Ibrahim Özdabak est un caricaturiste turc dont le site web personnel comporte des caricatures remontant à 2005, qui couvrent de nombreux sujets concernant la société et la politique turques.[1] Nombre de ses caricatures ont des thématiques antisémites, dépeignant les juifs comme des bouchers assoiffés de sang, des vautours survolant la terre palestinienne et des vampires buvant le sang palestinien. Ces caricatures présentent les mêmes images des juifs que celles que diffusait le journal antisémite Der Stürmer et d’autres publications de l’époque nazie. Ses caricatures sont publiées dans le quotidien turc Yeni Asya (« Nouvelle Asie »), qui a vendu 1 1245 exemplaires au cours de la semaine du 9 avril 2018, ce qui en fait le 29e journal le plus populaire en Turquie.[2]
Le journal Yeni Asya est lié à une section du mouvement Nurcu qui porte le même nom. Le mouvement Nurcu est constitué d’adeptes du théologien kurde sunnite Said Nursi, dont les écrits sont souvent repris dans les dessins d’Özdabak.
Le présent rapport présente certaines des caricatures antisémites d’Özdabak publiées au cours des deux dernières années.
La caricature ci-dessous était une réponse à une lettre ouverte publiée le 22 avril 2018 dans le quotidien français Le Parisien, proposant que « les versets du Coran appelant au meurtre et à la punition des juifs, des chrétiens et des non croyants soient frappés d’obsolescence par les autorités religieuses », afin qu’aucun « croyant ne puisse se référer à un texte sacré pour commettre un crime ». [3] Cet appel a suscité de vives critiques de la part des musulmans français, et le président turc Recep Tayyip Erdogan a répondu avec virulence dans un discours du 8 mai [4], affirmant : « en France, un certain groupe a publié un communiqué appelant au retrait de certains versets du Coran. Même s’il est très clair que les auteurs de ces dires ignorent tout du Coran… Je me demande, ont-ils jamais dans leur vie lu leurs propres livres ? La Bible ? Ont-ils jamais lu la Torah ? Ont-ils jamais lu le Livre des Psaumes ? S’ils l’avaient fait, ils voudraient sans doute aussi faire interdire la Bible. Mais le problème ne s’est jamais posé pour eux. Quand nous mettons en garde les pays occidentaux contre le sentiment anti-islamique, anti-turc, contre la xénophobie et le racisme, nous nous faisons une mauvaise réputation. Ô Occident, sache qu’alors même que tu attaques notre Livre saint, nous n’attaquerons pas tes saintetés, mais nous allons avoir raison de toi. » [5]
La caricature ci-dessous fait référence au hadith : « Abou Huraira a rapporté que le Messager d’Allah a dit : la dernière heure ne viendra pas avant que les musulmans combattent les juifs, et les musulmans les tueront jusqu’à ce que les juifs se cachent derrière un rocher ou un arbre, et le rocher et l’arbre diront : musulman, ô serviteur d’Allah, il y a un juif derrière moi, viens et tue-le ; mais l’arbre Gharqad ne dira rien, car c’est l’arbre des juifs. » Sur la caricature, l’arbre Gharqad dit : « Cours, Israël, cours ! »
Dans la caricature ci-dessous, le président américain Donald Trump est représenté comme l’arbre Gharqad.
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Ibrahimozdabak.com, consulté le 8 mai 2018.
[2] Medyatava.com/tiraj/2018-04-09, 9 avril 2018.
[3] Theatlantic.com, 3 mai 2018.
[4] Voanews.com, 8 mai 2018.
[5] Trthaber.com, 8 mai 2018.