Le 5 novembre 2017, au lendemain de l’annonce par le Premier ministre libanais Saad Al-Hariri de sa démission, à Riyad, et du tir d’un missile balistique par les Houthis au Yémen contre l’aéroport international King Khaled de Riyad – deux événements traduisant une nouvelle escalade de la tension entre l’Iran et l’Arabie saoudite – le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas s’est rendu en Arabie saoudite pour rencontrer le roi Salman et le prince héritier Mohammed ben Salman.
Avant de quitter le pays, Abbas a exprimé sa « solidarité avec l’Arabie saoudite [dans le contexte] des attaques la visant » et son « soutien total à l’Arabie saoudite et aux mesures qu’elle prend pour protéger sa sécurité et sa stabilité ».
Selon une information publiée sur le site Raialyoum.com et dans le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, Abbas a été « soudainement convoqué » en Arabie saoudite alors qu’il se trouvait en Egypte, où il a rencontré le président Abdel Fattah Al-Sissi, dans le cadre des efforts saoudiens pour former une coalition contre l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, qui a récemment renforcé ses liens avec l’Iran. Selon cette information, sa convocation était coordonnée avec l’administration américaine du président Donald Trump.
Au cours de la visite d’Abbas en Arabie saoudite, le quotidien de l’AP Al-Hayat Al-Jadida a publié deux articles d’une virulence inhabituelle contre l’Iran, critiquant l’ingérence de ce pays dans la région, et en particulier dans les affaires des Palestiniens.
Selon un éditorial, l’Iran tente d’infiltrer la scène palestinienne en renforçant ses liens avec le Hamas, le Djihad islamique palestinien et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), non dans le but de servir les intérêts palestiniens, mais pour étendre son propre contrôle dans la région. Et d’ajouter que l’AP ne laissera pas l’Iran intervenir sur son territoire et reproduire le modèle du Hezbollah. En outre, l’éditorialiste Anouar Rajab appelle les Palestiniens à réexaminer leurs relations avec l’Iran et à prendre garde de ne pas devenir un outil entre ses mains, car cela affecterait le soutien prêté par l’Arabie saoudite et à la cause palestinienne dans son ensemble. Extraits :
L’éditorial d’Al-Hayat Al-Jadida : Nous n’autoriserons pas d’ingérence iranienne destinée à reproduire le modèle du Hezbollah en Palestine
Extraits de l’éditorial publié dans Al-Hayat Al-Jadida le 8 novembre 2017 :
La démission de Saad Al-Hariri du poste de Premier ministre libanais n’est certainement pas une affaire exclusivement libanaise. En effet, non seulement il a annoncé sa démission depuis la capitale saoudienne, mais elle découle de l’ingérence flagrante de l’Iran [dans les affaires du] Liban, dans le cadre de sa stratégie dangereuse menée dans différents pays et endroits.
Cela dit, nous ne nous sommes pas mêlés, et nous ne nous mêlerons pas des affaires intérieures du Liban, auquel nous souhaitons tout le bien possible. Cependant, nous sommes confrontés à l’ingérence iranienne et à ses tentatives d’envoyer ses tentacules dans notre sphère palestinienne, en finançant le Hamas et le Djihad islamique [et en les soutenant par] des déclarations et des slogans, [sans parler] d’une certaine faction à gauche [à savoir le Front populaire], qui les a récemment rejoints sans la moindre excuse marxiste ou nationale claire. Devant cette ingérence [iranienne], nous affirmons que nous ne resterons pas les bras croisés et ne permettrons aucune intervention destinée à reproduire le modèle du Hezbollah en Palestine, afin d’agrandir la carte de l’Empire perse. Les dirigeants [iraniens] ont commencé à discuter publiquement de [cet empire], à l’instar du ministre de la Défense Hossein Dehghan, qui a déclaré : « Nous sommes les maîtres de cette région. » Cela signifie que l’ingérence iranienne n’est pas destinée à libérer la Palestine ou à promouvoir les intérêts palestiniens. Son objectif est plutôt d’atteindre l’hégémonie et le contrôle. Les factions iraniennes [à savoir, les factions palestiniennes pro-iraniennes] sont-elles conscientes de cette réalité ? Comprennent-elles l’ampleur des dangers engendrés par l’ingérence iranienne ?
Pire encore, la création d’une autorité dans une autorité, au sein de l’arène palestinienne, alors que nous sommes toujours sous occupation israélienne, est la meilleure recette pour détruire le projet national, le projet de créer un Etat [palestinien], le projet de [gagner] la liberté et l’indépendance. Etant confrontés à l’occupation et livrant un combat pout pour la supprimer, nous ne tolérerons aucun désaccord sur les décisions stratégiques, ni [que personne] ne joue avec nos intérêts nationaux suprêmes. Sans autorité, administration et [force] armée unique, nous ne pourrons combattre efficacement l’occupation et réaliser pleinement nos justes causes.
Toutes les relations entre les factions [palestiniennes] et la région environnante doivent être fondées sur l’unité nationale, sur les décisions nationales indépendantes et sur des positions qui préservent nos intérêts nationaux supérieurs – sinon elles seront des relations de dominant-dominé, à tout le moins. Celui qui est dominé [par un autre] est incapable de décider d’une certaine direction, si cette direction ne sert pas les intérêts de son maître, qui le dirige et le finance.
La démission d’Al-Hariri a accroché une cloche autour du cou de Dehghan [c’est-à-dire qu’elle est une marque de honte pour lui]. Ses déclarations insolentes nous font comprendre qui menace l’avenir de la nation et de ses pays, et qui s’efforce de les transformer en parties de l’Empire perse.[4]
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