aux inspecteurs de l’AIEA et les échantillons prélevés sur le site ont été fournis par l’Iran lui-même.
  6. Les négociations nucléaires étaient fondées sur une reddition constante aux conditions et demandes de l’Iran. Les quelques conditions qu’il était tenu de remplir étaient invérifiables : l’uranium sorti d’Iran avait disparu, l’eau lourde qu’il produit – en contradiction avec la procédure usuelle appliquée aux pays producteurs d’eau lourde – est entreposée à Oman, à portée de l’Iran, et les procédures d’inspection convenues n’incluent pas les bases militaires et sites suspectés d’activité nucléaire militaire, mais seulement les sites nucléaires déclarés par l’Iran lui-même (et cela aussi seulement après qu’ils ont été exposés par des forces armées étrangères, comme dans le cas de Fordo).
  7. Agissant de manière non professionnelle et non indépendante, l’AIEA et son secrétaire général, Yukiya Amano, ont accepté ces procédures d’inspection scandaleuses. Amano a fermé le dossier des PMD de l’Iran, au mépris total des conclusions de l’AIEA, publiées dans un rapport du secrétaire général de 2011, qui avait jugé l’Iran coupable de poursuivre le développement d’armes nucléaires. La justification donnée par Amano pour clore le dossier était l’argument ridicule selon lequel aucune preuve n’avait été trouvée, indiquant que le régime iranien était responsable des constatations suspectes faites sur les sites iraniens. Amano a accepté de dégrader le statut de l’AIEA, organe indépendant, pour le réduire à un organe professionnellement subordonné à un forum politique : la Commission conjointe du PAGC. Cela signifie que toute violation iranienne du PAGC est automatiquement définie comme un sujet devant être transféré à l’échelon politique, à savoir la Commission conjointe, pour évaluation. Cela s’applique, par exemple, à l’inspection par l’AIEA de la Section T du PAGC, qui autorise l’Iran à développer des simulations théoriques d’explosions nucléaires tant qu’elles sont destinées à des fins non militaires et soumises à inspection. Les rapports de l’AIEA confirmant le respect par l’Iran de l’accord sont dénués de signification, parce que l’AIEA est empêchée d’inspecter tout site qui n’a pas été autorisé par l’Iran à l’avance.
  8. Les pays européens, qui avaient mené les négociations nucléaires avec l’Iran jusqu’à ce qu’Obama assume la présidence, et avaient adopté une position de principe ordonnant une inspection rigoureuse, l’interrogatoire de scientifiques et le refus de reconnaître l’enrichissement de l’uranium comme un droit iranien, se sont alignés sur Obama, qui avait mené les négociations sur le nucléaire en abandonnant toutes leurs exigences.
  9. Obama et les Européens ont accepté le développement par l’Iran de missiles d’une portée atteignant 2000 km, portée couvrant la totalité du Moyen-Orient – mais pas l’Europe.
  10. L’administration Obama et les Européens ont accepté le mensonge iranien concernant la fatwa de Khamenei interdisant les armes nucléaires, l’ont endossée et utilisé pour justifier le PAGC, alors même qu’ils savaient que l’Iran développait de telles armes.

Lire la version originale en anglais

* Y. Carmon est le président fondateur de MEMRI ; A. Savyon est la Directrice du projet Iran media de MEMRI.

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