Dans le contexte de l’atelier économique « La paix vers la prospérité » qui s’est tenu à Bahreïn du 25 au 29 juin 2019, consacré au volet économique de l’Accord du siècle de l’administration Trump, le journaliste syrien Fouad Al-Sharabji a comparé, dans un éditorial du quotidien syrien officiel Tishreen, le gendre et conseiller de Trump, Jared Kushner, à Shylock, l’usurier juif du Marchand de Venise de Shakespeare. Dans la pièce, le contrat de Shylock précise que si ce dernier n’est pas remboursé à temps, les emprunteurs devront honorer leur dette en renonçant à une livre de leur chair.
Al-Sharabji écrit que Jared-Shylock défend un accord politique « d’argent en échange de la chair de la Palestine » qui, dit-il, permettra aux réfugiés palestiniens d’obtenir la citoyenneté dans les pays où ils résident contre paiement et instauration de la souveraineté israélienne sur toutes les terres convoitées par Israël. Il fustige ensuite les chefs d’Etat arabes qui, dit-il, servent ce programme « sioniste-shylockien ». Extraits :
Quand l’argent entre les mains de l’usurier devient un moyen de contrôler les nécessiteux, cet argent devient une arme d’assujettissement et d’asservissement. [Le personnage du Marchand de Venise] Shylock a exigé un morceau de la chair de l’emprunteur en échange de l’argent qu’il lui avait prêté !
Jared Kushner, exécuteur de l’Accord du siècle, a participé à [l’atelier de Bahreïn] non seulement en tant que juif orthodoxe, mais aussi en tant que fils de Charles Kushner, un agent immobilier… qui a connu un revers commercial, lequel a accru son appétit pour tout morceau de chair d’autrui. Le père de Jared, Charles-Shylock, est tombé en disgrâce au début du 21e siècle, après avoir plaidé coupable de 18 chefs d’accusation de crimes financiers, dont fraude, corruption d’hommes politiques et ingérence dans les élections fédérales, et avoir passé deux ans en prison.
Selon le British Daily Express, l’avocat, conseiller en relations publiques et expert en fraude financière de Charles-Shylock, Howard Rubenstein, lui a conseillé de prendre des mesures pour redorer son image et réintégrer le monde des affaires. Il l’a présenté à [Donald] Trump, qui n’était alors qu’un simple agent immobilier. Suivant la recommandation de l’expert en fraude Rubenstein, Charles a poussé son fils Jared dans la famille Trump, après lui avoir acheté un petit journal, pour le rendre digne [d’épouser] Ivanka. L’affaire a été arrangée et présentée comme si Ivanka et Jared étaient tombés amoureux et s’étaient mariés après la conversion d’Ivanka au judaïsme. Jared a commencé à gravir les échelons [des affaires] conformément aux plans de son père et de l’expert en fraude Rubenstein.
Fidèle à la mentalité shylockienne d’utilisation de l’argent, Jared nous propose aujourd’hui l’ « Accord du siècle », basé sur le principe de la « paix en échange de la prospérité ». La véritable signification de cette politique est « l’argent en échange de la chair de la Palestine ». Y a-t-il un comportement shylockien plus explicite ?
Jared, fils de Shylock et époux d’Ivanka, pour qui [le Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahou est un brillant exemple, est arrivé dans la région avec un couteau shylockien, et pas seulement pour dépecer le problème palestinien. Il apporte également avec lui un accord porteur d’intérêts, en vertu duquel chaque réfugié recevra la citoyenneté dans le lieu où il est réfugié, en échange d’argent, et en vertu duquel la souveraineté d’ « Israël » pourra s’appliquer à tout territoire sur lequel il a quelque chose à gagner, Jared ayant annoncé que son plan repose sur l’abolition de frontières. Cela conduira à la disparition des États-nations de la région et leur portera préjudice à tous en les transformant en entités sans frontières.
Après tout cela, comment devrions-nous appeler les dirigeants arabes qui servent ce programme sioniste-shylockien ?
Note :
[1] Tishreen (Syrie), 1er juillet 2019.