Voir les extraits vidéo sur MEMRI TV

La chaîne télévisée Al-Jazira s’est intéressée à l’essor de l’économie de consommation à Gaza dans un récent épisode de son émission « L’économie et le peuple ». Des images de centres commerciaux, restaurants et complexes touristiques montrent que les affaires prospèrent. Selon les investisseurs et les hommes d’affaires interviewés, les projets liés à la consommation et au tourisme sont attractifs car ils laissent espérer des bénéfices rapides à de faibles risques. Ils mentionnent toutefois la fermeture des postes frontaliers comme un frein au développement et placent leurs espoirs dans la réconciliation Fatah-Hamas, qui pourrait contribuer à une amélioration de la situation à Gaza et à une augmentation des profits. Le reportage a été diffusé le 26 novembre 2017. Extraits :

Journaliste : Ces dernières années, la bande de Gaza présente une forte hausse des projets de consommation, tels que les centres commerciaux, les hôtels, les restaurants, les salons de beauté et les magasins de détail. Pourquoi les investisseurs et les hommes d’affaires optent-ils pour ce type de projet de consommation tout en évitant les projets de production dans l’industrie et l’agriculture ? […]

Bienvenue pour un nouvel épisode de notre émission « L’économie et le peuple », diffusé pour vous depuis la bande de Gaza. Nous examinerons la multiplication des projets de consommation, les raisons pour lesquelles les investisseurs préfèrent ce type de projet, et l’impact de ce phénomène sur l’économie de la bande de Gaza en général. […]

Si nous n’avons pas de statistiques officielles sur le nombre de nouveaux projets de consommation réalisés à Gaza ces dernières années, on sait qu’une dizaine de centres commerciaux, une quarantaine de restaurants et neuf centres de villégiature ont ouvert leurs portes. Il existe de nombreux investissements dans les salons de beauté, les magasins de jouets et les boutiques de vêtements. En outre, la bande de Gaza renferme 24 hôtels. […]

La construction de centres commerciaux a le vent en poupe chez les investisseurs, car de tels projets sont considérés comme générant des profits rapides à faible risque. Est-ce là la solution pour la bande de Gaza ?

Mahmoud Haniya, propriétaire d’un centre commercial : En tant qu’investisseurs dans la bande de Gaza, nous investissons toujours dans des entreprises de consommation. Notre étude de marché a montré que la bande de Gaza a besoin de ce type de projet. Nous avons mené les études de faisabilité économique requises, lesquelles ont montré que ce projet sera couronné de succès, si Allah le veut. Mais il a fallu quatre ans pour mettre ce projet sur pied. Au cours de ces quatre années, il y a eu des situations imprévisibles. Lorsque nous avons ouvert le centre, au vu des surprises survenues et des efforts déployés pour maintenir la qualité des produits proposés à la clientèle, le projet a subi des pertes, contrairement à nos attentes et à [ce que prévoyaient] nos études de faisabilité. Nous continuons à fournir le même niveau de qualité et de service, et nous espérons qu’après la réconciliation [Fatah-Hamas], la situation à Gaza s’améliorera et que le projet générera des bénéfices, conformément à nos études de faisabilité. […]

Mona Al-Ghlayani, propriétaire d’hôtels et de restaurants : J’ai choisi d’investir dans le tourisme et dans les projets de consommation, car ce sont deux des secteurs les plus prospères de la bande de Gaza. Après de nombreuses années passées dans la bande de Gaza, je suis convaincue que c’est l’avenir. Je suis persuadée qu’en cas de réconciliation [Fatah-Hamas] et avec l’amélioration de la situation dans la bande de Gaza, le tourisme deviendra l’un des secteurs phare de la bande de Gaza. […]

Salah Abou Hasira, responsable du secteur des restaurants et des hôtels à Gaza : Aujourd’hui, Gaza est fortement tributaire du tourisme. Elle présente de nombreux sites archéologiques, hôtels, restaurants et parcs à thème. Les investissements dans ces projets sont très élevés et emploient actuellement 6 000 personnes, malgré la crise économique occasionnée par la fermeture des postes frontaliers et la situation dans la bande de Gaza. Malgré cela, [le tourisme] reste un secteur vital, qui fournit 6 000 emplois. Si la prospérité voit le jour après la réconciliation palestinienne et à l’ouverture des postes frontaliers, le nombre d’employés dans ce secteur dépassera les 12 000. Gaza compte quelque 430 licences commerciales dans ce secteur. Quelque 108 projets touristiques sont enregistrés auprès de notre autorité. Ils se répartissent en différents secteurs : hôtels, restaurants, cafés, parcs à thème, zoos et autres services touristiques. Il s’agit donc d’un secteur très étendu et très sensible à la conjoncture politique. Il fleurit très rapidement lorsqu’il y a stabilité politique. Nous pensons que le gouvernement devrait accorder beaucoup d’attention à ce secteur, de même que les institutions internationales.

Journaliste : Les investisseurs qui se focalisent sur les projets de consommation ont leurs raisons. Naturellement, les profits rapides et les faibles risques sont la raison principale [de leur choix]. […]

Motaz Abdo, propriétaire de restaurant : Lorsque nous avons ouvert le restaurant en 1994, il faisait environ soixante-dix mètres carrés. Avec l’augmentation de sa popularité, nous avons dû l’étendre à 150 mètres carrés. Cette expansion n’a pas eu lieu sans raison. Elle était due à la demande. Les postes frontaliers sont fermés et les gens ne peuvent pas partir en vacances. Ils doivent donc se tourner vers le tourisme intérieur dans la bande de Gaza. À Gaza, il n’y a pas d’alternative aux restaurants. Nous avons donc dû agrandir notre restaurant et développer nos services afin de proposer une expérience touristique de haut niveau. […]

Hussein Zein Al-Din, propriétaire d’un magasin de jouets : Je m’appelle Hussein Zein Al-Din et je suis propriétaire du magasin Toy Box. J’ai fait mes études en Egypte et ai reçu mon diplôme d’ingénieur civil en 2012. J’ai travaillé comme ingénieur, mais cela ne s’est pas bien passé. La plupart des projets étaient en suspens. Il n’y a pas de projets, pas d’infrastructures et pas d’arrivage de matières premières. C’était très difficile. Alors je me suis tourné vers le commerce. Nous avons ouvert ce magasin, où nous vendons des jouets et des cadeaux, pensant que cela pourra être un investissement fructueux, avec un revenu progressivement croissant. Notre approche était de démarrer gros. Les gens disent qu’avec la conjoncture actuelle et avec le blocus, ce sera très difficile. Mais nous avons fait tomber les barrières. Nous apportons un changement aux gens. Les gens disent que c’est difficile, mais nous disons qu’au début, tout est difficile, mais que tout finit par s’arranger. Nous pourvoyons aux besoins de toutes les classes sociales ici. Nous avons des produits pour les pauvres, la classe moyenne et les riches. […]

En tant qu’investisseurs, nous espérons que notre problème numéro un sera résolu : le problème des passages frontaliers, qui augmente les taux de change commerciaux. Le deuxième problème qui doit être résolu est le problème d’électricité. Nous avons besoin d’électricité pendant plus d’heures pour réduire nos coûts d’exploitation. Troisièmement, nous demandons au ministère de l’Economie de nous soutenir afin que nous puissions apporter la prospérité à l’économie de Gaza. […]

Journaliste : Comment la population de Gaza considère-t-elle la forte augmentation des projets de consommation ? […]

Cliente : Malgré la conjoncture difficile, Gaza a de grandes perspectives. Mais le travail devrait également s’accomplir sur le plan politique. Ce sont les politiciens qui doivent lever le blocus et éliminer tous les obstacles à une économie réelle et significative. […]

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here