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L’intellectuel égypto-allemand Hamed Abdel-Samad a déclaré dans une interview diffusée le 8 août 2019 sur la chaîne Al-Hurra (États-Unis) qu’afin que le monde arabe respecte davantage la liberté de religion, il fallait trouver un compromis affirmant que la liberté de culte était indissociable de la liberté de critiquer la religion. Il a affirmé qu’il fallait mettre fin au « mariage catholique » entre l’opinion publique, l’autorité religieuse et le pouvoir politique.
Abdel-Samad a expliqué que les Arabes considéraient tout défi à la religion comme une attaque personnelle plutôt que comme une idée nouvelle, car la religion est le seul élément qui définit leur identité. Il a ajouté que les dirigeants politiques du monde arabe devraient puiser leur légitimité ailleurs que dans l’opinion publique et l’autorité religieuse. Il a déclaré que les autorités religieuses « bondissaient comme des chiens enragés » lorsque la religion est contestée, car elle est leur source de revenus. Extraits :
Journaliste : Comment amener le monde arabe à un véritable respect de la liberté de croyance ou des différences d’opinion en matière de religion ?
Hamed Abdel-Samad : Nous devons parvenir à un compromis, statuant que la liberté de religion est indissociable de la liberté de critiquer la religion. Nous devons parvenir à un compromis statuant que le concept de blasphème contre la religion ou contre Dieu est en lui-même une notion absurde et blasphématoire. Nous devons mettre fin aux différents « mariages catholiques » dans notre société arabe – le mariage entre l’opinion publique et le pouvoir politique, et le mariage entre l’autorité religieuse et le pouvoir politique. La plupart des nôtres sont obsédés par la religion. Ils souffrent à la fois de narcissisme et d’un complexe d’infériorité. Ils voient la religion comme la seule chose définissant leur identité. Par conséquent, lorsque nous critiquons la religion, ils ne le voient pas comme une présentation d’idées, mais comme une attaque directe contre leur identité et leur droit de vivre. Le leadership politique n’étant pas démocratique dans la plupart des pays [arabes], il puise donc sa légitimité dans d’autres sources – l’opinion publique et l’autorité religieuse. Pour l’autorité religieuse, tout ce qui est sacré constitue une source de revenus. Ainsi, lorsque nous critiquons la religion, ses textes et ses symboles, nous menaçons leur source de subsistance. C’est pourquoi ils se jettent sur nous comme des chiens enragés. Nous devons donc rompre le mariage entre la politique, la religion et l’opinion publique.