Par : Z. Harel*

Les critiques en Jordanie à l’encontre de la reine Rania, accusée depuis des années, notamment par des éléments de l’opposition, de corruption, d’extravagance et d’ingérence dans les affaires publiques, ont récemment connu une recrudescence. Ces critiques font partie des protestations contre le régime jordanien et la famille royale, qui durent depuis le printemps arabe 2011, revendiquant une monarchie constitutionnelle, des réformes politiques et économiques, la libération des prisonniers politiques et l’amélioration de la vie de la population [1].

Les critiques à l’encontre de la reine se sont récemment intensifiées, dans le contexte d’une grève des enseignants durant depuis un mois, en vue d’obtenir de meilleurs salaires. Ils contestent le fait que, pour avoir droit à une augmentation de salaire, ils devraient suivre une formation professionnelle à la Queen Rania Teacher Academy (QRTA), fondée par la reine en 2009. D’aucuns ont également affirmé que la QRTA s’était vu accorder des pouvoirs étendus, alors que l’autorité du ministère de l’Éducation avait été réduite, et des questions concernant les finances et le financement public de la QRTA ont été soulevées. D’autres institutions associées à la reine, comme la Queen Rania Society for the Welfare of Servicemen and Families (Société pour le bien-être des soldats et des familles), ont également fait l’objet de critiques. Sur les médias sociaux, la reine a été fustigée, y compris pour sa vie privée et même pour sa garde-robe.

Bien que la reine Rania soit très active sur Facebook, Twitter et Instagram, et qu’elle mette parfois en ligne des vidéos sur YouTube, elle s’est jusqu’à présent abstenue de répondre aux critiques à son encontre. Cette fois, cependant, elle a pris la mesure sans précédent de publier une lettre publique sur sa page Facebook. Dans ce document, elle déplore que depuis le printemps arabe 2011-2012, quiconque ayant « un ‘problème’ avec l’Etat… ou quiconque en quête d’attention et de gloire, entreprend d’attaquer la reine, les initiatives de la reine, les robes de la reine et la famille de la reine ! »

Ce ne sont pas les premières allégations de ce genre contre la reine Rania. Lors des manifestations du printemps arabe en Jordanie, la reine a été accusée d’ingérence dans les affaires étatiques, de transfert de terres publiques à sa famille et de détournement de fonds publics [2]. En outre, il y a environ un an, le député Ghazi Al-Hawamleh a déclaré que son ingérence dans les affaires publiques engageait la responsabilité de l’Etat [3].

Les critiques à l’encontre de la reine Rania s’inscrivent dans le contexte des protestations contre le roi, qui se sont intensifiées il y a environ un an. Les protestations comprennent des manifestations hebdomadaires, quelque peu discrètes, au centre d’Amman, réunissant des dizaines, voire des centaines, de participants, au cours desquelles des appels contre le roi et pour la chute du régime se font entendre.

La presse jordanienne, défendant les monarques comme à l’accoutumée, a répondu aux critiques contre la reine par de nombreux articles louant son activité et son action dans les domaines de l’éducation, de la jeunesse et de la santé, ainsi que de l’émancipation des femmes, et par des articles louant le roi et condamnant les appels anti-régime.

Le présent rapport passe en revue les critiques récemment formulées en Jordanie à l’encontre de la reine Rania et du roi Abdallah, ainsi que les tentatives visant à les réprimer.

Lire la suite du rapport en anglais

*Z. Harel est chercheur à MEMRI.

Notes :

[1] Voir Enquête et analyse n° 771 de MEMRI The Arab Spring in Jordan: King Compelled to Make Concessions to Protest Movement, 12 décembre 2011 ;  Enquête et analyse n° 806 de MEMRI The Arab Spring in Jordan – Part II: Oppositionists Challenging the Legitimacy of the King and Hashemite Royal Family, 4 mars 2012 ;  Jordanie : Multiplication des appels à des réformes politiques et à la limitation des prérogatives royales, 16 décembre 2018 ; Les manifestations en Jordanie menacent de déstabiliser le régime, 14 mars 2019.

[2] Voir MEMRI Enquête et analyse n° 771, The Arab Spring in Jordan: King Compelled to Make Concessions to Protest Movement, 12 décembre 2011; Enquête et analyse n° 806, The Arab Spring in Jordan – Part II: Oppositionists Challenging the Legitimacy of the King and Hashemite Royal Family, 4 mars 2012.

[3] Voir Jordanie : Multiplication des appels à des réformes politiques et à la limitation des prérogatives royales, 16 décembre 2018.

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