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L’homme d’affaires syrien Ghassan Aboud, fondateur de la chaîne télévisée de l’opposition syrienne Orient et de l’organisation Orient for Human Relief, a déclaré que ses membres s’étaient entretenus avec des responsables israéliens et des Israéliens travaillant pour des associations humanitaires dans le but d’aider les populations du sud de la Syrie. « J’ai vu plus de compassion chez [mes voisins juifs à Anvers] que chez beaucoup de Syriens que nous considérions comme nos frères et qui nous bombardent maintenant avec des avions, des missiles et des tanks », a déclaré Aboud. « Israël est toujours sur la liste [des ennemis] », mais « est tombé à la dixième place », a-t-il déclaré dans l’interview diffusée sur la chaîne Orient le 18 mars 2018. Extraits :
Ghassan Aboud : Si jamais les Turcs viennent [libérer] Hama, je distribuerai des pâtisseries. Si les Américains viennent [libérer] des parties de la Syrie, je distribuerai aussi des pâtisseries, parce que je sais qu’ils ne viennent pas pour tuer et patauger dans le sang. […] Par Dieu, si aujourd’hui, demain ou après-demain, les autres villes syriennes sont libérées [de l’emprise du régime], vous me verrez danser, même si ce sont [les djihadistes] de la région d’Idlib qui les auront libérées, car nul n’est pire que le régime. […] Je pense que les seuls à avoir profité des soi-disant guerres avec Israël sont les régimes militaires tyranniques [arabes]. Les peuples ont été totalement dévastés par ces guerres.
Moi, Ghassan Aboud, et l’organisation Orient [for Human Relief], nous sommes entretenus non seulement avec des Israéliens qui travaillent pour des associations humanitaires, mais également avec des officiels gouvernementaux. Je ne leur ai pas parlé pour vendre le Plateau du Golan. D’autres se sont déjà occupé de le faire. Je leur ai parlé dans l’objectif de fournir de l’aide à la population du sud de la Syrie. […]
Je n’ai de problèmes avec personne. Je vis en Europe depuis huit ans, et j’ai des voisins juifs. Anvers est remplie de juifs, et j’ai également des projets en Amérique. Je discute avec eux, et par Dieu, j’ai vu plus de compassion chez eux que chez de nombreux Syriens que nous considérions comme nos frères, et qui aujourd’hui nous bombardent avec des avions, des missiles et des tanks.
Il y a quelque temps, j’ai rencontré d’éminents juifs américains à New York, dont un homme de 86 ans. Il m’a dit : « J’étais autrefois maître de conférences à Cambridge et à Oxford. Je peux aider 20 bacheliers syriens à intégrer ces universités et à y étudier gratuitement, à mes frais. » Qu’auriez-vous dit à cet homme ? Ne lui auriez-vous pas embrassé la main ? Je lui ai dit : « Merci pour votre générosité. » Madame, nous sommes tous des êtres humains. Un ennemi raisonnable vaut mieux qu’un ami stupide et fou, mieux qu’un ami qui nous anéantit totalement.
Je ne dis pas que [les Israéliens] sont devenus nos amis. Très bien, nous sommes ennemis. Mais il existe un aspect humain à tout cela. Je sais de source sûre que lorsque les portes d’Israël se sont ouvertes aux familles [des réfugiés] syriens, ce n’était pas le résultat d’une décision du gouvernement israélien. Il n’existe toujours pas de décision du gouvernement israélien d’aider les Syriens. Un officier israélien a vu des gens se faire massacrer. Des femmes et des filles arrivaient à la frontière, portant des enfants blessés dans les bombardements. Il a appelé son supérieur et a dit : « J’ouvre les portes. Vous pouvez m’exécuter si vous voulez. Je ne peux pas rester là à regarder des personnes couvertes de sang appeler à l’aide. » Je sais de source sûre que la frontière a été ouverte la première fois par un soldat israélien, non sur une décision du gouvernement israélien. Madame, nous restons des êtres humains. Nous ne sommes pas dans un film indien, où il y a le bien absolu et le mal absolu. Voyez ce que nous font nos amis et compatriotes. […]
La raison doit l’emporter. Nous avons besoin d’amis. La dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’ennemis supplémentaires.
Journaliste : Une question complémentaire à cette position : Est-ce que de nombreux Syriens ont rayé Israël de la liste de leurs ennemis ?
Ghassan Aboud : Israël figure toujours sur la liste, mais plus en haut. Israël était autrefois notre ennemi numéro 1, mais lorsque les Syriens ont vu ce qui se passait… Divisons les Syriens de la façon dont ils sont divisés dans la vraie vie. Les Syriens sont soit avec, soit contre la coalition des minorités, menée par l’Iran et le régime syrien. Ceux qui s’opposent à cette coalition sont la vaste majorité des sunnites. Pour eux, l’ennemi numéro 1 aujourd’hui est l’Iran et la Russie… Le régime syrien est, évidemment, l’ennemi numéro 1. Puis vous avez l’Etat islamique, le Front Nosra, qui les massacre aussi aujourd’hui, les Kurdes et le PKK, qui arrivent des montagnes de Qandil, et qui les chassent de leurs régions, puis il y en a trois ou quatre autres avant d’arriver aux Israéliens, qui sont tombés en dixième position sur la liste.
Les Israéliens ne pataugent pas dans le sang syrien. Ils n’ont pas tué tant de Syriens. Israël n’a jamais tué autant de Syriens que le régime l’a fait ces quatre derniers jours. Quant aux sympathisants du régime, ils considèrent les sunnites comme l’ennemi numéro 1. L’Arabie saoudite arrive en deuxième place, puis viennent les Emirats arabes unis, les Etats du Golfe, la Turquie, les Américains, etc. Pour eux aussi, Israël est à la 10e place. Ce n’est pas qu’Israël n’est plus un ennemi ; c’est juste un ennemi de moindre importance.