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Hussein Snoussi, musulman hollandais d’origine marocaine, a raconté que sa fille Maryam était partie pour Al-Raqqa, en Syrie, rejoindre l’Etat islamique, sans le dire à sa famille. Quelques années plus tard sa mère l’a rejointe, emmenant leur fils Elias, alors âgé de 14 ans. Hussein Snoussi a raconté avoir été anéanti lorsque les membres des services de renseignements néerlandais l’ont informé du « martyre » de son fils. Snoussi a lancé un appel vibrant aux « enfants qui veulent aller en Syrie ou en Irak », déclarant qu’ils « n’ont aucune idée de la souffrance et de l’angoisse qu’ils infligent à leurs familles ». L’émission a été diffusée sur Al-Arabiya TV le 12 août 2017. Extraits :
Journaliste : Quand pour la première fois avez-vous eu un lien direct avec les événements en Syrie ?
Hussein Snoussi : J’en entendais parler, mais je me disais toujours que cela n’avait aucun rapport avec moi. Cela ne me concernait pas, ni moi, ni ma maison personnellement, jusqu’à ce que je sois confronté à ce problème directement. Tout a commencé avec ma fille Maryam, qui a aujourd’hui 27 ans. Elle s’est rendue en Syrie, fin 2012 ou début 2013. Maryam a été élevée dans une maison marocaine ordinaire et dans une famille marocaine ordinaire. Nous avons toujours été musulmans, mais lorsque Maryam a eu 15 ans, elle a commencé à porter un voile, et nous étions contents, car nous pensions qu’elle renforçait ses liens avec l’islam. Mais au fil du temps, elle a commencé à chercher, et elle sentait qu’elle vivait dans un pays qui ne lui convenait pas. Elle disait toujours qu’elle voulait vivre dans un pays musulman.
Journaliste : Alors qu’elle est née en Hollande…
Hussein Snoussi : Alors qu’elle est née et a été élevée ici. […] Elle est allée [en Syrie] sans nous le dire. Trois semaines après son départ, j’ai reçu un appel des renseignements [néerlandais]. Ils m’ont dit que Maryam ne se trouvait pas au Caire, mais en Syrie, à Al-Raqqa. J’étais choqué. Je suis tombé par terre. Ma femme était à la cuisine, et elle s’est mise à pleurer lorsqu’elle m’a entendu parler avec les gens des renseignements. Mais moi j’étais simplement assis par terre, sans pouvoir parler. […]
Journaliste : Mais votre choc ne s’est pas arrêté là. Par la suite, vous avez été surpris d’entendre que Naïma, devenue entretemps votre ex-femme, et votre fils, âgé de 14 ans, s’étaient également enfuis en Syrie.
Hussein Snoussi : Ils m’ont appelé et m’ont dit : « Votre ex-femme et votre fils Elias sont en Syrie avec votre fille. Vous ne le saviez pas ? »
Journaliste : Elias avait 14 ans.
Hussein Snoussi : Quatorze ans et demi. La première fois que j’ai entendu parler d’eux, c’était le 2 juillet 2015. Une femme m’a appelé à 9 heures du matin, depuis un numéro non identifié. Mon épouse et moi étions ici. La femme a dit qu’elle faisait partie du ministère des Affaires étrangères et a demandé si j’étais chez moi. Je lui ai dit que oui. Elle a dit : « Restez chez vous. Dans 20 minutes, deux hommes des renseignements vont venir vous parler ». J’ai pensé que quelque chose était arrivé à Maryam. Peut-être même était-elle devenue une martyre. Mais lorsqu’ils sont venus, ils m’ont montré un dossier comprenant deux photos. L’une était celle de mon ex-femme, et l’autre était celle de mon fils Elias. Ils m’ont informé qu’il était mort en martyr ce matin-là, à 6 heures. Il est [mort en martyr] avec cinq autres. C’étaient tous des enfants. Trois d’entre eux étaient de Hollande, et les autres de Belgique et d’ailleurs. Elias était le plus jeune, et le plus âgé avait 16 ans. Ils avaient été envoyés surveiller un grand hangar dans lequel l’EI entreposait ses armes. C’est ainsi que l’EI utilise des enfants âgés de 15 ou 16 ans. […]
Peu après, Maryam m’a appelé et m’a dit : « Ne sois pas idiot, Papa. Arrête de pleurer ! C’est la volonté d’Allah. Elias est un martyr. Tu devrais être content. Il est au paradis ».
Journaliste : C’est ce que Maryam vous a dit. Qu’avez-vous répondu ?
Hussein Snoussi : Je lui ai dit : « Elias n’est pas tombé en martyr ! Vous autres l’avez tué ! » […] Je dis aux enfants qui veulent aller en Syrie ou en Irak et aider ces organisations – que ce soit l’EI, Jaysh Al-Tahrir, ou peu importe… Ils n’ont aucune idée de la souffrance et de l’angoisse qu’ils infligent à leurs familles, particulièrement à leurs pères et mères. Pas un jour ne passe sans que je pleure.