Le 12 juillet 2019, les livraisons de systèmes de missiles de défense russes S-400 à la Turquie ont commencé. Youssouf Kaplan a commenté les livraisons dans le quotidien turc Yeni Safak, porte-parole du parti au pouvoir AKP. Selon lui, l’acquisition des systèmes S-400 représente une étape importante dans le combat de la Turquie pour son indépendance et son avenir.
Kaplan a ajouté que la Turquie devait conclure des accords stratégiques avec la Russie et développer des projets de coopération sécuritaire, afin de contre-balancer les relations « sinistres » établies par la Turquie avec les Etats-Unis et les pays de l’UE. Toutefois, Kaplan a également mis en garde le gouvernement turc d’éviter de prendre des mesures qui rendraient la Turquie trop dépendante de la Russie.
Selon Kaplan, la Russie ne peut agir indépendamment d’Israël et des “forces juives”. « Nous devons être prudents et savoir que la Turquie pourrait être entraînée dans un piège à tout moment par la Russie, par le biais des directives des seigneurs du système mondial », a-t-il conclu. Extraits : [1]
« Nous devons conclure des accords stratégiques avec la Russie pour contrebalancer les relations sinistres que nous avons établies avec les Etats-Unis et les pays de l’UE »
A l’heure où les discussions de type « Est-ce arrivé ou non, cela arrivera quand les poules auront des dents » se multiplient, les S-400 ont commencé à arriver, suite à la déclaration ferme et déterminée du président Recep Tayyip Erdogan : « Je ne dis pas que les S-400 seront achetés, je dis qu’ils ont déjà été achetés ».
Que cela soit pour le mieux. Que Dieu multiplie notre puissance et protéger notre pays !
Cela peut être considéré comme une étape importante dans le combat de la Turquie pour son indépendance et son avenir.
Si nous avions fabriqué de telles armes, nous aurions pu faire plus facilement cette déclaration, et nous aurions dit que ces armes sont une étape extrêmement importante, un jalon dans le combat de la Turquie pour l’indépendance.
Le fait que la fabrication des armes ne relève pas de nous n’aura certainement pas pour effet de diminuer l’importance de ce système de défense puissant.
Souhaitons avoir aussi de tels systèmes de défense et que nous pourrons les produire dans un proche avenir.
Parce force est de constater que la Turquie a révolutionné le secteur de l’industrie de la défense au cours de la décennie écoulée. L’ayant souvent évoqué dans mes précédents articles, je n’aborderai pas cette question avec autant de détails cette fois.
Le moment de l’arrivée des S-400, qui coïncide avec l’anniversaire du 15 juillet, est un message extrêmement important pour l’Occident et ses Etats satellites.
L’emplacement à la base aérienne d’Akinci, l’un des centres où a été préparée la tentative de coup d’Etat et d’invasion du 15 juillet 2016, envoie également un message extrêmement important à l’Occident, à ses Etats satellites et à la Russie.
Pourquoi est-ce que j’affirme que c’est un message aux Russes ?
Parce que les Russes se sont installés dans la région, au sud de notre pays. Nous devons conclure de tels accords stratégiques avec les Russes et développer des projets de coopération pour notre sécurité, afin de contrebalancer les relations sinistres et éprouvantes que nous avons établies avec les Etats-Unis et les pays de l’UE, qui sont une menace pour l’indépendance de la Turquie.
Toutefois, la Russie doit aussi prendre garde de toujours établir des relations prudentes, et nous devons veiller à ne pas adopter de mesures qui rendront la Turquie dépendante de la Russie cette fois.
Les forces juives pavent la voie à la Russie
« LA RUSSIE NE PEUT AGIR INDEPENDAMMENT D’ISRAEL ET DES FORCES JUIVES AUX ETATS-UNIS
Même si elle ne nous est pas redevable de sa présence dans la région, la Russie – d’une certaine manière – nous doit la légitimité de son existence.
Alors, à qui la Russie est-elle redevable de sa présence dans la région ?
A Israël et aux forces juives aux Etats-Unis.
La Russie ne peut et ne fera pas le moindre pas indépendamment d’Israël et des forces juives.
Ceux qui pavent le chemin pour la Russie sont les forces juives en Israël et aux Etats-Unis.
Vous devez en être pleinement conscients. Et je dis aux administrations de notre pays de ne jamais oublier la « main secrète » des forces israéliennes et juives dans nos relations avec la Russie.
Cela peut sembler paranoïaque, mais nous n’avons pas d’autre choix : la Turquie a défié le système mondial deux fois depuis l’incident de « la minute » à Davos.[2]
Ils cherchent des manières d’exercer leur vengeance contre la Turquie et Erdogan.
Pour y parvenir, ils veulent une Turquie sans Erdogan, ou une Turquie dans laquelle le parti AK serait divisé [3] et donc une Turquie incertaine, dont les fils seraient entre leurs mains et qui pourrait être facilement contrôlée.
Au long de ce processus, nous devons être prudents et savoir que la Turquie pourrait être entraînée dans un piège à tout moment par la Russie, par le biais des directives des seigneurs du système mondial.
Les S-400 sont importants, mais pas moins que les S-400.
La Turquie pourrait-elle faire face à une attaque stratégique – ou même militaire – de l’OTAN ou à un embargo américain ?
Les déclarations du président américain Donald Trump sur ce sujet ne sont pas contraignantes. Nous devons suivre avec soin le Congrès, le Pentagone, la force juive et donc l’Etat profond américain, prendre nos décisions en conséquence et nous préparer à toute éventualité.
En résumé, les S-400 auront une fonction de dissuasion pour contrecarrer les attaques visant notre pays. Mais cette situation ne doit pas nous amener à être de nouveau tributaires de la Russie. La Turquie applique la stratégie que je qualifie de stratégie de l’équilibre actif depuis trois ans. La politique de l’équilibre actif et la stratégie de politique étrangère à choix multiples nous éviteront toute dépendance de telle ou telle puissance.
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Yenisafak.com, 14 juillet 2019.
[2] Lors du sommet de Davos en 2009, Erdogan avait répondu à l’ancien président israélien Shimon Pérès, qui avait fait porter au Hamas la responsabilité des récents combats à Gaza. Un modérateur l’avait alors interrompu, affirmant que le débat avait dépassé le temps imparti. Erdogan avait alors tapoté le bras du modérateur, jusqu’à ce qu’il lui donne une minute de plus pour répondre. Cnn.com, 30 janvier 2009.
[3] L’ancien « Monsieur Economie »d’Erdogan, Ali Babacan, a annoncé son intention de créer un nouveau parti. Il est soutenu par l’ancien président Abdullah Gul. Voanews.com, 11 juillet 2019.