Le 2 octobre 2018, An-Nur, média francophone de l’État islamique (EI), a publié un document de deux pages en français intitulé « C’est comme ça qu’ils étaient ! », signé par le membre du groupe Abu Umar Az-Zanji. [1] Le texte, qui s’adresse aux combattants francophones, évoque les premiers jours du groupe en Syrie, la période précédant la proclamation du califat en 2014, alors que l’EI combattait des factions rebelles et des groupes djihadistes rivaux pour s’implanter dans la région. L’auteur relate brièvement plusieurs anecdotes glorifiant les mérites des membres du mouvement face aux difficultés, comparant ces temps difficiles à la situation actuelle des combattants. Le ton et le sujet du document sont conformes à ceux de nombreuses publications récentes de l’EI, visant à renforcer le moral des combattants en les appelant à rester inébranlables face aux difficultés et aux revers militaires, afin de mettre en garde contre les défections et de les éviter. La lettre offre un aperçu rare du narratif des membres de l’EI, et notamment des combattants étrangers. Elle illustre également la relation qu’entretiennent les combattants avec d’autres factions rebelles en Syrie et la détermination du groupe à ne faire aucun compromis avec les autres organisations, y compris les autres factions djihadistes. Extraits du document en français :
En ces temps d’épreuves et de tentations, le bienheureux essayera de tenir son âme comme le cavalier tient son cheval, malgré le fait que l’exercice ressemble plus à du rodéo qu’à de l’équitation. Mes chers frères et sœurs, rappelez-vous que le jeu en vaut la chandelle, comme le dit le récit prophétique : « Les plus éprouvés des hommes sont les prophètes puis les [serviteurs] pieux et ainsi de suite », réjouis-toi donc ô toi qui habites les terres du Califat, après les épreuves du manque de bien et de la peur, voici celle de la faim qui ne précède que la bonne nouvelle de notre victoire proche. N’oublie donc pas que ce temps-là est celui de l’adoration et du rappel, non de la médisance et du découragement, qu’Allah avilisse ceux qui ne veulent que faire baisser le moral des croyants. Il fut un temps, les croyants du Cham et de l’Irak, lorsqu’ils voyaient arriver les nuages noirs des difficultés se réjouissaient de l’accomplissement de la promesse du Seigneur des mondes puis resserraient les rangs derrière l’émir, délaissant futilités et divisions pour rechercher paradis et récompenses. L’un de ses chapitres de l’histoire de l’État Islamique écrit par le sang des Mouhajiroun [combattants étrangers] mais aussi celui des Ansars [combattants locaux]. Oui mes frères, oui mes sœurs, des Irakiens, des Levantins, des gens de la péninsule arabique, des Tchétchènes sans oublier nos chers frères venus d’occident et bien d’autres encore, un seul et même sang qui forma une flaque en se mélangeant sur le champ de bataille, nourrissant et abreuvant l’arbre qu’était cet État, qui murit et donna son fruit qu’est le Califat. Je vous raconterais dans cette épitre comment étaient ces croyants qui, même s’ils n’ont pas gouté aux mêmes épreuves que vous, ont vu, durant la période dite de sahawat [terme péjoratif, qui dans ce cas fait référence aux rebelles sunnites] au Sham [Syrie]…
Une sœur, veuve depuis quelques jours, vivait au milieu d’une petite ville aux mains des sahawats et se préparait à être attaquée par ces traitres. Sur leurs gardes, elle et sa belle-sœur se relayaient durant la nuit pour surveiller la maison, lorsque vers 6 heures du matin, une trentaine d’apostats de l’armée libre les ont encerclées puis tentèrent d’entrer dans sa maison, mais cette monothéiste raffermie les accueillit par une balle logée dans le bras de l’un d’eux…
Ainsi que ce frère présent sur le front de Tal Afrat, qui lorsqu’il entendit que [Jabhat] Al-Nosra attaquait ses frères dans la province de Deir-Zor, souhaitait plus que tout leur venir en aide et tuer ces apostats, car comme il le disait : « ça saigne là-bas ». Puis, il fut blessé au ventre à Markada, perdit beaucoup de poids, et avant même la fin de son rétablissement il demanda à être muté en Irak pour participer aux batailles qui aboutirent à la prise de l’Anbar et de Mossoul, atteignant à un moment donné ce pourquoi il était venu, tel le cavalier qui s’il entend l’appel de la guerre, s’élance avec sa monture pour rechercher le martyr…
Aussi, ne prêtez pas attention aux défaitistes qui nous abandonnent, qu’Allah vous préserve d’être parmi eux, même s’ils étaient les plus valeureux combattants et les plus savants d’entre nous, car comme le disait notre Cheikh, qu’Allah l’accepte parmi les martyrs, Abou Mohamed Al Adnani : « Ceux qui délaissent le sentier [du jihad] en début, au milieu ou à sa fin sont semblables… »
Ceci est un extrait de document JTTM (Jihad and Terrorist Threat Monitor) réservé aux services abonnés. Pour plus d’informations, contacter contact@memri.fr.