Au plus fort de la crise entre l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte d’une part et le Qatar d’autre part, l’analyste chevronné d’Al-Jazeera, Marwan Bishara, a suggéré dans un éditorial publié le 26 juillet 2017 sur Aljazeera.com, sous le titre “Quelle est la signification véritable de la confrontation Qatar-CCG ?” que le président américain Trump aurait été “soudoyé” ou “trompé” par les Saoudiens afin de l’inciter à adopter une position pro-saoudienne et anti-Qatar dans la crise, ou qu’il serait leur “complice”.
Les récentes déclarations de Trump, affirme-t-il, “ont surpris les amis et les ennemis des Etats-Unis”. En effet, après avoir prétendu pendant longtemps que “l’Arabie saoudite déteste l’Amérique et qu’elle est derrière le 11 septembre”, Trump la considère à présent comme « le fondement de la sécurité régionale et de la modération, le meilleur ami de l’Amérique et le principal allié dans la ‘guerre contre le terrorisme’” – tout en se mettant à “accuser Doha de soutenir le terrorisme”, peu de temps après avoir “qualifié le Qatar de partenaire stratégique crucial”.
Après avoir abordé l’attitude du Qatar, qu’il considère comme parfaitement justifiée, Bishara conclut que Trump « a permis à Riyad de prendre des mesures draconiennes contre le Qatar, même une fois que leurs prétextes se soient clairement révélés erronés et que leurs conséquences, voulues ou non, ont conduit à une grave escalade et instabilité dans la région ». Puisqu’il ne s’agit clairement « pas de l’attitude du Qatar », s’interroge-t-il, « quelle est la signification de la crise et pourquoi Trump l’a-t-il envenimée? »
Dans la suite de son article, sous le sous-titre “Trompé, corrompu ou complice”, Bishara suggère qu’un “reproche que Trump peut nourrir envers le Qatar” est qu’à la “différence des Emiratis et des Saoudiens, qui ont investi dans ses biens et qui lui ont accordé des concessions généreuses, le [Qatar] ne lui a octroyé aucun avantage”. Il observe que “pendant sa campagne, Trump se vantait d’aimer les Saoudiens qui ont acheté pour 40 millions de dollars d’appartements dans ses tours”, et affirme que le président américain a tendance à “placer l’argent au-dessus des principes”.
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, ajoute-t-il, “a été ‘mystifié’ par l’escalade soudaine et a pris l’initiative de la Maison Blanche de s’en prendre à l’Arabie saoudite et aux EAU, en raison de leur procrastination et de leur manque de sérieux dans l’articulation de leurs griefs et la présentation de leurs exigences au Qatar. Il a également mis en doute les motivations expliquant la crise, soutenant qu’ils avaient fabriqué de toutes pièces la crise avec le Qatar pour régler des griefs anciens qui n’avaient rien à voir avec le terrorisme ou la sécurité. »
Observant que ces mesures “noires, répressives et réactionnaires” s’ajoutent à l’ouverture de la Maison Blanche envers les “voyous, dictateurs et hommes forts” arabes, Bishara affirme que cela se fait “aux dépens de leurs peuples et afin de promouvoir l’ordre du jour pro-israélien, anti-iranien et anti-islamiste de Trump dans la région”.
En conclusion, Bishara assure ses lecteurs que « si les responsables de la politique étrangère aux Etats-Unis et en Europe ne freinent pas la présidence de Trump », il y aura « plus de chaos et de conflits régionaux » qui nuiront à la sécurité en Occident également.
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