Les tensions militaires s’accroissent entre le régime syrien et les Etats-Unis, comme en témoignent les incidents sur le terrain et les échanges d’accusations réciproques.

Le 20 juin 2018, il a été rapporté que l’armée syrienne avait réussi à déployer ses forces autour de la base militaire américaine d’Al-Tanf, près de la frontière syro-irako-jordanienne, et que l’avant-poste est en effet actuellement en état de siège.[1] Le lendemain, des informations ont fait état du premier incident à balles réelles sur le terrain, entre les forces du président syrien Bachar Al-Assad et les forces américaines en Syrie. Selon ces informations, un bataillon de l’une des milices du régime syrien a ouvert le feu contre une patrouille des forces de la Coalition internationale contre le terrorisme dirigée par les Etats-Unis, dans la région de la base d’Al-Tanf. En réaction, un avion de la Coalition internationale a attaqué une base du régime dans la région rurale orientale proche de Homs, tuant plusieurs soldats syriens.[2]

Le 18 juin 2018, deux jours avant le siège contre la base d’Al-Tanf, le régime d’Assad a accusé la Coalition internationale d’avoir attaqué une base militaire dans le village d’Al-Hari, au sud-est d’Al-Bukamal, et près de la frontière avec l’Irak,[3] où, selon certaines informations, plusieurs dizaines de soldats des forces syriennes et des milices irakiennes combattant avec le régime ont été tués.[4]

La tension entre les deux parties a été renforcée par le déploiement, au cours des dernières semaines, de forces du régime syrien et de leurs alliés, en prévision du lancement d’une campagne au sud du pays, zone incluse dans l’accord de désescalade signé par les Etats-Unis, la Russie et la Jordanie en novembre 2017. Cette action a été accueillie par des menaces de la part des Etats-Unis de prendre des mesures agressives si l’accord était enfreint. En dépit de ces menaces, des informations ont indiqué qu’au cours des derniers jours, le régime syrien, soutenu par les forces russes, aurait entrepris de mener des attaques au sud de la Syrie.

Dans le contexte de ces événements, le quotidien de l’establishment syrien Al-Thawra a publié un article intitulé « La base terroriste américaine se trouve sur la ligne de tir de l’armée arabe syrienne – du sud à l’est, les victoires se succèdent, et les paris sionistes-américains tournent mal ». L’article accuse les Etats-Unis et Israël de prolonger la crise syrienne en soutenant des factions d’opposition au sud de la Syrie, et souligne le fait que l’armée syrienne est à présent prête à combattre, non seulement les terroristes, mais aussi Israël. Il comporte aussi des menaces contre les forces américaines en Syrie, et affirme que la phase de la confrontation militaire directe entre les Etats-Unis et le régime syrien a commencé – en particulier au vu du siège du régime syrien contre la base d’Al-Tanf – et que la présence américaine en Syrie orientale est à présent en danger. Extraits :

Dera, qui a subi la catastrophe du terrorisme, se prépare à rejoindre les autres régions méridionales ayant secoué les cendres du terrorisme. [Mais] Dera renferme une réalité incontestable, appuyée par une preuve décisive : les Etats-Unis et Israël veulent la tenir éloignée de toute [possibilité de] règlement [entre Assad et les factions rebelles]. Ceci parce que le retour du régime syrien [à Dera] fondé sur un règlement signifierait que le rêve des Américains, des sionistes et des pays du Golfe des huit dernières années partirait en fumée, irrémédiablement, car la libération de Dera signifierait également la libération immédiate d’Idlib.

Par conséquent, l’objectif d’Israël et des Etats-Unis dans la campagne pour Dera est de prolonger [les combats] autant que possible, afin d’insuffler un nouvel élan aux terroristes vaincus à Idlib. La Syrie et ses alliés comprennent cette réalité, comme en témoigne leur résolution à reconquérir entièrement Dera et à l’arracher aux griffes du terrorisme, car Dera va connaître un nouveau destin. Selon des observateurs, Israël est le pays le plus préoccupé par la libération de Dera, parce que l’armée syrienne ne se prépare pas [seulement] à la guerre contre les terroristes, mais aussi à l’éventualité d’une guerre contre leur principal soutien – Israël – si cela s’avérait nécessaire…

Dans une tentative transparente de défendre les terroristes, les Etats-Unis ont demandé… que la Russie serve de médiateur avec le régime syrien [pour le convaincre] de mettre fin à sa campagne dans le Sud. Les méchantes mains américano-sionistes n’étaient pas satisfaites des [événements] au sud de la Syrie, mais voulaient obtenir la totalité du territoire syrien, y compris l’est, en particulier la région d’Al-Bukamal. Ceci, notamment après que les vils objectifs d’Israël aient été exposés, suite à son [acte] d’agression manifeste à proximité du village d’Al-Hari, à l’est d’Al-Bukamal [référence à l’attaque menée le 18 juin 2018 contre la base des partisans d’Assad]…

Depuis que les règles de la guerre ont changé, en raison des belles victoires de l’armée arabe syrienne, les Américains et leurs mercenaires et partisans se sont retrouvés dans une situation très difficile, et la sonnette d’alarme a résonné dans toutes les parties de la Syrie où les forces américaines d’occupation sont présentes.

Suite à la frappe américaine contre une position militaire syrienne dans la région rurale orientale de Homs [et l’échange de tirs du 21 juin], intervenue après l’affrontement entre une unité de l’armée arabe syrienne et trois véhicules américains, qui s’étaient approchés d’une position de l’armée [syrienne] près du village de Halbeh, au sud-est de Palmyre, il est apparu que la phase de la confrontation militaire directe entre l’armée syrienne – propriétaire [légitime] de la terre – et l’occupant américain avait commencé, et que l’on pouvait s’attendre à de nouveaux développements au cours des prochains jours. Cela, en particulier au vu du fait que l’armée syrienne a assiégé la base américaine dans la région d’Al-Tanf, près de la frontière Syrie-Irak, après avoir achevé sa prise de contrôle de la région frontalière s’étendant d’Al-Bukamal à Al-Tanf.

On ne peut en aucun cas nier le fait que la présence de l’armée arabe syrienne et son siège total dans cette région frontalière ont commencé à tenir éveillés les Américains et leurs alliés, car c’est une nouvelle défaite importante pour eux. A présent que la région du sud-est de la Syrie, où est présent l’occupant américain, et notamment Al-Tajnf et ses alentours, est entièrement isolée et encerclée, l’armée arabe syrienne et ses alliés devraient accroître le rythme de leurs opérations dans tout l’est de la Syrie, jusqu’à ce qu’ils coupent les routes d’accès aux projets impérialistes américains au sud et au sud-est de la Syrie…

Par conséquent, je pense que les Américains s’attendent aujourd’hui à une opération militaire en profondeur de la part de l’armée arabe syrienne, en Syrie orientale et sud-orientale, car les opérations [syriennes] dans cette campagne commencent à menacer et à atteindre directement les projets américains et leur présence dans toutes les parties de la Syrie orientale…

Le régime syrien est à présent totalement convaincu qu’une confrontation avec les Etats-Unis est inévitable… et inéluctable.

Lien vers le rapport en anglais

Notes :

[1] Al-Baath (Syrie), 20 juin 2018.

[2] Arabic.sputniknews.com, 21 juin 2018 ; Orient-news.net, 21 juin 2018 ; Raialyoum.com, 21 juin 2018.

[3] Sana.sy, 18 juin 2018.

[4] Syriahr.com, 18 juin 2018.

 

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