Koweït : Abdallah Al-Hadlaq, critique de l’Iran ouvert à Israël, condamné à trois ans de prison pour deux tweets

Le 19 mars 2019, un tribunal koweïtien a condamné le journaliste réformiste Abdallah Al-Hadlaq à trois ans de prison pour avoir insulté les chiites et « attisé des controverses entre les différents secteurs de la société », à savoir les sunnites et les chiites au Koweït. Al-Hadlaq avait été poursuivi pour deux tweets postés en août 2018, dans lesquels il a écrit que l’imam Ali bin Abi Talib – considéré par les chiites comme l’héritier légitime du prophète Mohammed – et ses fils avaient causé le schisme sunnites-chiites en islam et qu’Ali bin Abi Talib avait délibérément retardé son serment d’allégeance au premier calife, Abou Bakr.[1]

Abdallah Al-Hadlaq est connu pour ses vives critiques à l’égard des Palestiniens, notamment du Hamas, et de l’Iran, et pour ses opinions positives sur Israël. Nombre de ses articles ont paru dans le quotidien koweïtien Al-Watan, qui les a parfois retirés de son site Internet, suite à des réactions d’indignation. En raison de ses positions, il a été ajouté à la la liste des auteurs arabes qualifiés de « traîtres » et « d’ambassadeurs d’Israël dans le monde arabe », diffusée en 2009 sur des sites Internet arabes soutenant l’axe de la résistance. La liste avait été publiée pendant la guerre entre Israël et Gaza, en décembre 2008 – janvier 2009, lorsque le ministère israélien des Affaires étrangères avait mis au jour des articles de ces auteurs critiquant le Hamas et l’axe de la résistance, à leur insu et sans leur accord.[2] Extraits des articles et déclarations d’Abdallah Al-Hadlaq diffusés par MEMRI au fil des ans.

Contre l’Iran

La levée des sanctions renforcera le CGRI, amplifiera le terrorisme dans le monde entier

En janvier 2016, en réaction à la levée des sanctions liées au nucléaire contre l’Iran suivant la publication du rapport de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) vérifiant si l’Iran avait respecté ses engagements en vertu de l’accord sur le nucléaire, Al-Hadlaq a écrit que la levée des sanctions n’aiderait pas le peuple iranien, car le régime continuerait de piller et de s’approprier les ressources du pays. Il a écrit :

Le régime fasciste persan iranien enturbanné qui gouverne Téhéran… s’immisce dans toutes les affaires, et confie les ressources du pays à ceux qu’il apprécie, ou à ceux qui garantissent sa perpétuation, principalement le [Corps] des Gardiens de la Révolution [islamique] perse [CGRI]. Lorsque les sanctions contre l’Iran seront levées, et que des milliards lui reviendront, le peuple, plié sous le joug de l’oppression et de la pauvreté, sait qu’il en recevra une maigre pitance, et que la situation restera inchangée, ou même s’aggravera encore.

En termes de ressources économiques, l’Iran est considéré comme riche, voire très riche… Mais cette richesse ne se reflète pas dans la vie de ses habitants. Seule une infime fraction parvient dans leurs poches… Les hommes du régime persan et du CGRI sont les leaders incontestés de la bataille [économique]. Tandis que les sanctions ont porté atteinte à tous les Iraniens, elles ont grandement bénéficié au CGRI, car après le départ de l’Iran des sociétés étrangères, la plus grande partie de leur activité a été reprise par le CGRI perse, lui permettant d’accroître son influence dans le pays et de s’emparer des milliards appartenant au peuple iranien…

La question de la levée des sanctions économiques contre l’Iran soulève une fois de plus la question essentielle : les choses vont-elles changer ? La réponse de tous ceux qui suivent [cette question] indique que les choses vont effectivement changer – par des bénéfices accrus pour ces mêmes éléments [déjà aisés] et pour le CGRI perse, qui entretiennent les relations économiques les [plus importantes] et qui s’associeront aux investisseurs étrangers dans la plupart des nouveaux projets. Les bénéfices de ceux qui étaient déjà gagnants augmenteront, et quant aux pauvres, ils deviendront encore plus pauvres et misérables face à une révolution maudite qui a consumé ses propres fils, puis leurs ressources. Les milliards débloqués aideront à renforcer la capacité du régime fasciste iranien perse à aider, financer et à sponsoriser le terrorisme mondial et les plans sataniques et malfaisants du pays des Perses, l’Iran. [3]

Le véritable ennemi des pays du Golfe n’est pas Israël mais l’Iran

Dans un article publié le 1^er août 2015 dans le quotidien koweïtien Al-Watan, Al-Hadlaq a écrit que le véritable ennemi des pays du Golfe n’est pas Israël, qu’il qualifiait de « pays ami », mais plutôt l’Iran. Il a soutenu que le règne du Juriste-théologien était fasciste, et que s’il obtenait des armes nucléaires, il n’hésiterait pas à les utiliser contre les pays du Golfe, tandis qu’Israël, qui détient de telles armes depuis des années, ne les a jamais employées contre les Arabes. Al-Hadlaq a même appelé les pays du Golfe à rompre leurs liens avec l’Iran pour forger une alliance avec Israël, en renforçant leurs liens avec lui aux niveaux politique, commercial et même militaire. Il a écrit : « A tous ceux qui pensent que l’Etat perse (l’Iran) et le régime du Règne de l’Imprudent,[4] [à savoir] le régime perse fasciste et dictatorial qui le contrôle, est un pays ami, tandis qu’Israël serait un pays ennemi, je dis qu’un ennemi prudent vaut mieux qu’un ennemi imprudent. L’Etat d’Israël et ses différents gouvernements ont mené plus de cinq guerres contre les Arabes, mais jamais au cours de ces guerres Israël n’a pensé à utiliser ses armes nucléaires contre ses ennemis arabes. En revanche, si l’Etat perse, avec son régime stupide, téméraire et fasciste qui se cache sous un masque de religion, développait un jour des armes nucléaires, il n’hésiterait pas à utiliser des bombes nucléaires contre les pays du Golfe arabe dès le premier conflit qui éclatera. Israël est un Etat ami qui ne nous met pas en danger dans la région du Golfe arabe et nous n’avons rien à craindre de lui. Celui qui nous menace, qui mène des actes de terrorisme et de destruction contre nous, et qui aspire à nous occuper est l’ennemi perse arrogant, représenté par le régime de l’Etat perse (l’Iran), qui est l’incubateur et l’environnement favorable au terrorisme international. Aussi, je réitère mon appel à former une société de l’amitié Israël-Golfe, première étape vers le développement et le renforcement de nos liens avec l’Etat ami d’Israël dans les domaines de la politique, de la diplomatie, de la coopération militaire et civile. Le rapprochement entre Israël et le Golfe sera accompagné d’une prise de distance graduelle et d’une rupture de toutes les relations avec l’Etat perse (l’Iran) et son régime perse fasciste, à présent qu’il est établi de manière indubitable que les Perses iraniens sont impliqués dans des actes de terrorisme, de destruction et de bombardements en Arabie saoudite, à Bahreïn, au Yémen, au Koweït et aux Emirats arabes unis, et après qu’il a été établi qu’ils incitaient et soutenaient les rebelles houthistes chiites au Yémen et que les milices iraniennes perses chiites sont impliquées dans tous les foyers de terrorisme et de conflit dans le Golfe arabe et au Moyen-Orient, et notamment en Irak, en Syrie, au Liban et dans le monde entier. Je n’exclus pas – en fait je prévois – que les serviteurs et agents de l’Iran dans la région, qui ont du sang perse dans les veines, m’accuseront de ‘sionisme, de collaboration avec Israël, d’attiser la haine contre l’islam et l’arabisme, de trahir la cause palestinienne et d’être hostile à la oumma arabe’. [Mais à présent que] le monde est devenu un village, grâce aux [technologies] de la communication, les écailles sont tombées des yeux des peuples arabes et musulmans et ils ont compris… que leurs seuls ennemis les plus acharnés sont les Iraniens perses, et non l’Etat ami d’Israël… » [5]

La communauté internationale doit empêcher l’Iran d’obtenir des armes nucléaires

Dans un article publié le 16 août 2010, Al-Hadlaq a émis des préoccupations concernant les capacités nucléaires de l’Iran et appelé la communauté internationale à l’empêcher de se nucléariser, tout en exprimant ses doutes que cela puisse être atteint au moyen de négociations : « Le régime perse terroriste s’efforce de fabriquer une bombe atomique… La communauté internationale a placé une confiance démesurée dans les négociations avec [ce régime]… La communauté internationale n’a-t-elle toujours pas pris conscience [du fait] que le régime fasciste de Téhéran excelle dans l’art de traîner les pieds et de tromper le monde, en l’égarant avec des illusions futiles et de faux espoirs, tout en poursuivant dans le même temps ses activités nucléaires illégales ? Combien de temps [la communauté internationale] pourra-t-elle se fier uniquement aux négociations avec la partie perse, en particulier après que le régime de Téhéran a ordonné aux Gardiens de la Révolution se préparer à une guerre totale au Moyen-Orient ? Le temps n’est-il pas venu pour la communauté internationale d’agir pour empêcher l’Iran de se nucléariser ? » [6]

Lire la suite du rapport en anglais

Notes :

[1] Al-Nahar (Koweït), 20 mars 2019.

[2] Voir MEMRI Special Dispatch No. 2319, Arab Media Publishes Blacklist of Writers, 27 avril 2009.

[3] Voir MEMRI en français, Presse du Golfe : La levée des sanctions aidera l’Iran à financer le terrorisme et à déstabiliser d’autres pays, 7 février 2016.

[4] Jeu de mots sur l’expression “Rule of the Jurisprudent”.

[5] Voir MEMRI Special Dispatch No.6132, Kuwaiti Columnist: The Gulf States’ Real Enemy Is Iran; Israel Is A Friendly Country, 12 août 2015.

[6] Voir MEMRI Inquiry & Analysis No. 635, Concerns in Kuwait, Gulf over Iranian Threat to Gulf States, 8 septembre 2010.