Par A. Savyon et Yigal Carmon*
Un examen des développements auxquels on peut s’attendre dans la confrontation Iran-État-Unis exige tout d’abord de comprendre la politique du président Trump, tant dans ses aspects généraux que dans la manière dont elle se reflète dans son approche de l’Iran.
La politique de Trump
Les rivaux politiques du président Trump, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des États-Unis, ont qualifié sa politique d’incohérente, de contradictoire et d’impulsive. Toutefois, au-delà des critiques politiques légitimes, l’on peut distinguer les lignes claires et les objectifs définis d’une politique cohérente, dont les éléments sont les suivants :
- Le refus d’accepter le statu quo hérité de ses prédécesseurs (y compris le refus d’accepter l’existence du régime iranien lui-même, ou du moins son activité dans la région et sur la scène internationale) ;
- La disposition à s’engager dans une confrontation ouverte, sur les plans politique et économique ;
- La recherche d’un changement de la situation antérieure, aux moyens de négociations, résultant de pressions économiques et politiques et non de moyens militaires ;
- Le choix offert aux pays avec lesquels il [Trump] est en conflit, entre la conclusion d’un nouvel accord par des négociations et un grave conflit pouvant s’étendre à d’autres domaines, même s’il n’est pas initié par les États-Unis. Il convient de souligner qu’à tous les stades de la négociation, Trump semble vouloir obtenir, non un gain maximal, mais des succès partiels avec des concessions réciproques, par exemple, avec l’Europe, le Canada et la Chine.
Ces lignes politiques s’appliquent à tous les pays avec lesquels Trump est en conflit – économique, comme l’Europe ou la Chine, ou ceux qui constituent une menace militaire comme la Corée du Nord, la Russie et l’Iran – dans le but de changer la situation. La limite de cette approche politique est qu’elle ne convient pas à tous les pays, pour des raisons diverses.
- L’Europe et le Canada, qui partagent la même culture politique que les États-Unis, et sont également dans une position plus faible à leur égard, veulent négocier de nouveaux accords, voire parvenir à des concessions réciproques avec eux. En revanche,
- La Chine, qui se considère comme suffisamment forte pour affronter les États-Unis, n’a pas encore lancé de ballons d’essai politiques concernant les négociations sur la modification de ses relations économiques avec les États-Unis. En outre :
- La Russie, avec laquelle le président Trump cherche à trouver un nouvel accord, entre autres pour l’enrôler dans sa confrontation avec la véritable menace mondiale – à savoir, la Chine – se sent suffisamment confiante, en dépit de sa faiblesse, pour s’abstenir de se plier aux pressions de Trump, qui en a besoin comme partenaire. Notons que Trump a averti que, si les choses ne se passaient pas ainsi, « [il] sera le pire ennemi qu’il [Poutine] a jamais eu ».
- La Corée du Nord, même si c’est un Etat totalitaire doté d’une idéologie extrémiste, n’est pas opposée aux négociations. Pendant des années, elle a utilisé les négociations avec les administrations américaines successives pour se renforcer, par différents moyens trompeurs. Ceci s’explique par le fait que sa culture politique n’interdit pas de négocier avec un ennemi, voire d’accepter son aide tout en le trompant.
Le cas de l’Iran
Dans le cas de l’Iran, le président Trump cherche à obtenir un changement fondamental – pas seulement le retrait du PAGC [Plan d’action global commun], et, en conséquence, l’annulation du statut d’Etat nucléaire de l’Iran, mais aussi la modification du régime anti-occidental et anti-américain de la Révolution islamique établi il y a près de quatre décennies. Même si l’administration Trump prétend que tout ce qu’elle demande à l’Iran est de changer la manière dont le régime des ayatollahs agit au plan régional et international, cette attitude anti-occidentale et anti-américaine est l’élément le plus fondamental de son identité, et la modifier signifierait changer le régime lui-même. En outre, les déclarations opposées au régime iranien, prononcées par des officiels de l’administration américaine, reflètent un refus fondamental d’accepter le régime iranien lui-même.
Même si, selon les principes de sa politique exposés ci-dessus – à savoir, un nouvel accord ou un conflit – Trump et son administration appellent à une rencontre avec le président iranien Hassan Rohani, il est tout aussi clair aux yeux des Américains qu’une telle rencontre, organisée sous les pressions dont Trump parle ouvertement, dans le cadre des négociations, constituera une capitulation de la République islamique d’Iran à leurs exigences.
La réponse iranienne
Le développement du conflit politique interne à l’Iran sur la question « se rencontrer ou ne pas se rencontrer »
La question “se rencontrer ou ne pas se rencontrer” est devenue un nouveau point de focalisation du conflit prolongé entre les deux camps en Iran, le camp idéologique et le camp pragmatique/réformiste. Si l’objectif du président Trump est stratégique – changer la situation en Iran – au moyen de sa politique combinant des pressions économiques et politiques, et même des menaces, ainsi qu’une invitation à le rencontrer pour négocier, il a déjà obtenu le succès tactique d’exacerber le conflit au sein de l’Iran. Des éléments appartenant au camp idéologique, comme les officiels du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) et le quotidien iranien Kayhan, accusent régulièrement – et désormais avec encore plus de véhémence – le gouvernement pragmatique de Rohani de vouloir rencontrer les Américains pour mener des pourparlers. Ils considèrent les voyages à Washington du ministre omanais des Affaires étrangères, Youssouf Ben Alawi Ben Abdullah, comme un signe que des rencontres sont en cours pour aborder la question iranienne. D’autres signes préoccupants pour eux sont les informations publiées dans des médias occidentaux et iraniens sur la nécessité de créer une ligne directe entre les États-Unis et l’Iran, et la nomination d’un représentant américain convenant aux dirigeants iraniens en vue de mener des négociations.[1]
Notons que les déclarations d’officiels iraniens, principalement des représentants du gouvernement Rohani, ainsi que l’article paru le 3 août 2018 dans le quotidien koweïtien Al-Jarida, montrent que des négociations commencent déjà à s’instaurer, via des messages transmis par l’Iran aux États-Unis, par l’intermédiaire du ministre omanais des Affaires étrangères. Le principal élément de ces messages, selon Al-Jarida, était celui des sept conditions iraniennes aux négociations : les États-Unis doivent revenir au PAGC et remplir toutes ses conditions ; ils doivent cesser leur activité visant à renverser le régime iranien ; cesser de fomenter des conflits entre l’Iran et les pays arabes ; mettre fin aux nouvelles sanctions économiques et aux pressions économiques ; et cesser de faire pression sur les sociétés européennes pour les empêcher de reprendre leurs activités en Iran.[2] En contrepartie, l’Iran a proposé, selon l’article, de coopérer avec les États-Unis en vue de trouver une solution aux crises au Yémen et en Syrie et de se concerter avec eux sur les questions de l’Irak et de l’Afghanistan. Le message aurait été transmis par le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, début juin 2018, au médiateur omanais, qui l’a remis aux États-Unis lors de sa dernière visite à Washington. L’article observait également que, de leur côté, les Américains avaient proposé une rencontre préliminaire entre le ministre iranien des Affaires étrangères et le Secrétaire d’Etat américain à Singapour, en marge du sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) fin juillet 2018, ainsi qu’une rencontre entre les présidents des deux pays en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, sans faire référence à la liste des conditions iraniennes. Il mentionnait également des désaccords entre les membres du Conseil suprême de Sécurité nationale d’Iran au sujet de la proposition de Trump de négociations directes.
Le Guide suprême iranien Ali Khamenei n’a pas explicitement interdit une rencontre avec des représentants américains. Dans un discours prononcé le 21 juillet 2018, il a seulement fait observer que de tels pourparlers avec les Etats-Unis étaient “inutiles”. En outre, ses déclarations laissaient entendre qu’il autorisait le président Rohani et le ministre des Affaires étrangères Zarif à mener des pourparlers avec l’administration américaine, dans le but de lever les sanctions sévères qui menacent le régime iranien.
Dans de telles circonstances, lorsqu’il est apparu qu’une décision politique de mener des négociations avec les Etats-Unis était une option, les officiels du CGRI ont immédiatement proféré des déclarations contre le président américain et contre l’option de pourparlers ouverts avec les Etats-Unis et leurs partisans. Ceci, car en ce qui concerne les membres du camp idéologique-révolutionnaire, rencontrer ouvertement Trump constituerait un triomphe américain sur l’Iran, voire même la fin de la Révolution islamique, dont l’une des valeurs principales est son hostilité au “Grand Satan”, les Etats-Unis. De fait, en ce qui concerne l’Iran révolutionnaire, des pourparlers peuvent avoir lieu, mais seulement dans les conditions les plus limitées : ils ne peuvent être que de faible niveau et secrets, afin de trouver des solutions ad hoc à des questions spécifiques (telle que la question nucléaire, ou des accords limités dans le temps, comme ceux conclus à l’époque de la guerre Iran-Irak de 1980-88, qui autorisaient des avions américains à franchir la frontière en pénétrant l’espace aérien iranien). S’ils atteignaient un niveau plus élevé, ils ne pourraient avoir lieu qu’une fois que les Etats-Unis auraient accepté d’avance les demandes de l’Iran révolutionnaire, comme cela était le cas lors des pourparlers nucléaires avec l’administration Obama. A cette époque, le ministre iranien des Affaires étrangères Zarif et le Secrétaire d’Etat John Kerry s’étaient rencontrés seulement une fois que le président Obama avait fourni une garantie écrite que les Etats-Unis reconnaissaient le droit de l’Iran d’enrichir de l’uranium. C’était cet engagement officiel, constituant une acceptation de la position iranienne par avance, qui a rendu possible un canal secret de négociations sur le dossier nucléaire iranien.[3]
Toutefois, même au plus fort des pourparlers, le Guide suprême Khamenei a refusé de laisser le président Rohani rencontrer ouvertement le président américain, ou signer un accord bilatéral, car cela aurait impliqué la reconnaissance d’un ordre mondial dirigé par les Etats-Unis. Pour l’Iran révolutionnaire, le PAGC – caractérisé par les officiels iraniens comme une « victoire » – signifie que l’Iran bénéficie d’un statut égal à celui des Etats-Unis, celui d’une superpuissance internationale, et que l’Iran a réussi à vaincre les Etats-Unis sans accepter l’ordre mondial et le protocole diplomatique qui exigent en général que les accords internationaux soient précédés de rencontres au plus haut niveau. En fait, même les gestes les plus simples comme la poignée de main entre le ministre iranien des Affaires étrangères Zarif et son homologue Kerry, et leur promenade publique sur les rives du lac de Genève, ont suscité de vives critiques du camp idéologique et un avertissement de la part de Khamenei.[4]
La réponse du commandant du CGRI, Ali Jaafari, à la proposition de Trump, le 31 juillet 2018, de rencontrer Rohani sans conditions préalables, reflète cette position idéologique. Jafari a déclaré : « M. Trump… le peuple iranien ne permettra pas à ses dirigeants de négocier avec le Grand Satan. Vous emporterez dans la tombe votre souhait de voir les dirigeants iraniens demander à vous rencontrer, ou demander au peuple l’autorisation de vous rencontrer. Vous ne verrez jamais ce jour. Vous resterez dans votre Palais noir avec votre souhait illusoire de rencontrer des officiels iraniens. Sachez que ce souhait vous accompagnera jusqu’au dernier jour de votre mandat, et que les présidents américains qui vous succéderont ne le verront pas se [réaliser]… » [5]
Il est flagrant que Jaafari a choisi d’ignorer l’autorisation indirecte donnée par Khamenei à un dialogue avec les Etats-Unis, en évoquant l’autorisation du peuple, et non celle du Guide suprême – lequel ne l’avait pas explicitement interdit. Sa mention de l’autorisation du peuple, plutôt que de celle du Guide suprême, doit être considérée comme un défi direct adressé à Khamenei, qui n’avait pas ouvertement et fermement interdit des pourparlers avec les Etats-Unis, et comme une tentative d’imposer la position du CGRI au Guide suprême, au nom du peuple iranien.
La proposition de rencontre de Trump a suscité une réaction similaire de la part de l’organe de presse du CGRI, Basirat. Selon un article du 25 juillet 2018 intitulé “Le prix de la capitulation devant l’Amérique”, dans les circonstances actuelles, et au vu de l’intensification des sanctions, les politiciens iraniens disposent de deux options : la capitulation face aux conditions posées par les Etats-Unis, ou la résistance. Et d’ajouter : “Certaines personnes [référence à des membres du gouvernement de Rohani et des réformistes qui appellent à des pourparlers avec les Etats-Unis] proposent de capituler, car ils pensent que le prix de la capitulation est moins élevé que celui de la résistance… [Mais] selon le Coran, le prix de la capitulation est élevé. On perd son identité, et on subit un changement dans l’idéologie et dans la foi. Dans les circonstances actuelles, l’Amérique cherche la moindre opportunité pour porter des coups au régime iranien… Il est clair que l’Amérique est opposée à l’identité de l’Iran [en tant qu’Etat révolutionnaire], et que son objectif est de dépouiller l’Iran de son identité. » [6]
Des officiels du CGRI lancent une campagne de menaces contre les Etats-Unis et contre Trump
Le 26 juillet 2018, le commandant de la Force Qods du CGRI, Qassem Soleimani, a déclaré dans un discours important : « Laissez-moi vous dire, M. Trump le parieur… Laissez-moi vous dire… Sachez que nous sommes tout près de vous, dans des lieux qui ne vous viendraient pas à l’idée. Nous sommes près de vous dans des endroits que vous ne pouvez même pas imaginer. Nous sommes une nation de martyre. Nous sommes la nation de l’imam Hussein. Renseignez-vous. Nous avons enduré de nombreuses souffrances. Venez, nous vous attendons. Nous sommes les vrais hommes de l’histoire, en ce qui vous concerne. Vous savez qu’une guerre signifie la perte de toutes vos capacités. Vous pouvez déclencher la guerre, mais c’est nous qui déciderons quand elle prendra fin. Par conséquent, vous ne devez pas offenser la nation iranienne. Vous ne devez pas offenser notre président. Vous devez comprendre la portée de vos propos. » [7]
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Le 24 juillet, le chef d’état-major iranien Mohammed Bagheri a déclaré à l’agence de presse Fars : « Les centres de contrôle américains sont à présent à portée des capacités de défense iraniennes [à savoir ses missiles]… Si Trump met à exécution ses menaces contre l’Iran, il mettra en danger tous ses intérêts et ceux de ses partisans, étant donné la présence des [forces] de la République islamique dans la région. » [8]
Le commandant du CGRI Jaafari a déclaré le 25 juillet, lors de l’inauguration de dix avions de combat Sukhoi : “Si le parieur Trump entend parler des capacités actuelles du CGRI, et notamment la détermination de jeunes experts révolutionnaires, dont nous avons vu un élément lors des vols effectués par le CGRI aujourd’hui, qui atteignent une portée de 2 000 km, Trump ne commettra jamais de telles erreurs, et il sait que [l’Iran] peut aisément répondre à une menace d’[embargo] sur le pétrole. »[9]
Le Secrétaire du Conseil de Discernement, Mohsen Rezai, a tweeté : « Trump a dit à Rohani de prendre garde. C’est vous [Trump], qui avez plus de 50 000 soldats à portée de tir de l’Iran et qui menacez stupidement l’Iran. C’est vous qui devez prendre garde. » [10]
Evaluation : en prévision des sanctions de novembre
La pression des sanctions de novembre forcera le régime iranien à prendre une décision stratégique : les négociations ou la confrontation
Comme on l’a vu plus haut, les manifestations du conflit vont probablement s’aggraver avant une seconde vague de sanctions prévue en novembre 2018, qui forceront l’Iran à prendre une décision stratégique : céder à la demande du président Trump de reprendre les négociations sur le PAGC et modifier son activité régionale et internationale, ou entrer dans un conflit violent qui, dans sa phase initiale du moins, ne sera pas dirigé directement contre les Etats-Unis, mais finira par l’être.
Au niveau national – répression violente des manifestations publiques
On estime que le régime lancera une opération massive de répression violente des manifestations populaires. Cela viendra en réaction à la multiplication prévue des émeutes anti-régime et des manifestations [à motivations] économiques et politiques, qui sont déjà répandues à travers l’Iran, ont lieu presque quotidiennement, et incluent des slogans tels que « Mort au dictateur [Khamenei] », « Du pain, du pain » et « L’ennemi n’est pas en Amérique, il est ici ». Les porte-parole du CGRI et des bassidjis ont déjà déclaré qu’ils étaient prêts à mener une telle opération.[11] Celle-ci impliquera probablement l’élimination des éléments pragmatiques et réformistes soutenant les négociations avec les Etats-Unis, sous prétexte de combattre la « corruption économique ».[12] Le régime pourrait également agir avec fermeté contre les citoyens ayant la double nationalité américaine et iranienne dans le pays. Certains d’entre eux ont déjà été arrêtés et emprisonnés.
Le CGRI devrait aussi saisir cette opportunité pour prendre le contrôle du gouvernement Rohani. Des allusions en ce sens ont déjà été entendues de la part d’officiels du CGRI, qui ont annoncé qu’ils étaient prêts à agir sur le plan économique. Le commandant du Bassidj, Gholam-Hossein Gheibparvar, a déclaré que « le peuple attend du gouvernement qu’il gère cette guerre avec toute sa puissance et le Bassidj est disposé à fournir toute assistance requise aux responsables [du gouvernement]. Avec une telle assistance, il sera possible de résoudre plus efficacement les problèmes de l’Etat. »[13]
Le 31 juillet, le commandant du CGRI Jaafari a exhorté Rohani à prendre des mesures pour cesser la chute du rial iranien, et à réguler son marché des changes, ajoutant de manière menaçante : « Tout le monde attend les décisions révolutionnaires de Rohani afin de surmonter la crise économique. » [14]
Au niveau régional – Augmenter l’aide aux organisations terroristes et milices chiites dans la région et les activer
Le régime iranien devrait accroître son aide aux organisations terroristes et milices chiites qu’il parraine : les houthistes au Yémen, les milices chiites en Irak, Syrie et Afghanistan, le Hezbollah, et les organisations terroristes palestiniennes, et tenter de les activer toutes sur différents fronts.
Les déclarations faites le 6 août du général Nasser Shaabani, haut-responsable du CGRI, sont significatives. Il est le premier officiel iranien à reconnaître que l’Iran a ordonné à la milice chiite pro-iranienne Ansar Allah (les houthistes) d’attaquer les pétroliers saoudiens, et que l’ordre a été suivi d’effet. Il est aussi remarquable que l’agence de presse Fars, qui a publié ces déclarations, a ultérieurement retiré cette phrase de sa dépêche (MEMRI détient une copie des déclarations avant la suppression). Il disait : « Nous avons dit aux Yéménites d’attaquer les deux pétroliers saoudiens, et ils ont attaqué. Le Hezbollah au Liban et Ansar Allah au Yémen sont notre profondeur terrestre. L’ennemi est si vulnérable que nous pouvons l’appréhender de l’autre côté de la frontière. Evidemment, nous ne tenons pas à une lutte contre l’Arabie saoudite de l’autre côté de la frontière. » [15]
Au niveau international – Efforts futiles poursuivis pour que l’Europe et d’autres pays aident l’Iran à résister aux sanctions américaines
Même s’il est apparemment clair pour l’Iran que ni les pays européens, ni les autres pays ne le protègeront des Etats-Unis, ou ne l’indemniseront de manière significative, l’Iran poursuivra ses efforts, même futiles, pour obtenir une telle aide, tant que l’Europe et d’autres pays continueront de reconnaître le PAGC. Ceci, afin de préserver le PAGC et le statut d’Etat nucléaire qu’il confère à l’Iran. Cette position s’est reflétée dans les déclarations du porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, Behrouz Kamalvandi, lorsqu’il a affirmé que l’Iran ne se retirerait pas du PAGC, car il a été approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies : « L’accord est valable, parce qu’il s’agit d’une résolution du Conseil de sécurité. » [16] Les déclarations de Kamalvandi attestent une nouvelle fois que le régime iranien n’abandonnera jamais, quelles que soient les circonstances, le PAGC, qui constitue pour lui un succès historique lui conférant le statut d’Etat nucléaire, comme expliqué dans de nombreux rapports de MEMRI.[17]
* A. Savyon est la Directrice du Projet des médias iraniens de MEMRI ; Yigal Carmon est le Président Fondateur de MEMRI.
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Des appels aux négociations avec les Etats-Unis très remarqués ont été lancés par le membre du Comité de la sécurité nationale du Majlis, Hashmatollah Falahat-Pisheh, qui a déclaré le 25 juillet 2018 que “les Américains ont toujours voulu négocier avec l’Iran, mais des pourparlers avec l’Amérique ne sont pas à l’ordre du jour iranien actuellement, car l’Iran a constaté que les Américains n’avaient pas rempli leurs obligations. [Mais] cela ne signifie pas que l’absence de pourparlers avec l’Iran se poursuivra éternellement. » Asr-e Iran (Iran), 25 juillet 2018. Le 31 juillet, il a déclaré : « Tant qu’il n’existera pas de ligne directe Etats-Unis – Iran, les intérêts de Téhéran et de Washington seront à la merci de manipulations de tiers, qui bénéficient de la crise croissante entre l’Iran et l’Amérique. Les pourparlers ne doivent pas devenir un sujet tabou dans les relations entre l’Iran et les Etats-Unis. » ISNA (Iran), 31 juillet 2018.
[2] Dans un tweet du 30 juillet 2018, Hamid Abu Talbi, conseiller de Rohani, a énuméré des conditions similaires pour négocier avec les Etats-Unis : le droit au respect de la nation iranienne, la diminution de l’hostilité et la reprise du PAGC.Twitter.com/DrAboutalebi, 30 juillet 2018.
[3] Voir rapports de MEMRI reports : Dépêche spéciale n° 6134, Iranian VP And Atomic Chief Salehi Reveals Details From Secret Iran-U.S. Nuclear Talks: Khamenei Made Direct Talks Conditional Upon Achieving Immediate Results; U.S. Conveyed Its Recognition Of Iran’s Enrichment Rights To Omani Sultan, Who Relayed The Message To Then-President Ahmadinejad, 16 août 2015 ; Inquiry & Analysis Series No. 1185, Iranian Officials Reveal That Secret Negotiations With U.S. Began In 2011 – Only After U.S. Complied With Tehran’s Precondition To Recognize In Advance Iran’s Nuclear Status, 16 septembre 2015.
[4] Voir par exemple MEMRI Special Dispatch No. 5601, Iranian President Rohani: ‘The Geneva Agreement… Means The Superpowers’ Surrender To The Great Iranian Nation,’ 14 janvier 2014 ; Dépêche spéciale n° 6150, Iranian Regime Celebrates Its Victory In The Nuclear Agreement, 4 septembre 2015.
[5] Tasnim (Iran), 31 juillet 2018.
[6] Basirat (Iran), 25 juillet 2018.
[7] Sepah News (Iran), 26 juillet 2018.
[8] Fars (Iran), 24 juillet 2018.
[9] Tasnim (Iran), 25 juillet 2018.
[10] Tasnim (Iran), 23 juillet 2018.
[11] Le représentant de Khamenei au sein du CGRI, Abdallah Haji Sadeqi, a informé les ayatollahs Makarem Shirazi, Nouri Hamdani et Safi Golpaygani que le CGRI et les bassidjis étaient prêts à toute éventualité (de manifestations populaires) et qu’ils voulaient aider le gouvernement à traiter le problème de la corruption en Iran. Yjc.ir, 6 août 2018.
[12] Le porte-parole du ministère de la Justice, Mohsen Ejei, a déclaré lors d’une réunion avec de hauts magistrats que le ministère se préparait à aborder la question de la corruption économique, conformément aux directives fixées par le Guide suprême Khamenei et le président Rohani, et qu’il investissait des ressources considérables à cette fin. Il a ajouté que 45 personnes étaient actuellement détenues dans le cadre de cette campagne. Fararu (Iran), 6 août 2018. Les instructions de Khamenei, émises au lendemain d’une réunion avec Rohani et ses proches sur la manière de traiter des cas graves de corruption économique en vue d’éliminer ce phénomène, ont été publiées sur son site Internet (Farsi.khamenei.ir) le 5 août 2018.
[13] ISNA (Iran), 1er août 2018.
[14] Tasnim (Iran), 21 juillet 2018.
[15] Voir MEMRI Special Dispatch No. 7612, Statements By Top IRGC Official Gen. Sha’bani Published By Fars News Agency: ‘We Told The Yemenis To Attack The Two Saudi Tankers, And They Attacked’, 7 août 2018.
[16] Mashreq (Iran), 6 août 2018.
[17] Voir rapports de MEMRI : L’Iran n’annulera pas le JCPOA : il lui confère le statut de puissance nucléaire et une garantie occidentale de la survie du régime, 18 avril 2017 ; Confronté à une nouvelle stratégie globale américaine, le régime iranien, impuissant, s’agrippe au PAGC et à l’Europe, son parapluie de défense contre les Etats-Unis, 30 mai 2018 ; Facing New U.S. Comprehensive Strategy Against It, Iranian Regime Officials Cling To JCPOA – Which Gives Iran Nuclear State Status Under UN Security Council Resolution, 29 mai 2018