Hervé Lalin (dit Ryssen) est un écrivain et idéologue français né en 1967. Il a enseigné l’histoire pensant cinq ans dans l’Education nationale, avant de s’en faire exclure. Il a été membre de plusieurs partis politiques et groupuscules français d’extrême-droite, dont le Front national de Jean-Marie Le Pen, le Groupe Union Défense (GUD) et Unité radicale (dont un membre, Maxime Brunerie, a tenté d’assassiner le président français Jacques Chirac, le 14 juillet 2002). Avant de s’engager dans l’extrême-droite, il a été un temps anarchiste et membre de l’Organisation communiste libertaire.
Proche d’Alain Soral et du directeur de l’hebdomadaire d’extrême-droite Rivarol, Jérôme Bourbon, il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages dénonçant notamment la “mafia juive” et “l’influence juive dans les milieux politiques, artistiques, philosophiques et médiatiques français”. Sur son compte Twitter, il se présente comme “combattant de la liberté, opposant au gouvernement mondial”.
Hervé Ryssen a été condamné à plusieurs reprises par la justice française, la dernière fois pour diffamation et contestation de crime contre l’humanité, le 23 janvier 2019, après qu’il eut publié sur son compte Twitter un montage juxtaposant l’affiche du film La Vérité si je mens 3 et une photo du portail d’entrée du camp d’extermination nazi d’Auschwitz.
Ci-dessous un tour d’horizon des écrits et discours d’Hervé Ryssen, qui se sert des réseaux sociaux twitter, mais surtout de VK (réseau russe très peu censuré), de YouTube mais plus encore d’Amazon.fr pour promouvoir ses idées et vendre ses ouvrages. L’œuvre de Ryssen se focalise largement sur les Juifs, présentés comme des escrocs manipulant le « reste de l’humanité » pour établir un « empire global », Juifs qui pratiqueraient en outre régulièrement l’inceste.
I – Amazon.fr, principal vendeur des ouvrages de Ryssen
Dans Le fanatisme juif, Ryssen affirme que les Juifs de tous bords veulent détruire les nations pour instaurer un « empire global ». L’ouvrage, paru en 2007 aux éditions Baskerville, est en vente sur Amazon.fr, à l’instar des autres ouvrages antisémites de Ryssen. En français, la grande entreprise de commerce électronique Amazon fait la promotion de l’ouvrage avec le passage suivant, qui décrit un prétendu objectif commun aux Juifs de tous bords d’établir un « empire global » :
“(…) partout où ils sont, les juifs militent inlassablement pour la suppression des frontières et la dissolution des identités nationales. Les nations étant censées être génératrices de guerres et de désordres, il faut donc les affaiblir et, à terme, les supprimer en faveur d’un gouvernement mondial, seul à même de faire régner sur terre le bonheur et la prospérité. C’est dans cet objectif que les intellectuels juifs du monde entier travaillent sans relâche. Qu’ils soient de gauche ou de droite, marxistes ou libéraux, croyants ou athées, sionistes ou ‘parfaitement intégrés’, ils sont les plus fervents partisans de l’Empire global.”
Sur le site Amazon.fr, on trouve aussi La mafia juive – Les grands prédateurs internationaux (éditions Baskerville, 2008), d’Hervé Ryssen. Amzon.fr affiche un passage affirmant que la mafia juive est la plus dangereuse au monde, plus que les mafias russe et sicilienne, et que c’est la raison pour laquelle on n’en parle jamais : “ (…) Tout le monde a entendu parler de la mafia sicilienne : c’est la plus médiatisée, celle que l’on voit le plus au cinéma. Au début des années 1990, après l’effondrement de l’Union Soviétique, on nous parlait aussi régulièrement de la mafia russe, de mafia tchétchène et de mafia albanaise. La mafia juive, elle, n’existe pas : les médias occidentaux n’en parlent pas. A la radio, à la télévision et dans la grande presse, le silence est total sur cette question. C’est un sujet tabou. A Hollywood, pareillement, la judéité des criminels et des trafiquants n’apparaît presque jamais ; et il n’est guère difficile de comprendre pourquoi. La mafia juive est pourtant sans aucun doute la mafia la plus puissante du monde. La plus dangereuse aussi. Quelques journalistes trop curieux ont déjà été assassinés.”
Notons que Mafia juive a été traduit en persan et est en vente en Iran, comme l’atteste un tweet du militant d’extrême droite Yvan Benedetti :
Ryssen : « Les juifs ont un rapport très particulier avec l’argent »
On peut également trouver sur Amazon.fr l’ouvrage antisémite Les milliards d’Israël. Escrocs juifs et financiers internationaux ».
Les Milliards d’Israël bénéficie d’une présentation sur la librairie antisémite en ligne Kontre Kulture, société d’édition fondée par Alain Soral en 2011. Cette présentation reprend à son compte le stéréotype antisémite des Juifs riches obnubilés par l’argent : « Les juifs ont un rapport très particulier avec l’argent. Il ne s’agit pas là d’un odieux ‘préjugé antisémite’, mais d’une réalité tangible, puisque les juifs sont très largement sur-représentés parmi les milliardaires de la planète. Depuis la nuit des temps, disséminés dans tous les pays, ils sont connus pour s’adonner au grand commerce international. Ils sont aussi, depuis des siècles, les maîtres de la banque et de la spéculation ».
Ryssen : Les Juifs sont « les rois des escroqueries »
La présentation ne s’arrête pas là : « Naturellement, tous les financiers internationaux ne sont pas juifs – il s’en faut de beaucoup – et inversement, tous les juifs n’exercent pas les métiers de la banque. Mais il est indéniable qu’ils y ont joué et qu’ils y jouent encore un rôle moteur. Ils sont aussi les rois des escroqueries. Les records en la matière ne cessent d’être pulvérisés ; pas simplement dépassés, mais bien ‘pulvérisés’, au point que les affaires précédentes évoquées dans La Mafia juive, en 2008, paraissent relever d’une autre époque (…). »
Les Juifs « en guerre permanente avec le reste de l’humanité », présentés comme responsables de l’antisémitisme
Egalement disponible sur Amazon.fr, l’ouvrage Histoire de l’antisémitisme vue par un goy et remise à l’endroit (éditions Baskerville, 2010).
La présentation mise en ligne sur Amazon.fr accuse les Juifs d’être responsables de l’antisémitisme : « L’histoire du judaïsme est celle d’une secte en guerre permanente avec le reste de l’humanité. Ainsi, à toutes les époques et dans tous les pays, les juifs ont naturellement suscité l’antisémitisme. Le scénario qui se déroule est alors toujours le même : après les violences et les règlements de compte, les goys (les non-juifs) légifèrent pour tenter d’endiguer le phénomène puis expulsent les indésirables. Mais inévitablement, au bout d’un certain temps, ceux-ci parviennent à se réintroduire dans la place et recommencent leurs trafics et leurs intrigues, n’ayant rien appris de la leçon qui leur a été donnée. Cette histoire dure depuis trois mille ans. Après la lecture de ce livre, en tout cas, on l’espère, personne ne parlera plus jamais de civilisation judéo-chrétienne. »
II – Ryssen sur le réseau russe VK
Hervé Ryssen a ouvert un compte sur le réseau social russe VK, conçu sur le modèle de Facebook qui, par son absence de censure, permet de diffuser sans mal des propos tombant sous le coup de la loi en France. Ci-après quelques extraits de son compte sur Vkontakte, « en contact » en russe.
le 28 sept 2019, Ryssen poste sur VK un message qui fait la distinction entre « usurpateurs » juifs et « patriotes français » : « Je le répète encore une fois : nous avons eu le tort de laisser la critique de l’islam à des identitaires pro-sionistes, qui ont ouvert la porte du milieu patriote à toute une flopée d’intellectuels juifs qui ne sont pas dénués d’arrière-pensées. Si l’on veut évincer ces usurpateurs et récupérer les patriotes français qui partent du mauvais côté, nous devons nous saisir de cette question. La dénonciation du judaïsme et de l’immigration massive ne suffit plus. »
Ryssen propose une nouvelle définition du négationnisme sur VK, le 3 novembre 2019, accusant « de très nombreux dignitaires et tortionnaires d’origine juive » : « Un ‘négationniste’, c’est d’abord et avant tout une personne qui nie le rôle épouvantable de très nombreux dignitaires et tortionnaires d’origine juive dans la pire tragédie qu’ait connue l’humanité, à savoir, le bolchevisme. 30 millions de morts en trente ans étant l’estimation basse. On ne le répétera jamais assez. »
Le 6 novembre 2019 sur VK, Ryssen clarifie que pour lui, dessiner un « nez courbe », c’est dessiner un Juif : « Je trouve que le docteur a quand même un nez courbe. Mais il est vrai qu’à la pointe du combat pour l’avortement, depuis quatre générations, on trouve souvent des femmes et des hommes d’origine juive, et qui sont la plupart du temps toujours des juifs militants. Le dessinateur a donc eu raison de le suggérer. »
le 25 sept 2019, Ryssen évoque les « jouefs » sur VK, se demandant ce qu’ils ont « fait de beau dans l’histoire humaine » : « Si vous cherchez des graphistes antisémites, des musiciens antisémites, des peintres antisémites, etc. ils sont tous là, répertoriés par nos amis les jouefs. La page est gérée par un très beau spécimen de jouef, arrogant, suffisant, qui s’étonne que dans le pays où il vient juste d’arriver, il y a des gens qui n’acceptent pas d’être des esclaves. Incroyable ! Alors il fait des signalements, il porte plainte, et il se réjouit bruyamment quand un goy se fait prendre dans les filets de la justice. Ils sont comme cela. C’est leur nature ! Pauvres jouefs. Qu’ont-ils fait de beau, dans l’histoire humaine. Je vous le demande ? »
III – Tentative de récupération du mouvement social des Gilets jaunes
Hervé Ryssen a participé à une « grande réunion publique » le 30 janvier 2019, sous l’intitulé “Gilets jaunes, la Révolution qui vient”, dont le site complotiste d’Alain Soral Egalité et Réconciliation a mis l’affiche en ligne. Les autres participants étaient Alain Soral, Jérôme Bourbon, directeur de l’hebdomadaire Rivarol, Elie Hatem d’Action française et Yvan Benedetti (ancien président d’Œuvre française, mouvement politique français d’extrême-droite fondé en 1968). Cette initiative entendait récupérer à son compte le mouvement populaire français des Gilets jaunes, basé sur des revendications sociales.
IV – Ryssen sur YouTube : Les juives victimes d’inceste ont créé le féminisme
Hervé Ryssen a mis en ligne sur la plateforme vidéo YouTube, le 16 février 2019, une vidéo de plus d’une demie heure intitulée Les Juifs, l’inceste et l’hystérie. La vidéo avait été vue plus de 10 000 fois début décembre 2019. Elle s’ouvre sur des images de Juifs ultra-orthodoxes en habit noir en train de prier ou penchés sur un page de Talmud. Sur ces images, Ryssen évoque l’inceste chez les Juifs, qu’il présente comme une pratique courante dans cette communauté.
Tout au long de cette vidéo, il développe une théorie selon laquelle le féminisme (considéré comme négatif par Ryssen) serait à imputer aux femmes juives victimes d’inceste, qui se vengeraient sur les hommes de ce que leur auraient fait subir leurs pères. La féministe Simone de Beauvoir est, selon Ryssen, une victime, par « contagion », des juives victimes d’inceste. Extraits :
« On ignore dans quelles proportions l’inceste est pratiqué dans les familles juives. Il n’y a aucune statistique sur le sujet, mais à travers la littérature et le cinéma notamment, j’ai pu me rendre compte, ayant pratiqué une moisson extensive, que ce thème de l’inceste revenait très fréquemment chez les artistes et les intellectuels de cette communauté, aussi bien chez les juifs séfarades, originaires du pourtour méditerranéen, que chez les juifs ashkénazes, originaires de l’Europe de l’Est. (…) »
« Elie Wiesel, le superchampion du récit holocaustique, a laissé quelques propos ambigus au sujet de l’inceste. Dans son livre Célébration hassidique, le deuxième volume, paru en 1981, il nous parlait du Besht, le Baal Shem Tov, fondateur du mouvement hassidique, en Pologne, au 18e siècle, en s’exprimant une fois de plus de manière elliptique. Je cite Elie Wiesel : ‘Entre père et fille existait une véritable amitié, une sorte de complicité. On a le sentiment que le Besht était plus proche de sa fille que de son épouse’. (…)»
« Le complexe d’Œdipe ne concerne en réalité que la communauté juive »
« La voilà, la véritable origine du féminisme. Effectivement, historiquement, le mouvement féministe a été lancé par les femmes juives, qui projettent sur la société européenne la culpabilité qu’elles ressentent, au lieu d’accuser tout simplement leurs pères ou leurs rabbins. Sigmund Freud ne dira pas autrement, avec son soi-disant complexe d’Œdipe, qui ne concerne en réalité que la communauté juive (…) En France, Gisèle Halimi et Elisabeth Badinter sont toutes les deux des figures de proue du féminisme militant, une séfarade et une ashkénaze donc, mais il y a évidemment comme d’habitude, la contagion a touché les goys, et en l’occurrence c’est Simone de Beauvoir qui remplit le rôle de la militante goy pour une cause typiquement judaïque. (…) »
Ryssen poursuit en relevant que « le très influent » Jacques Attali, le philosophe Alain Finkielkraut, le philosophe Bernard-Henri Lévy et « un Américain très connu », Philip Roth, tous juifs, se seraient étendus sur l’inceste dans leurs ouvrages : « Le très influent Jacques Attali a mentionné cette question [de l’inceste entre mère et fils] dans plusieurs de ses livres, dans au moins quatre de ses livres. (…) Dans nos livres, en l’occurrence les trois livres que je vous ai cités, Psychanalyse du judaïsme, Le fanatisme juif et Le Miroir du judaïsme, on a aussi extrait des grosses allusions à l’inceste physique chez d’autres auteurs bien connus comme Alain Finkielkraut par exemple, qui a soulevé cette question dans son livre Le juif imaginaire en 1980 ; Bernard-Henry Lévy, qui en parle dans son roman Le Diable en tête en 1984, et Philip Roth, un Américain très connu, dans Portnoy et son complexe en 1967 ».
Les Juifs, quand ils n’évoquent pas frontalement l’inceste, sont accusés de le « projeter » sur les non-juifs : « On retrouve ce thème de l’inceste au cinéma, fréquemment, mais projeté sur les goys (…) Dans Désengagement, un film du réalisateur israélien Amos Gitai, en 2007. C’est aussi une histoire entre un frère et sa sœur. Dans Terre de lumière, de Stéphane Kurc, qui est un juif ukrainien, c’est encore une histoire entre un frère et sa sœur (…) Dans La Couleur pourpre, de Steven Spielberg, un film de 1986, on a ce même thème qui est abordé. (…) Il s’agissait évidemment d’une projection, classique chez l’intellectuel juif. »
« C’est bien dans la seule communauté juive que le père possède toutes les femmes, y compris ses propres filles »
« Sigmund Freud s’était évidemment inspiré des mœurs de sa communauté pour élaborer sa théorie sur la horde primitive. Car c’est bien dans la seule communauté juive que le père possède toutes les femmes, y compris ses propres filles, et nulle part ailleurs. Personne ne s’était interrogé jusqu’à présent sur cette théorie, ce concept de horde primitive, qui pour un goy normal, pour un Européen, ne correspond strictement à rien… »
La vidéo se termine sur l’image suivante, qui présente une série d’ouvrages antisémites, tous (sauf un) en vente sur Amazon.fr :
Et sur Amazon.fr : (Captures d’écran Amazon)