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Lors d’une interview diffusée sur France 24 en arabe le 21 décembre 2018, la journaliste franco-marocaine Zibeb El Rhazoui a évoqué les menaces de mort et insultes qu’elle a reçues après qu’elle eut déclaré dans les médias que l’islam devait apprendre à accepter la critique, respecter la loi française et rejeter l’extrémisme idéologique. El Rhazoui a défendu sa position, « parfaitement raisonnable », relevant que ceux qui l’attaquaient portaient tous des noms arabes et étaient heureux de jouir en France de droits dont ils seraient privés dans les pays arabes. Elle a critiqué la victimisation de certains d’entre eux, le recours à une idéologie mortifère pour enfreindre la loi et nuire à autrui. Elle a conclu : « Je leur souhaite de se libérer de [leur] nuage idéologique noir… Je leur souhaite une bonne année et que la loi soit appliquée dans leur cas. » Elle a également déclaré espérer que le monde islamique soit un jour libéré de son ignorance et de son retard, et qu’il puisse profiter de la culture, des Lumières et de la prospérité. El Rhazoui a travaillé pour Charlie Hebdo pendant quelques années. Elle se trouvait au Maroc lors de l’attentat du 7 janvier 2015 contre l’hebdomadaire. Extraits :
Taoufik Mjaied (animateur) : Ce que vous avez dit sur la chaîne française CNews vous a causé beaucoup de problèmes ces derniers jours : « L’islam doit accepter la critique et l’humour, et doit se soumettre aux lois de la République et à la loi française. Nous ne pourrons avoir raison de cette idéologie [extrémiste] si nous continuons de dire que l’islam est la religion de la paix et de l’amour. » Est-ce que cela mérite des menaces de mort ?
Zibeb El Rhazoui : Vous voyez, Taoufik, cette phrase – selon moi – est un modèle de raison, et ne diffère en rien de ce qu’ont dit Averroès et les philosophes des Lumières en France. Et correspond à ce que pensent des millions de gens sur cette planète. Pourtant, cette phrase a entraîné un raz-de-marée de menaces de mort explicites…
Taoufik Mjaied : Telles que ?
Zibeb El Rhazoui : Comme « elle mérite une balle entre les deux yeux », « elle mérite d’être violée », « elle mérite d’être massacrée », sans parler de toutes les insultes et de toutes les injures diffamatoires visant mon honneur et l’honneur de ma famille, et tous les affronts racistes… Chaque fois que j’ai été confrontée à des insultes racistes en France, elles venaient de gens nommés Mohammed, Moustafa, Ibrahim ou Ali. Elles venaient toujours de gens de mon milieu. Ils m’insultaient, disant : « Tu es Marocaine, retourne dans ton pays ». « Tu es arabe », « tu es prête à tout pour t’assimiler en France. » Ils ignorent le fait que je suis française parce que ma mère est française. Je suis fière d’être française, de faire partie de ce pays et de respecter ses lois. […]
En 2015, suite aux attentats terroristes contre Charlie Hebdo, j’ai reçu des fatwas électroniques et des menaces en arabe de personnes anonymes, qui prétendaient être avec l’Etat islamique en Syrie… Cette fois, les choses sont différentes. Cette fois, ce sont de jeunes français, qui sont nos compatriotes. Ils jouissent de droits que nous n’avons malheureusement pas dans les pays arabes, et pourtant ils considèrent que je mérite la mort pour ce que j’ai dit. N’est-ce pas un déshonneur ? N’est-ce pas une honte ? Nous le déplorons tous. Jusqu’où sommes-nous descendus ? Est-ce devenu un crime et une insulte envers les musulmans de dire que l’islam doit respecter les lois du pays, et qu’il doit faire l’objet de critiques, d’humour et de bon sens ? […]
Le soutien [que j’ai reçu] prouve que la plupart des citoyens français s’opposent à ces choses, mais qu’il existe une minorité qui, au nom de l’idéologie de la mort, et parce qu’elle se perçoit comme une victime éternelle du racisme, prend la liberté d’enfreindre la loi, de menacer de mort, de proférer des insultes racistes, de maudire et de porter atteinte à la vie, la réputation et l’honneur d’autrui. […]
Pour être franche, je ne suis pas de ceux qui trouvent toujours des excuses à ceux qui défendent l’idéologie du terrorisme, violent la loi, envoient des menaces de mort et portent atteinte à la vie d’autrui. En ce qui me concerne, ces gens sont coupables et doivent être traités en vertu de la loi. Je ne leur souhaite pas la mort comme ils me la souhaitent à moi. J’espère qu’ils se libéreront du nuage idéologique noir qui recouvre leurs esprits. J’espère qu’ils apprendront à aimer autrui, comme nous, et à jouir d’une citoyenneté heureuse dans ce pays et ailleurs au monde. J’espère qu’ils se libéreront, s’instruiront et liront quelques livres utiles. Je leur souhaite une bonne année et que la loi soit appliquée dans leur cas. […]
Je suis une personne raisonnable et j’espère qu’un jour, le monde islamique sera libéré de cette ignorance et de ce retard, et qu’il jouira des Lumières, de la culture et de la prospérité.