Un article paru dans le quotidien libanais en français L’Orient Le Jour, le 16 janvier 2018, intitulé « La stratégie de Abbas est confuse », critique la stratégie du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, telle qu’elle apparaît dans son discours adressé au comité central de l’OLP le dimanche 14 janvier 2018. Dans ce discours, Abbas affirme notamment que le comité central « se doit de revoir les accords passés entre l’OLP et le gouvernement israélien. » (1) L’article de L’Orient Le Jour interroge l’utilité d’une telle mesure. Extraits :

(…)  « Nous sommes à un moment critique et notre avenir est en danger… On nous offre actuellement Abou Dis comme capitale », a ajouté le dirigeant palestinien. Il confirme ainsi les rumeurs qui couraient depuis décembre sur une offre de plan de paix sponsorisé par Washington et Riyad pour faire de la petite ville d’Abou Dis, située dans le gouvernorat de Jérusalem, la capitale palestinienne.

Si la décision américaine de reconnaître Jérusalem a permis de remettre le conflit entre les Palestiniens et l’État hébreu, qui dure depuis plus de soixante ans, sur le devant de la scène moyen-orientale, elle n’a pas aidé à débloquer des négociations de paix enlisées depuis plusieurs années, mais elle a, au contraire, contribué à polariser les positions de chaque partie.

Pire encore, elle met au placard les efforts déployés par les précédentes administrations américaine, palestinienne et israélienne pour tenter d’obtenir une solution commune au conflit qui constitue l’épicentre de la tension dans la région. « Je dis qu’il n’y a plus d’Oslo, Israël a mis fin à Oslo », a martelé le dirigeant palestinien dimanche. Les accords d’Oslo, auxquels M. Abbas se réfère, ont été signés en 1993 à Washington D.C. par le Premier ministre israélien de l’époque, Yitzhak Rabin, Yasser Arafat, président du comité exécutif de l’OLP, et Bill Clinton, alors président des États-Unis.

Quel scénario post-Oslo ?

Le document permettait alors de donner un cadre aux négociations de paix et posait la reconnaissance mutuelle entre les deux parties concernées, un événement historique où les dirigeants présents posaient, tout sourire, pour les caméras sur le perron de la Maison-Blanche, semblant annoncer une résolution du conflit dans un futur proche. Vingt-cinq ans plus tard, l’occurrence paraît bien lointaine, voire presque anecdotique.

Les déclarations de Mahmoud Abbas soulèvent donc de nombreuses interrogations. Ira-t-il jusqu’au bout de ses propos ? Quelles options se présentent alors pour le camp palestinien dans un scénario post-Oslo ? Car l’abandon du texte « signifierait également la dissolution de l’Autorité nationale palestinienne », alors que les zones qu’elle administre ont été définies par les accords d’Oslo, souligne Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités et président de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo), interrogé par L’Orient-Le Jour. « Cela poserait notamment le problème du sort des institutions palestiniennes sous son contrôle, qui sont particulièrement utiles au quotidien pour la population », ajoute-t-il.

Selon l’expert, il en va de même pour le problème des armes du Hamas ou encore de la coopération sécuritaire avec l’État hébreu, dont l’Autorité palestinienne a besoin. Autant d’éléments à prendre en compte, et bien peu d’indications du côté palestinien pour répondre à ces questions.

Dans cette optique, une autre difficulté pour M. Abbas serait également de présenter un médiateur autre que les Américains pour chapeauter les négociations de paix. Une tâche loin d’être facile alors qu’il est peu probable que les Israéliens acceptent un autre intermédiaire que Washington sous l’administration Trump, acquise à leur cause.

« La stratégie de Mahmoud Abbas est confuse pour le moment », observe M. Chagnollaud. Face à un plan d’attaque difficilement lisible du côté palestinien, il s’agit de savoir si la solution à deux États est aussi remise en cause. (…)

(1) Voir le discours d’Abbas sous-titré en anglais

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