Gebran Bassil, ministre libanais des Affaires étrangères et des Emigrés, a déclaré dans un discours diffusé le 15 juin 2019 sur la chaîne OTV (Liban) que les 600 000 Syriens déplacés qui se trouvaient au Liban, dont certains sont employés illégalement et ne paient pas d’impôts, privaient les Libanais d’opportunités d’emploi. Il a affirmé que certaines de ces personnes déplacées circulaient librement entre le Liban et la Syrie en utilisant leurs papiers d’identité de réfugiés et que certaines organisations civiles – internationales et locales – tiraient profit de la situation. Il qualifié ces organisations de « réseau mafieux » qui complote contre le Liban afin de maintenir les Syriens déplacés au Liban. Il a estimé que la « volonté internationale » de réinstaller des Palestiniens au Liban s’appliquait également aux Syriens déplacés. Bassil a précisé que la situation nuisait à tous les citoyens libanais, quelle que soit leur communauté. Le public a applaudi les propos de Bassil. Extraits :
Gebran Bassil : Nous avons des Syriens déplacés qui travaillent et obtiennent des opportunités de travail sans avoir à payer d’impôts à l’Etat libanais. Les citoyens libanais qui s’acquittent de toutes leurs obligations envers l’Etat sont confrontés à une concurrence illégale et perdent leurs opportunités d’emploi. Les entreprises libanaises paient des impôts, des factures d’électricité, la TVA, etc., mais sont confrontées à la concurrence illégale de Syriens déplacés, qui ouvrent des magasins sans aucune limitation. Il est clair que la situation en Syrie – vous pouvez voir que seule Idlib est marquée en rouge… En Syrie, toutes les routes sont ouvertes et la situation sécuritaire s’est améliorée. Les problèmes sont en voie de résolution, mais nous avons toujours 600 000 Syriens qui se rendent en Syrie et en reviennent sans aucune restriction. Nombre d’entre eux possèdent des documents attestant que ce sont des personnes déplacées. […]
Dites-moi, existe-t-il une quelconque loi internationale qui autorise les personnes déplacées à retourner dans leur pays, puis à revenir dans le pays vers lequel elles ont fui, en utilisant les mêmes documents et en continuant de bénéficier des institutions qui les soutiennent dans tous les domaines ? […]
Il y en a qui se servent de la situation au niveau de la politique internationale. C’est un jeu politique et un complot contre le Liban, comme il y en a déjà eu. Personne ne nie l’existence d’une volonté internationale de réinstaller les réfugiés palestiniens aux Liban. Pourquoi serait-il inconcevable que le même plan s’applique aux Syriens déplacés ? Il y a ceux, des nations aux institutions, qui bénéficient de ce complot. Il y a des institutions qui sont en vacances ici au Liban. Elles viennent pour s’amuser et recevoir un gros salaire et des avantages, et ne veulent tout simplement pas que la mission prenne fin. « Une mission de luxe », c’est comme cela qu’ils l’appellent. […]
Saviez-vous que, parfois, sur tout l’argent que ces institutions et leurs employés reçoivent, seuls 40 % vont aux personnes déplacées ? L’argent va aux dépenses administratives et autres choses du genre… Ce n’est que du business, rien de plus. Même au Liban, il y a ceux qui en profitent, [qui travaillent] pour des organisations internationales et locales de la société civile. Il y a des Libanais qui en bénéficient. Ils louent des locaux, fournissent des services… Il existe un grand réseau mafieux, et nous savons qu’ils vendent les biens et les denrées alimentaires sous leur responsabilité en Syrie. Ils vont chercher les biens, les transportent [en Syrie] et les vendent là-bas. Certains Libanais profitent de ce processus. Il existe tout un système de finances, de politique et de médias qui encourage les Syriens à rester ici, et son objectif est de les empêcher de rentrer. Il attaque tous ceux qui, comme nous, leur demandent de rentrer. […]
Notre point de départ est humanitaire et patriotique ; il n’est pas communautaire, car chacun au Liban – sans exception – est lésé par les Syriens déplacés. Tous les Libanais en souffrent. Aucun ne souffre plus ou moins que les autres. Nous sommes tous ensemble dans cette affaire. Ceux qui en parlent ne sont ni des nazis, ni des fascistes, ni des racistes, mais des patriotes libanais.
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