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Sarbast Nabi, universitaire kurde qui enseigne l’histoire de la philosophie moderne à l’Université de Koya, dans la région du Kurdistan irakien, a été interviewé par le réseau Al-Arabiya (Arabie Saoudite) le 7 octobre 2019. Dans cette interview, Nabi a déclaré que le président turc Recep Tayyib Erdogan avait fait entrer en Syrie des combattants de l’Etat islamique. Il a affirmé qu’Erdogan n’avait « commencé à parler de terrorisme » que lorsque des groupes ethniques locaux ont défendu la région contre l’Etat islamique. « L’armée turque vient combattre le peuple kurde », a-t-il déclaré. Selon lui, Erdogan est déterminé à entreprendre une politique d’ingénierie démographique et à remplacer les Kurdes, notamment par des anciens membres de l’Etat islamique et des Ouïghours. Selon Nabi, Erdogan aurait déclaré que 95 % des terres kurdes étaient en réalité des terres arabes et qu’il reprendrait Mossoul et Kirkouk avant 2023. Extraits :
Sarbast Nabi : La frontière [syrienne] avec la Turquie était autrefois plus sûre que la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Nous savons que lorsque l’Etat islamique et Al-Qaïda se sont installés près de la frontière turque, cela n’a pas dérangé l’armée turque, et nous n’avons pas entendu un seul mot de la part d’Erdogan, qui a fait entrer tous les combattants étrangers de l’EI en Syrie. Leurs passeports portent des tampons turcs. Ils ont été introduits en Syrie. Erdogan n’a commencé à parler de terrorisme que lorsque les groupes ethniques locaux ont sécurisé la zone. L’armée turque vient combattre le peuple kurde, tout comme elle l’a fait à Afrin, où elle a chassé 75 % de la population, détruit tous les temples et lieux saints des différentes religions et confessions, et imposé le système éducatif islamique, approuvé par le waqf turc. Aujourd’hui dans la ville d’Afrin – et ceci confirme mes propos – il y a des médecins, des membres de l’EI, qui travaillaient pour l’EI, auxquels le gouvernement turc a ouvert des cliniques. Il y a des membres de l’EI qui travaillent dans des hôpitaux à Afrin. Le président turc affirme que 95 % de cette terre est une terre arabe, et qu’il la rendra à sa population originelle. Recep Tayyip Erdogan est devenu un porte-parole du panarabisme, et un baasiste de premier ordre. C’est très étrange. Cet homme ne cache pas son désir d’entreprendre une “ingénierie démographique” et d’anéantir des identités et des cultures historiques profondément enracinées. […]
Pour les Kurdes, les Assyriens, les Arabes et d’autres nationalités de la région, c’est une menace existentielle. Les aspirations du président turc ne s’arrêtent pas à la frontière syrienne. Il affirme que Mossoul et Kirkouk constituent une terre turque et qu’il les reprendra avant 2023. […]
Vous avez fait venir des extrémistes d’Asie centrale. Vous les avez amenés d’entre les Ouïghours du Turkestan chinois. Il existe des vidéos qui le montrent. Certains villages [syriens] sont devenus entièrement ouïghours. Si vous avez une cause – allez combattre la Chine et [faites montre de] votre héroïsme islamiste et nationaliste. Ne déplacez pas la population originelle. Ne détruisez pas les temples et lieux de culte. Vous avez détruit des sites archéologiques qui remontaient à plus de 3 000 ans, avec vos avions et vos tanks. Ce sont les faits.